LE CHATEAU DE HUY EN 1595 : Différence entre versions
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==LE CHATEAU EST ABANDONNE PAR LE PRINCE-EVEQUE== | ==LE CHATEAU EST ABANDONNE PAR LE PRINCE-EVEQUE== | ||
− | Un traité de neutralité signé | + | Un traité de neutralité signé au XVIe siècle entre le prince-évêque de Liège et les Pays-Bas donna la faculté aux Hollandais de séjourner dans différentes villes du Pays de Liège. Le gouverneur de BREDA, Charles HERAUGIERE ( ou HERANGUIERE), apprit que le château de HUY était en état de défense vraiment minime, sous la garde de son capitaine Thiry de Graesbeek d'Hemptinne et seulement 5 ou 6 vétérans, infirmes, mal armés et sous-payés. Comme la possession de cette forteresse pouvait offrir aux Hollandais un moyen facile de communiquer avec la France par le Luxembourg, et, vu le refus de collaboration du prince Maurice de NASSAU, HERAUGIERE décida de s'en rendre maître lui-même. |
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+ | [[Fichier:Lucas van Valkenborch - View of Huy from Ahin - 1595 .jpg|vignette|centre|Vue de Huy, à gauche, depuis Ben-Ahin, par Lucas van Valkenborch-1595]] | ||
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==LE STRATAGEME== | ==LE STRATAGEME== | ||
− | Avec l'aide d'un de ses soldats, GIELLE Wits, dit de MOLLE, acoquiné à un Hutois du nom d'HENRIC, dit GREVESSE, tenancier de "l'Ecrevisse", tous deux très au courant de la situation du château convoité, il se mit en route un beau jour | + | Avec l'aide d'un de ses soldats, GIELLE Wits, dit de MOLLE, acoquiné à un Hutois du nom d'HENRIC, dit GREVESSE, tenancier de "l'Ecrevisse", tous deux très au courant de la situation du château convoité, il se mit en route un beau jour vers HUY avec 4 soldats pour venir se rendre compte sur place très discrètement. Ils logèrent pour ce faire à l'hostellerie du "Sauvage Homme", puis reprirent le chemin de Breda. |
− | Quelques semaines plus tard, HENRIC fut chargé d'aller prendre les mesures de la Tour de la Marche, qu'ils avaient repérée comme étant l'accès le plus facile au château. Trois mois plus tard, Ils se remirent tous en route vers la cité mosane et s'installèrent, cette fois, pour éviter d'être repérés, à la "Rouge Porte". Ils durent constater que la tour en question était quand même bien surveillée et qu'il serait impossible d'y installer une échelle de perches, qui nécessitait d'être manipulée par beaucoup d'hommes. On revint donc à BREDA. Quelque temps après, HENRIC vint en Hollande signaler au Gouverneur qu'il avait | + | Quelques semaines plus tard, HENRIC fut chargé d'aller prendre les mesures de la Tour de la Marche, qu'ils avaient repérée comme étant l'accès le plus facile au château. Trois mois plus tard, Ils se remirent tous en route vers la cité mosane et s'installèrent, cette fois, pour éviter d'être repérés, à la "Rouge Porte". Ils durent constater que la tour en question était quand même bien surveillée et qu'il serait impossible d'y installer une échelle de perches, qui nécessitait d'être manipulée par beaucoup d'hommes. On revint donc à BREDA. Quelque temps après, HENRIC vint en Hollande signaler au Gouverneur qu'il avait trouvé un autre moyen de mener à bien l'entreprise via une fenêtre qui "regardait" les encloîtres de Notre-Dame et qu'il y avait au même endroit et, à l'opposé, une maison de chanoine à louer. |
− | La maison fut louée, HENRIC y prépara tout le matériel nécessaire, dont 2 échelles de bois, et prit le temps, en allant livrer des draps au château, à se lier d'amitié avec le châtelain et à venir repérer la configuration des fenêtres ''non barrées et non treillissées'' qui donnaient vers la maison louée. Il en profita aussi pour vérifier au "cordeau plombé au bout" la hauteur exacte de l'obstacle à franchir. HENRIC retourna à BREDA, où il fit fabriquer une échelle de 40 pieds de long, à 3 montants à échelons de bois. Il la mit dans un tonneau et la ramena en toute discrétion à la maison de HUY. | + | La maison fut louée, HENRIC y prépara tout le matériel nécessaire, dont 2 échelles de bois, et prit le temps, en allant livrer des draps au château, à se lier d'amitié avec le châtelain et à venir repérer la configuration des fenêtres ''non barrées et non treillissées'' qui donnaient vers la maison louée. Il en profita aussi pour vérifier au "cordeau plombé au bout" la hauteur exacte de l'obstacle à franchir. HENRIC retourna à BREDA, où il fit fabriquer une échelle de 40 pieds de long, à 3 montants, à échelons de bois. Il la mit dans un tonneau et la ramena en toute discrétion à la maison de HUY. |
− | + | HERAUGIERE envoya alors de MOLLE à HUY avec 30 soldats qui logèrent à l'hostellerie de "l'Empereur" à l'opposé de l'église St-Pierre, au "Blanc Cheval", au "Mouton d'Or" et au "Pot d'Estain'. Et '''le dimanche 5 février 1595''' à minuit, HENRIC fit venir la troupe dans la maison louée. L'entreprise put commencer et ce furent de MOLLE et HENRIC qui allèrent fixer les échelles aux fenêtres. Après avoir neutralisé les deux seuls gardiens présents, HENRIC et les soldats se tapirent jusqu'au jour dans une chambre près le chapelle Sts-Cosme-et-Damien en attendant la venue du Capitaine, de sa femme et de sa fille qui allaient venir écouter le Messe dominicale. Ils se saisirent d'eux, ainsi que de deux servantes, du prêtre, et les dépouillèrent de leurs bijoux. Ils mirent également tout le château à sac et amassèrent tout un butin de ce qui avait été depuis des années mis à l'abri des guerres. | |
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+ | La Ville essaya bien de rassembler une armée de citoyens pour aller reprendre son château, mais HARAUGIERE, qui avait été averti de l'entreprise, était déjà aux portes de la ville avec 1800 hommes. Ils pillèrent d'abord le Val-Notre-Dame, où ils séjournaient, puis arrivèrent à HUY pour rencontrer les bourgmestres envers lesquels ils se montrèrent si menaçants que les clefs de la ville leur furent remises sans combat. | ||
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+ | ==RAPPEL HISTORIQUE== | ||
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+ | Le prince-évêque, tenant à sa neutralité, fit alors appel au Gouverneur des Pays-Bas espagnols, de Fuentes, qui envoya immédiatement le Seigneur de la MOTTE, Valentin de PARDIEU avec 6000 hommes pour assiéger HUY et en déloger les Hollandais, ainsi que quelques Ecossais et Huguenots qui occupaient le château. Un seul coup de canon créa une brèche dans l'enceinte et HERAUGIERE dut capituler '''le 20 mars 1595.''' | ||
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+ | Le roi d'Espagne, PHILIPPE II, exigea alors que la Ville soit rendue au prince-évêque. | ||
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+ | ==SOURCE== | ||
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+ | Laurent MELART "''Histoire de la Ville et du Château de Huy et de ses Antiquités avec une chronologie de ses Comtes et Evêques"'' -Livre VIII-1641- pages 473 à 493. | ||
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Sommaire
LE CHATEAU EST ABANDONNE PAR LE PRINCE-EVEQUE
Un traité de neutralité signé au XVIe siècle entre le prince-évêque de Liège et les Pays-Bas donna la faculté aux Hollandais de séjourner dans différentes villes du Pays de Liège. Le gouverneur de BREDA, Charles HERAUGIERE ( ou HERANGUIERE), apprit que le château de HUY était en état de défense vraiment minime, sous la garde de son capitaine Thiry de Graesbeek d'Hemptinne et seulement 5 ou 6 vétérans, infirmes, mal armés et sous-payés. Comme la possession de cette forteresse pouvait offrir aux Hollandais un moyen facile de communiquer avec la France par le Luxembourg, et, vu le refus de collaboration du prince Maurice de NASSAU, HERAUGIERE décida de s'en rendre maître lui-même.
LE STRATAGEME
Avec l'aide d'un de ses soldats, GIELLE Wits, dit de MOLLE, acoquiné à un Hutois du nom d'HENRIC, dit GREVESSE, tenancier de "l'Ecrevisse", tous deux très au courant de la situation du château convoité, il se mit en route un beau jour vers HUY avec 4 soldats pour venir se rendre compte sur place très discrètement. Ils logèrent pour ce faire à l'hostellerie du "Sauvage Homme", puis reprirent le chemin de Breda.
Quelques semaines plus tard, HENRIC fut chargé d'aller prendre les mesures de la Tour de la Marche, qu'ils avaient repérée comme étant l'accès le plus facile au château. Trois mois plus tard, Ils se remirent tous en route vers la cité mosane et s'installèrent, cette fois, pour éviter d'être repérés, à la "Rouge Porte". Ils durent constater que la tour en question était quand même bien surveillée et qu'il serait impossible d'y installer une échelle de perches, qui nécessitait d'être manipulée par beaucoup d'hommes. On revint donc à BREDA. Quelque temps après, HENRIC vint en Hollande signaler au Gouverneur qu'il avait trouvé un autre moyen de mener à bien l'entreprise via une fenêtre qui "regardait" les encloîtres de Notre-Dame et qu'il y avait au même endroit et, à l'opposé, une maison de chanoine à louer.
La maison fut louée, HENRIC y prépara tout le matériel nécessaire, dont 2 échelles de bois, et prit le temps, en allant livrer des draps au château, à se lier d'amitié avec le châtelain et à venir repérer la configuration des fenêtres non barrées et non treillissées qui donnaient vers la maison louée. Il en profita aussi pour vérifier au "cordeau plombé au bout" la hauteur exacte de l'obstacle à franchir. HENRIC retourna à BREDA, où il fit fabriquer une échelle de 40 pieds de long, à 3 montants, à échelons de bois. Il la mit dans un tonneau et la ramena en toute discrétion à la maison de HUY.
HERAUGIERE envoya alors de MOLLE à HUY avec 30 soldats qui logèrent à l'hostellerie de "l'Empereur" à l'opposé de l'église St-Pierre, au "Blanc Cheval", au "Mouton d'Or" et au "Pot d'Estain'. Et le dimanche 5 février 1595 à minuit, HENRIC fit venir la troupe dans la maison louée. L'entreprise put commencer et ce furent de MOLLE et HENRIC qui allèrent fixer les échelles aux fenêtres. Après avoir neutralisé les deux seuls gardiens présents, HENRIC et les soldats se tapirent jusqu'au jour dans une chambre près le chapelle Sts-Cosme-et-Damien en attendant la venue du Capitaine, de sa femme et de sa fille qui allaient venir écouter le Messe dominicale. Ils se saisirent d'eux, ainsi que de deux servantes, du prêtre, et les dépouillèrent de leurs bijoux. Ils mirent également tout le château à sac et amassèrent tout un butin de ce qui avait été depuis des années mis à l'abri des guerres.
La Ville essaya bien de rassembler une armée de citoyens pour aller reprendre son château, mais HARAUGIERE, qui avait été averti de l'entreprise, était déjà aux portes de la ville avec 1800 hommes. Ils pillèrent d'abord le Val-Notre-Dame, où ils séjournaient, puis arrivèrent à HUY pour rencontrer les bourgmestres envers lesquels ils se montrèrent si menaçants que les clefs de la ville leur furent remises sans combat.
RAPPEL HISTORIQUE
Le prince-évêque, tenant à sa neutralité, fit alors appel au Gouverneur des Pays-Bas espagnols, de Fuentes, qui envoya immédiatement le Seigneur de la MOTTE, Valentin de PARDIEU avec 6000 hommes pour assiéger HUY et en déloger les Hollandais, ainsi que quelques Ecossais et Huguenots qui occupaient le château. Un seul coup de canon créa une brèche dans l'enceinte et HERAUGIERE dut capituler le 20 mars 1595.
Le roi d'Espagne, PHILIPPE II, exigea alors que la Ville soit rendue au prince-évêque.
SOURCE
Laurent MELART "Histoire de la Ville et du Château de Huy et de ses Antiquités avec une chronologie de ses Comtes et Evêques" -Livre VIII-1641- pages 473 à 493.