Croix Englebert Ouffet : Différence entre versions

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La croix

Croix Englebert Ouffet

Vous trouverez cette modeste stèle à une centaine de mètres à gauche après vous être engagés sur le Tige de Fairon depuis la Rue de Hamoir.

L'article ci-dessous est en grande partie extrait d'un bulletin communal, nous cherchons la date de parution et l' ou les auteur(s).

Formée d'une pierre calcaire dite "petit granit", cette croix nimbée^[1] et lobée^[2] possède les dimensions suivantes : montant 128 cm, traverse 98 cm, épaisseur 17,5 cm.

On peut lire le texte suivant :

Nous ignorons le nom de la carrière où la pierre a été extraite ainsi que le nom de l'artiste, celui-ci a commis quelques erreurs dans la gravure du texte.

Si l'on regarde attentivement, on constate que la lettre N de ENGLEBERT n'est pas gravée correctement, certaines voyelles ont droit à l'accent d'autres pas, et pourquoi n'a-t-il pas gravé 4 FEVRIER 1843 sur la même ligne ?

Voici l'histoire de ce jeune homme décédé tragiquement en ces lieux durant le triste hiver de 1843.

Englebert BRAHY est né à Ouffet le 12 août 1819.
Il est le fils de Pierre BRAHY et de Catherine DISPA, la famille habite, alors dans le Hestrumont^[3], c’est le maire J. F. ANTOINE, qui enregistre l'acte de naissance en présence de Jean Gilles STIENNON, curé de la commune (1825-1833) et de Henri Joseph LIZIN négociant. Englebert exerce la profession de bourrelier^[4], comme les jeunes gens de son âge, il participe joyeusement aux festivités locales, notamment lors de la foire du 3 février 1843. Ce jour-là, il ne rentre pas et l’inquiétude gagne sa famille et ses proches.

Le 15 février Jean-Joseph MICHEL et Antoine BASTIN se présentent devant Pierre-François CHARLIER, échevin de la commune, pour lui signaler une découverte macabre, ils déclarent avoir trouvé quelque chose ressemblant à un collier de cheval mais qu'ayant examiné de près, ils pensent qu’il s'agit d'un homme.

Laissons la parole à l'Echevin : Nous nous sommes rendus au Tige de Fairon près de la commune de Ratinto,^[5] là, ils nous ont montré dans la rigole qui borde le chemin du Petit Ouffet et Richichoux, près d'une haie en épines longeant le chemin de Fairon au nord, le cadavre d'un homme dont la tête était couverte de neige ainsi que la poitrine, les jambes, les pieds et les cuisses. Ayant ôté la neige, nous avons reconnu par la raideur de tous ses membres qu'il était mort depuis plusieurs jours. Il était couché sur le dos, la tête nue et presque appuyé sur le sommet, la bouche et les yeux fortement ouverts, la main droite fermée et appuyée sur la poitrine, le bras tendu, cette main fermée excepté l'index. Les pieds reposaient sur les talons, les pointes un peu entrouvertes en forme d'équerre.
Il était vêtu d'un gilet et d’un pantalon noirs, un gilet de laine violet à manche, des bottes, le tout fortement éclaboussés. Ils nous ont également dit que le sieur Englebert BRAHY, célibataire et bourrelier, était disparu depuis le trois courant jour de la foire où il avait été vu en état d’ivresse mais il nous a été impossible ainsi qu’aux déclarants de le reconnaitre.

Le Bourgmestre, Michel REGINSTER, outre la relation qui précède, fait parvenir au Procureur du Roi de Huy les commentaires suivant : Nous avons appris que c'était le cadavre du dénommé Englebert BRAHY, célibataire et, d'après les renseignements que nous avons pu obtenir, il parait qu'il avait bu avec excès différentes espèces de boissons le jour de la foire et que s'étant couché en état d’ivresse, le grand froid aura occasionné sa mort, il avait perdu son chapeau et son sarrau^[6].
Ces détails supplémentaires, suffiront, pense t-il à mettre un terme à cette malheureuse affaire.

Il n'en est rien, le Procureur du Roi ne se contente pas de ce complément d'informations, il exige une autopsie et pour se faire il envoie deux médecins, à savoir Messieurs BIHAY et GOFFART; on se transporte en la grange du sieur Urbain TERWAGNE, cabaretier à Ouffet où le cadavre a été déposé. Les médecins, procèdent à l'autopsie et déclarent qu'ils n'ont remarqué aucune trace de violence, poison ni blessures et que les causes qui ont amené la mort sont la boisson et le grand froid.

L'acte de décès qui porte le numéro 7 rapporte que le 6 février à 10 heures du matin, Pierre BRAHY, le père du jeune homme, et Sébastien PARMENTIER, Secrétaire communal, ont déclaré que dans la nuit du 3 au 4 février de la présente année, Englebert BRAHY, bourrelier âgé de 23 ans est décédé près du Petit Ouffet sur le Tige de Fairon.

Pour info : Englebert avait deux frères ; Henri, voir tombe D58 et Louis, voir tombe D69 dans le vieux cimetière d'Ouffet.

1. ↑ Nimbée : une croix est dite nimbée lorsque des raccords sont insérés dans les angles formés par la croisée des bras et des montants
2. ↑ Lobée : une croix est dite lobée lorsque des découpures variées analogues à des festons ou à des lobes terminent le sommet et les extrémités des bras
3. ↑ Le Hestrumont indiquerait l'emplacement d'une ancienne hêtraie
4. ↑ Bourrelier ou sellier-bourrelier est un artisan qui fait, vend ou répare des harnachements d'animaux de trait
5. ↑ Commune de Ratinto : désigne un bien communal où l’on se réunissait habituellement, peut-être un débit de boisson ou une enseigne d'auberge
6. ↑ Blouse de travail en grosse toile, courte et ample

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