LA DEMOLITION DES FORTS DE HUY : Différence entre versions
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Version du 30 avril 2023 à 21:15
Sommaire
RAPPEL HISTORIQUE
Nous sommes au début du XVIIIe siècle. La Ville de HUY subit une garnison hollandaise commandée par le brigadier Isaac de CRONSTROM, seigneur de Heergerwal et de Bieurfors. Ce fut le dernier gouverneur des" ville, château et forts de Huy".
SON GOUVERNEUR
Il arriva à Huy le 1er mars 1705 et vint s'installer rue des Chevaliers (devenue rue du Tribunal, puis rue Vankeerberghen) dans une demeure appartenant à Mme Fraiture, mais devenue Maison du Gouvernement, car occupée par plusieurs de ses prédécesseurs. Le nouveau venu fut vite qualifié de "soudard, astucieux, violent et rapace, d'une autorité arbitraire et despotique". Dès son installation, il commença à exiger de la Commune, pour lui-même et pour ses officiers, le logement, un mobilier complet et une indemnité mensuelle. Il reçut, en cadeau de bienvenue, deux tonneaux de très bon vin (du bourgogne et du champagne), mais jamais la Ville n'en eut le moindre remerciement de sa part. Son compte personnel s'éleva, entre 1705 et 1714, à la somme énorme de 67000 florins!
Après la paix d'Utrecht, le Conseil communal essaya de mettre un terme à l'indemnité mensuelle de 6000 florins qu'il lui versait. Un échange de lettres entre les intéressés et le prince-évêque, où le Conseil rappelait les méfaits commis par le gouverneur et sa troupe -(par exemple le fait d'avoir loger 600 soldats et leurs familles dans la Collégiale, avec le désordre et les dégâts qui s'en suivirent)- et où de Constrom signalait que les responsables de la Ville étaient des menteurs et des affameurs qui lui refusent du poisson de la rivière et le foin nécessaire à ses chevaux. Le prince défendit à la Ville de payer quoi-que-ce-soit au gouverneur. Ce dernier ne tarda pas à se venger et à essayer d'arracher par ruse ce qu'on lui refusait. Il attira chez lui 5 membres du corps de la ville et les retint prisonniers, sans les nourrir tant qu'ils ne signeraient pas l'accord qu'il avait préparé. Le maître du Grand Hôpital, le bourgmestre WARET, dut intervenir pour qu'on leur apporte quand même à boire et à manger. Le bourgmestre WARET finit par accepter de payer la somme 6000 florins au gouverneur plus 1500 pour des officiers hollandais. De Constrom s'en déclara satisfait ...jusqu'à la fin du mois! Nous étions le 21 novembre 1715. L'année suivante, une convention fut signée le 1er décembre, qui réduisait à 35 écus la pension mensuelle à payer par la Ville.
Quelques mois après, de Constrom quitta Huy définitivement, laissant un souvenir exécré, après ses 10 ans de "dictatoriat".
L'ETAT MISERABLE DE LA VILLE DE HUY
Après avoir été pillée et brûlée en 1689 par LOUIS XIV pour avoir tué quelques soldats français en défendant ses remparts, après avoir vu son PONTIA détruit en 1678 par les Français et aussi un peu plus tard sur ordre du conseil de guerre, les Hutois avaient dû débourser des fortunes pour les réparations. Ils avaient été forcés d'accueillir, de loger, de nourrir une garnison de 3000 Hollandais pendant 13 jours en 1678. Les deux guerres avaient duré 40 ans, Huy avait subi 7 sièges, dont 2 en 6 semaines! Beaucoup d'habitants étaient réduits à la mendicité, les bourgeois payaient des charges exubérantes, les commerçants fuyaient vers les villages voisins. Le Magistrat s'était endetté en achetant à gros prix du grain pour la population lors de la famine de 1709. Le 6 avril 1712, les ETATS avaient accordé à la Ville une minime somme de 4000 écus, bien peu de chose eu égard à la perte énorme de 9.218.090 florins essuyée depuis 1671, début des guerres.
LA DEMOLITION DU CHÂTEAU ET DES FORTS
Rappelons qu'il s'agit donc du TCHESTIA, du fort du SART (mont Gabelle), du fort JOSEPH (mont Corroy), du fort ROUGE (au-dessus de la Fosse Rouge, chaussée de Namur), et du fort PICARD (mont PIicard). Il y avait aussi un autre ouvrage de défense , datant de 1347: la tour TARDAVISEE (entre le fort Rouge et le Château). Mais elle avait déjà été en partie détruite par les Hollandais en 1595. Comme ouvrages de défense, il y avait, autour de Huy, une MURAILLE épaisse flanquée de 50 TOURS. Pas moins de 16 portes donnaient accès à la Cité: rive gauche, celles de NAMUR, de l'APPELEE (sic), des MAILLETS, de SPONTIN, de ST-LEONARD, de STE-CATHERINE, des GROGNARDS, de CONSTANTINOPLE (ou TRAMOULETTE), de RIOUL, de ST-DENIS, des CROISIERS; rive droite: de la COURONNE, de ST-GERMAIN, de RESTEAU, des AVEUGLES et de STATTE.
Ce fut le TRAITE DE LA BARRIERE qui ordonna la démolition des forts et du château - (Le traité de la Barrière1 est un traité signé entre l'Empereur, le roi de Grande-Bretagne et les états généraux des Provinces-Unies, le 15 novembre 1715 à Anvers)- . Elle eut lieu de 1717 à 1718 sous la surveillance de 2 inspecteurs des Etats et coûta environ 79.000 florins (dont 50.000 rien que pour le TCHESTIA). Cet argent et tous les matériaux furent remis aux divers entrepreneurs. Le cahier des charges de ces firmes forme une brochure in-4° imprimée à Liège, chez Milst en 1717.
Note: il figure en entier dans l'article de René DUBOIS, source de notre résumé. Il comporte 10 clauses de conditions générales et 54 clauses de conditions particulières où sont décrits les souterrains, les bastions, les coffres, les parapets, les batteries, les casemates, les galeries, les magasins, les caves, etc.. et précise aux entrepreneurs où et comment ils devront se débarrasser des pierres, des terres et de tous les débris en général.
SOURCE PRINCIPALE
René DUBOIS Le dernier gouverneur de HUY et, en appendice, la démolition des forts in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, tome 8/1887