LA PRESSE HUTOISE A SES DEBUTS : Différence entre versions
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On trouvera les adresses et les liens vers les deux ouvrages consultés en bas de cette page. | On trouvera les adresses et les liens vers les deux ouvrages consultés en bas de cette page. |
Version actuelle en date du 29 avril 2023 à 17:30
Sommaire
Préambule
Nous avons déjà consacré une page au "Courrier de Huy"-([[1]])- mais voici venu le moment de remettre cet organe dans son contexte, avec 135 de ses semblables patiemment recensés par Christine Luc-Joris en 1976. Tout en se basant sur une excellente Notice Historique et Bibliographique écrite en 1895 par Emile Wigny, que nous avons aussi eue sous les yeux, elle a patiemment, sur 220 pages détaillées, décrit les journaux et gazettes parus à Huy entre 1830 (année de la naissance de la Belgique) et 1914 (année de la disparition momentanée de la presse locale pour cause de...guerre!) tout en insistant sur 6 journaux en particulier parmi lesquels le "Courrier de Huy" cité ci-avant.
On trouvera les adresses et les liens vers les deux ouvrages consultés en bas de cette page.
Rappel du cadre politique général
Après 1830, le premier parti à s'organiser dans l'arrondissement de Huy fut l' "Union Libérale", créée en 1846 seulement.
En 1878, le parti catholique, après la brève existence d'une éphémère "Union du Pont-de-Bonne", arriva dans une "Association conservatrice et constitutionnelle", suivie, en 1890, par une "Jeune Garde Catholique" et , en 1895 par une "Union hutoise". L'année suivante ce fut le tour d'une "Fédération catholique de l'arrondissement de Huy" et en 1912 la "Fédération des jeunes gardes catholiques".
Quant au mouvement ouvrier, on assista, dès 1830, à l’introduction, dans la région hutoise, des idées de Buonarotti, bientôt suivies de celles des Saint-Simoniens puis de celles des Fouriéristes, mais cette propagande n’eut pas d’effet immédiat sur la masse dans la région. La première tentative d’association ouvrière date de 1869. Il s’agit de la section hutoise de l'Internationale, qui disparaîtra en 1871. Des mutuelles et des coopératives d’alimentation et, à partir de 1880, des cercles d’étude furent mis sur pied. Ce ne sera qu’en 1894 que la "Fédération hutoise du Parti ouvrier" verra le jour!
La politique éprouva vite le besoin de s'exprimer dans une presse accessible à tout le monde, les élections allaient se succéder et on devait faire sa propagande en touchant le peuple de manière facile, rapide et efficace pour qu'il puisse s'y retrouver et faire son choix en toute connaissance de cause et en toute confiance.
Il est peut-être utile de rappeler que la population hutoise a varié de 8871 personnes en 1846 à 15163 en 1898 et 14374 en 1910.
Les diverses publications
Comme il a été dit plus haut, on a donc relevé 135 publications périodiques paraissant à Huy entre 1830 et 1914. Et parmi elles, une cinquantaine ont affiché une couleur politique, alors que la moitié était constituée de feuilles électorales éditées le plus souvent en un seul numéro lors des élections législatives et sénatoriales, l'autre moitié se composant de journaux de 3 ou 4 pages mises au service des idéologies présentes. La plupart des journaux politiques ne paraissant qu'une ou deux fois par semaine, les polémiques et commentaires l'emportaient sur l'information et l'actualité. On remarquait que couleur politique et imprimeur allaient de pair.
Les autres publications recensées sont des périodiques de toutes sortes d'artisanats, comme l'apiculture, l'horticulture, l'agriculture, la colombophilie, le naturalisme, la meunerie, et aussi un bon nombre de bulletins paroissiaux ou diocésains et quelques hebdomadaires apolitiques humoristiques ou pratiques avec des annonces notariales, des horaires de trains, des ordres de bourse. Un "Cric-Crak Hutois" se veut le journal des calembours et des rigolades!
Mais il y aussi des revues sérieuses et scientifiques comme les fameuses "Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts", une "Petit Hutois" qui offre des pages de littérature, de théâtre, de nouvelles, de sciences avec quand même des réclames, des annonces, des affaires commerciales, des assurances.
A noter que, d'après les auteurs consultés, les recherches furent difficiles vu que presque tous les journaux ont été détruits à l'exception de 3 liasses de la "Gazette de Huy". Mais il nous faut quand même ajouter aujourd'hui une collection assez complète du "Courrier de Huy" conservée depuis 2021 aux Archives de l'Etat de Liège, rayon "Archives de Huy".
Six Journaux marquants
Nous allons maintenant décrire ci-après les 6 journaux les plus importants parus à Huy à cette époque, en résumant au mieux la petite centaine de pages de Christine Luc-Joris.
1. LE JOURNAL DE HUY
Ses objectifs:
Journal du parti libéral, à la fois réformateur et conservateur, créé à Liège le 16 juillet 1848 par Max GHILAIN, qui en sera propriétaire jusqu'en 1863.
En 1877, bouleversement radical et soudain au Journal de Huy, qui change son programme libéral en programme catholique conservateur!
Le nouveau Journal de Huy est devenu anti: militariste, tirage-au-sort, école-obligatoire, traité-de-commerce et anti...libéral mais aussi anti démocrates chrétiens! Il est surtout pour: augmenter et mieux répartir les subsides entre écoles officielles et écoles libres, créer des syndicats, des assurances-maladie/accidents de travail et rendre au plus vite le repos hebdomadaire obligatoire.
Extrait de https://bel-memorial.org/books/Livret_promenade_Huy_14-18.pdf: Léopold Foncoux (1847-1940) et ses fils. Léopold Foncoux était le directeur du Journal de Huy. Ses fils cadets, Armand et Eugène sont les 2 premiers volontaires de guerre à Huy. En 1914, les frères se consacrent à la diffusion de feuilles clandestines. Léopold ira jusqu’à briser ses machines plutôt que de les voir servir à l’ennemi. En novembre 1918, alors que les Allemands occupent toujours la ville, il fait paraître un nouveau numéro du Journal. Eugène meurt au champ d’honneur le 18 septembre 1918.
Son équipe:
Le journal et son fondateur Max GHILAIN deviennent hutois en octobre de la même année. Il est d'abord hebdomadaire en 1848, puis bi-hebdomadaire en 1849 et il paraîtra enfin 3 fois par semaine dès 1851.
Premiers rédacteurs: de 1848 à 1851 Joseph GHINIJONET, professeur de français et Nicolas BIHET, médecin. En 1851 J.BIJET seul. En 1854 Joseph DEMOULIN, un chansonnier, romancier français (alias Jean d'Avroy). En 1861- 1862 Désiré LOUMAYE, homme de lettres et horticulteur. En 1862-1864 Edouard PREUD'HOMME, conseiller communal.
En 1863, le journal change de mains: Jean-Baptiste DELSALLE, professeur au Collège de Huy (Athénée) en devient propriétaire, éditeur et imprimeur. Il prend Jules GIROUL (GUINOTTE), avocat liégeois comme rédacteur en 1864. En 1865, l'imprimeur est Mathieu LAMIS, qui devient propriétaire en 1869 jusqu'à son décès en 1876. Sa veuve, Charlotte LAMIS SPADIN reprend la propriété, l'édition et l'imprimerie.
Il est racheté en 1877 par Léopold FONCOUX-DISCRY, alias Jean-Pierre DU CONDROZ et Paul CREPIN de la Hesbaye. Sa rédaction est confiée à 3 membres du clergé et à 3 catholiques militants. Sa directrice reste malgré tout Charlotte LAMIS-SPADIN, qui décèdera en 1897.
En 1903, le fils de Léopold FONCOUX, Camille, devient propriétaire du journal et s'associe à l'imprimeur Joseph CHARPENTIER. Ils ajoutent à leurs rédaction en cours les deux frères du propriétaire, Armand et Marc ainsi que l'abbé SCHYRGENS, alias AMICUS En même temps, ils s'adjoignent des collaborateurs au nombre de 8, parmi lesquels un chanoine, un avocat, un abbé, un docteur en philosophie-et-lettres, un ingénieur agricole,... Ils sont également "soutenus" par d'autres enseignants, conseillers communaux, ecclésiastiques et le Baron Edouard de Potesta.
2. L'ORGANE DE HUY
Ses objectifs:
-L'ORGANE de HUY accepte à l'électorat les 3 niveaux de ceux qui, à l'âge de 21 ans, seraient capables de lire, la faculté d'écrire lui paraissant superflue.
-Face aux lois scolaires, il s'adapte aussi aux circonstances en adoptant la traditionnelle formule de l'enseignement "laïque, gratuit et obligatoire" surtout sans immixtion religieuse dans l'enseignement officiel (même dans le secondaire).
-Il se montrera un adversaire farouche du tirage-au-sort, prônant le service personnel généralisé, et le volontariat comme méthode incapable d'assurer le recrutement régulier de l'Armée.
-Partisan du libre-échange, il travaille à la suppression des octrois et au renouvellement des traités de commerce.
-Au point de vue social, il souhaite la réglementation du travail dans les usines , l'interdiction d'employer des enfants et la création de sociétés mutuelles.
Son équipe:
Le premier numéro de ce journal libéral doctrinaire sort le 23 septembre 1848 avec le but de défendre les intérêts de la Ville et de l'Arrondissement, publication d'actes administratifs, d'évènements politiques,... Créé par Hyacinthe GREGOIRE-BODART, substitut du procureur du roi. Il en est le rédacteur et se fait assister par Léon et Charles de THIER, futurs fondateurs de "LA MEUSE" en 1855 ainsi que par le Liégeois Ulysse CAPITAINE et Jean-François LOUMYER, directeur au ministère des Affaires Etrangères. Le propriétaire et imprimeur du journal est Nicolas-Henri DELHAISE, musicien, fondateur de la Société Royale d'Harmonie.
A sa mort, en 1865, ce sont ses filles Lambertine, Virginie et Félicité , qui deviennent les propriétaires. Leur frère Charles sera le principal rédacteur après GREGOIRE, et, ce, jusqu'en 1876.
Mais entretemps, en 1875, l'ORGANE de HUY est affermé pour 5 ans par le principal industriel hutois, Charles DELLOYE-MATHIEU, bourgmestre libéral, qui choisit comme rédacteur Camille KLEYER, de Liège.
En janvier 1881, les demoiselles DELHAISE rentrent en possession du journal et elles en seront les directrices et les rédactrices jusqu'au 22 mai 1886, où elles abandonnent la rédaction pour ne conserver que la propriété et l'impression. Le nouvel éditeur sera alors Louis LAMBOTTE, typographe de métier, militant du Parti Ouvrier Hutois.
L'ORGANE de HUY disparaît définitivement le 31 décembre 1886.
3. LE COURRIER DE HUY
Les Archives de l'État à Liège en conservent depuis 2021, la collection la plus complète, que Lucas, étudiant jobiste cet été, classe, conditionne et range dans des chemises et boites non acides. (extrait de la page [[2]).
Sa naissance et ses buts:
Le 3 octobre 1858, paraît une brochure annonçant la naissance de cet hebdomadaire, quotidien belge et chrétien, constitutionnel et monarchiste. Il reconnaîtra la liberté de l'Eglise et l'indépendance de l'Etat, deux pouvoirs qui devront être toujours séparés et, en même temps, " s'accorder mutuellement, en confiance, au sujet des questions limitrophes". Il défendra les intérêts moraux et matériels de l'arrondissement, traitera des questions d'ordres scientifique, littéraire, des Beaux-Arts et de l'économie. Il s'assurera la collaboration des partisans de l'ordre, les libéraux, comme défenseurs de la liberté pour tous, sans distinction d'opinions religieuses ou philosophiques.
Ses objectifs:
-réfute les théories scientifiques modernes qui remettent en cause la religion
-défend les intérêts des campagnes, Hesbaye et Condroz
-soutient le candidat libéral à défaut d'un candidat de son opinion
-sera candidat au suffrage universel, optant pour la "représentation proportionnelle ajoutée au vote plural"
-s'oppose à tout révision constitutionnelle
-voit dans l'enseignement neutre une "source d'empoisonnement public et un péril social"
-combat la loi maçonnique de 1879 et le projet de scolarité obligatoire de 1913.
-s'oppose dans un premier temps au tirage-au-sort et au service personnel. (Note: il finira pourtant par s'aligner sur la position du gouvernement de service personnel de 1913).
Son équipe:
Fondé en octobre 1858 par l'Esneutois Hubert MARECHAL, professeur de collège, comme propriétaire, directeur, rédacteur en chef, sous le pseudonyme de Pierre LOUQUARD. Il a l'appui du clergé et de nobles patrons (comtes, barons, chevaliers, industriels). Un des principaux rédacteurs sera Edouard de LIEDERKERKE. Comme imprimeur et éditeur, Adolphe DIEUDONNE, jusqu'en 1876, auquel succédera Adrien COLIN-HOUBEAU, enseignant à Saint-Quirin et à l'Agri.
En 1892, vu son âge avancé, Hubert MARECHAL n'est plus que rédacteur nominal. Le nouveau rédacteur, Oscar DELMEL, avocat, reprend le pseudonyme Pierre LOUQUARD et tente de donner au journal une direction plus acerbe. MARECHAL reprend vite les rênes. A son décès, en 1894, sa veuve s'occupe du journal et, lorsqu'elle disparaît 5 ans plus tard, ce sera une fille adoptive du couple, Louise CORBUSIER, qui deviendra éditrice- propriétaire. La rédaction passe alors à Eugène DIJON-BRIBOSIA, suivi par Antoine SCHOENMAEKERS, avocat militant catholique.
En 1907, une grève oblige la direction à s'adresser à un autre imprimeur: les ateliers DESCRY-WARNIER de la rue Sous-le-Château. En 1913, Louise CORBUSIER meurt et la direction ainsi que la propriété du Courrier de Huy, passent à Joseph CORBUSIER et à Antoine SCHOENMAEKER. Les nombreux collaborateurs seront Victor HENRY, Eugène MORESSEE, l'abbé BODSON, Angélique DEFONTAINE-COPPEE, le chanoine Louis GRANDMAISON ainsi que Jules CAMAUËR, avocat dinantais et Gustave TERWANGNE-DELLOYE, représentant catholique à la Chambre.
4. LA GAZETTE DE HUY
A. Première phase
Son premier numéro sort de presse le 6 juillet 1862, créé par Désiré LOUMAYE, écrivain et polémiste qui vient de quitter la rédaction du Journal de Huy en mai.
Ses objectifs:
Sous LOUMAYE, nette tendance progressiste, le journal fait la guerre au gouvernement doctrinaire et affiche un mépris marqué pour la "petite-gauche".
Il réclame l'instauration de la scolarité obligatoire et la révision de la loi de 1842 sur l'enseignement primaire.
Son équipe:
LOUMAYE est propriétaire et premier rédacteur politique du nouveau journal.
En 1863, la rédaction est assurée par Hyacinthe DAUTREBANDE François JANSSENS, Julien WARNANT, Gustave de LHONEUX, tous libéraux.
En 1864, la Gazette change complètement d'option politique en défendant les principes d'un libéralisme "sagement progressiste".
B. Seconde phase
Ses nouveaux objectifs:
La nouvelle Gazette de Huy défendra donc les principes d'un libéralisme "sagement progressiste", elle lutte sans merci contre le cléricalisme. D'abord méfiante vis-à-vis de la gauche socialiste, elle condescendra, après l'adoption de la loi électorale en 1893, à patronner la liste de coalition libérale-socialiste.
Elle sera l'ennemie du "suffrage universel des ignorants" vanté par les pointus de la démocratie en 1867, mais, vers 1890, elle commence à parler de révisions constitutionnelles et se fait le champion du...suffrage universel!
Elle propose de rendre obligatoire l'enseignement, réclame la multiplication des écoles moyennes et normales et veut un triple programme: école laïque gratuite et obligatoire .
Elle s'insurge contre les folies du militarisme, mais en 1881, elle reconnaît que la Belgique doit entretenir une armée. Et ,en 1894, craignant une guerre entre l'Allemagne et la France, elle réclame même un renfort de l'armée. Elle se prononce en faveur d'un service personnel général.
Sur le plan social, son objectif est de réduire l'intervention de l'état en faveur des plus pauvres: "il suffit d'instruire la classe ouvrière!" Elle est cependant pour l'interdiction du travail des femmes et des enfants dans les mines et les manufacture. Elle reconnaît la nécessité de déterminer le salaire minimum, le maximum d'heures de travail, la création de sociétés mutuelles, de crédit, d'épargne et d'assurance.
Sa nouvelle équipe:
Le propriétaire successeur est Jean DELSALLE en janvier 1865, puis Eugène GODIN jusqu'en 1866, la rédaction politique est alors entre les mains du Verviétois Prosper COLIN.
En 1866, le propriétaire est Louis DEGRÂCE, son imprimeur depuis les débuts., qui décède en 1887 et dont l'épouse reprend la charge d'imprimeur-propriétaire jusqu'à son décès en 1908. Les rédacteurs politiques sont alors Eugène VIERSET, Alfred JOURNEZ et Ernest LOUMAYE.
En 1868 un principal collaborateur , occasionnel toutefois, Arthur DEVILLE, avocat, juge suppléant, qui virera de bord en 1882 et se retrouvera dans le groupe catholique! Quatre autres collaborateurs sont Albert COLLARD, Jules PREUD'HOMME, Charles et Louis GODIN.
Dans les années 1880, après Prosper COLIN, la direction politique est assurée par de jeunes avocats: François GREGOIRE, Armand et Jules GIROUL.
En 1893, Léon LEBRUN est aussi directeur politique, mais, en 1908, il devient éditeur-propriétaire à la mort de sa tante Mme Veuve DEGRACE-DELMELLE.
Il y aura plusieurs correspondants bruxellois officieux, sous le pseudonyme, "Noël" comme M.SULZBERGER père, C. Leclère, L. Leclère ainsi que le Hutois Emile SINKEL. Et également des correspondants particuliers tels que Emile BONNIVERT, de Vierset-Barse, Edouard GEELHAND, d'Esneux, Paul CARRE, avocat hutois et futur bourgmestre, Jacques GREGOIRE, alias "MEMOR" et l'enseignant Ernest JOPKEN, historien; on comptera aussi 5 autres collaborateurs occasionnels.
La chronique historique aura comme titulaire le célèbre René DUBOIS, secrétaire communal
La chronique artistique: Joseph LECRENIER, bâtonnier
La chronique locale: Jean GOUGNARD, employé à 'Hôtel-de-Ville, Hyacinthe PIERRE et Charles LAURENT
La chronique agricole: Gustave GILLEKENS, directeur d'école, Félix RIGAUX, ingénieur agronomique, Jean BLOUX, ingénieur agricole et Gaston COLETTE, professeur d'horticulture.
Remarque: EN 1972 la GAZETTE DE HUY DISPARAÎTRA, SI CE N'EST UNE INSERTION HEBDOMADAIRE DANS LA " DERNIERE HEURE" !
5. LA TRIBUNE DE HUY
Suite au retour des libéraux au pouvoir, doctrinaires et radicaux se séparent, et on assiste à la naissance, le 7 janvier 1883, de ce nouveau journal qui succède à la feuille électorale "Le Réveil", pour défendre les principes d'une libéralisation franchement progressiste. La guerre scolaire vient de faire son apparition, et la lutte ne se cantonne pas au seul domaine de l'enseignement, mais bien à tout le terrain politique. Et, en plus, un combat sans merci est déclaré au cléricalisme. La "Tribune" est républicaine, anticléricale, wallonne et progressiste par conviction.
Ses objectifs:
A partir de 1890, ce n'est plus le suffrage éclairé qu'elle réclame, mais le suffrage universel pur et simple, la représentation proportionnelle et le vote obligatoire.
Sur le plan scolaire, elle condamne sans appel le loi de 1884 qu'elle considère comme "le prélude à l'anéantissement de l'enseignement officiel". Elle ne veut plus du cours de religion, soi-disant facultatif, mais obligatoire en réalité. Elle prône aussi la gratuité des cours.
Par principe antimilitariste, elle critique le tirage-au-sort, le remplacement, le volontariat et l'existence d'une armée permanente. Il faut comprimer les dépenses militaires,
Pour le social, elle se fait adversaire du protectionnisme, voulant que l'on limite: la production aux besoins, le recours à l'importation et l'appel à la main d'oeuvre étrangère. Elle demande le salaire minimum, le nombre d'heures de travail maximum, la pension ouvrière aux frais de l'état, l'impôt sur les revenus et sur les successions, l'interdiction pour les femmes du travail dans les mines, une assurance-accidents de travail, la multiplication des mutualités et des coopératives.
Son équipe:
Ses fondateurs sont d'une part Pierre ROMBOUX, avocat, ex-collaborateur du "Réveil", qui deviendra aussi rédacteur-en-chef et d'autre part Hyacinthe GATHY, administrateur de la Banque Populaire, qui sera rédacteur.
D'autres rédacteurs: le docteur Paul FARCY, de Vinalmont, l'avocat Albert FABRY, de Charleroi, alias "BERTHAL", rédacteur-en-chef depuis 1894, Constant THIRIFAYS, qui occupe aussi le poste de directeur, Eugène MOTTART, avocat, libre-penseur, qui signe "E.M.", et Winand GORRISSEN, professeur, alias "KIF-KIF", très actif de 1896 à 1900.
Collaborateurs: Jules DUCHÂTEAU, étudiant en médecine, alia "SEM" et "JAPHET", Constant BISQUERET, greffier-adjoint, Albin GUYOT, pharmacien, de Marchin.
Chroniques bruxelloises: par l'avocat bruxellois Amand CAMAUËR, alias "HANS", successeur, comme rédacteur-en-chef, à ROMBOUX qui s'est suicidé à la suite d'embarras d'argent en 1889, et également une chronique journalière de Henri VAN HAVERMAET.
Le journal accueillera occasionnellement dans ses colonnes, à cause de l'absence d'un organe socialiste, Georges HUBIN, promoteur du Parti Ouvrier Hutois!
Par manque de collaborateurs, la Tribune de Huy cessera de paraître à la fin de l'année 1900.
6. LE TRAVAILLEUR
Il s'agit, à l'origine, d'un bulletin électoral ayant pour but de présenter les candidats de la Fédération hutoise du parti ouvrier créée en 1894 en vue des élections législatives et provinciales d'octobre. Cinq numéros seront édités entre le 23 septembre et le 28 octobre.
Le Parti ouvrier Belge s'est constitué en 1885 comme "parti interventionniste, démocrate mais non communiste".
Comme un candidat socialiste a vu la victoire à Huy aux élections provinciales, la Fédération décide de continuer la publication du "Travailleur" en organe hebdomadaire.
Ses objectifs
-anticlérical, anti Eglise catholique qui "escroque, domine et combat le peuple". Anti monarchiste.
-il veut le suffrage universel à 21 ans avec représentation proportionnelle et est partisan acharné de la grève générale. Il est aussi contre l'inclusion des femmes dans le corps électoral "car le moment n'en est pas encore venu".
-il prône, tout comme les libéraux, un enseignement laïque, gratuit et obligatoire. Interdiction du travail des enfants en usines, dans les champs; création d'une cantine et d'un vêtement scolaires gratuits. Punir, par exemple par le retrait du droit de vote, les parents qui "omettraient" d'envoyer leurs enfants à l'école. Enseignement neutre, dégagé de toute idéologie philosophique ou religieuse.
-Collectivisme agraire pour les campagnes , mais surtout s'intéresser au sort des ouvriers dans les villes. Créer des syndicats professionnels, des coopératives de production et de consommation, des sociétés d'assurance-vie et de mutuelles. Il réclame que soit fixé un maximum d'heures de travail, un repos hebdomadaire, un salaire minimum légal. Il insiste sur la lutte contre l'alcoolisme et demande la mise en place d'une pension de vieillesse et de logements pour les ouvriers ainsi que des consultations pour les nourrissons.
- il demande une nation armée, avec la suppression de toutes les armées permanentes, car il est antimilitariste (du moins jusqu'à l'immédiate avant-guerre). Il désavoue la loi de 1909 qui institue les service obligatoire pour un fils par famille et aussi la loi de 1913 qui réalise les service personnel général.
- Il est en guerre contre le capitalisme: les travailleurs doivent devenir les propriétaires collectifs des instruments de production, leur propre patron!
Son équipe
-rédacteurs:
Hubert DEBARSY, d'abord militaire de carrière, quitte l'armée et se porte candidat aux élections législatives de 1894; il devient ensuite conseiller communal puis député permanent. Son secteur de prédilection: l'agriculture.
Georges HUBIN, tailleur de pierre de Vierset, où il fonde un syndicat des carriers, puis actif dans toute la région, il crée d'autres syndicats, des coopératives d'alimentation, des sociétés de libre-pensée, une coopérative d'exploitation d'ouvriers-carriers à Modave, dont il devient directeur.
Fernand LEBRUN, avocat hutois, ancien typographe à la "Tribune", député et conseiller provincial, pseudonyme: "NEMO".
Alfred LION, de Marchin, ouvrier en métallurgie puis en papeterie, président d'une ligue ouvrière à Marchin, commerçant puis conseiller provincial, directeur de rédaction au journal.
Olivier DONY, pseudonyme "SINCERE", marchand-tailleur, crée un syndicat de tailleurs, conseiller communal à Huy, administrateur de l'imprimerie coopérative qu'il a aidé à mettre sur pied.
-collaborateurs:
En 1903, Joseph THONET, secrétaire de la Fédération hutoise du Parti Ouvrier et correspondant du "Peuple". Il sera secondé quelques années plus tard par Antony VIENE, typographe de l 'imprimerie coopérative qui deviendra aussi second rédacteur du "Travailleur" et directeur commercial du "Peuple".
Nicolas SAUVEUR, Denis DORJOO, Joseph WAUTERS, de la Chambre des Représentants et directeur du "Peuple" en 1910, Lucien HENAULT, Zénobe GILON, Jean FARCY, Michel THONAR. Et plusieurs collaborateurs des communes des environs, comme Amay...
-imprimeurs:
D'abord Henri PHILIPPART, puis l'imprimerie coopérative, dont l'administrateur-gérant est Louis LAMBOTTE, typographe, conseiller provincial en 1900. C'est lui qui fondera le syndicat des typographes.
Le TRAVAILLEUR sera le dernier journal d'opinion à paraître en région hutoise à la veille de la première guerre mondiale.
Ouvrages consultés
Emile Wigny: Notice historique et bibliographique sur les journaux et écrits périodiques hutois in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, volume IX pages 267 à 311.https://books.google.be/books?hl=fr&id=C2XNAAAAMAAJ&q=Journaux#v=snippet&q=Journaux&f=false
Christine Luc-Joris: La Presse de Huy de 1830 à 1914 in http://commissionroyalehistoire.be/pdf/CIHC_ICHG/82_LUC-JORIS_PRESSE_HUY_1830_1914.pdf