La Jardinerie PLEINEVAUX : Différence entre versions
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Version actuelle en date du 24 juin 2015 à 14:12
Histoire
Lucien voulait devenir jardinier...le 5 février 14
Oui, mais le 5 février 1914.... mon père Lucien PLEINEVAUX voyait le jour à Vyle-et-Tharoul, en pleine guerre mondiale (la 1ère), dans une belle petite maison en pierre bleue du pays, au n°1 de la rue du ruisseau.
Sa maman Lucie Magagne, qui sera plus tard ma marraine, était ainsi délivrée et son papa, Alexandre (dit : li Zant’), tailleur de pierres, mourra 11 ans plus tard.
Fils unique, très gentil, assez frêle de constitution (Mon Diu qu’i l’est påle !), apprend très bien à l’école du village où sévit Léonce EVRARD instituteur à 6 classes.
A l’âge de 11 ans, quand son papa décède, il méritait déjà son diplôme d’école primaire, mais était condamné à rester en classe jusqu’à 14 ans (enseignement obligatoire).
Sa maman, veuve, sans aucun revenu a du tirer son plan, on ne sait trop comment ! elle avait bien ouvert un « petit café du village » et œuvrait de temps en temps comme cuisinière.
C’est à ce moment, en 1926, que sur intervention du curé de Vyle, auprès du châtelain, le Comte de Vyle décida de payer les études et l’abonnement de train pour que le « bon élève » puisse « faire ses 3 moyennes » au Collège Saint Quirin à Huy.
Le rêve de mon père était de devenir jardinier professionnel, et plus précisément « jardinier de château », tant il admirait les équipes œuvrant au Château de Bagatelle pour compte de Madame Lechat.
Outre le jardinier en chef, il y avait plusieurs brigades spécialisées en potager, fleurs, fruits, arbustes et forestiers...
Il entreprit donc tout naturellement des études d’horticulteur qu’il réussit avec brio, avant d’être engagé par Madame Lechat !
Repéré par le châtelain du château de Favence à Nandrin, il se laissa débaucher pour gagner plus et à la condition que sa maman y soit aussi engagée, comme cuisinière attitrée du château !
Comment il rencontra Paula Anciaux qu’il allait épouser ?
Il était ami avec Albert ROBERT, boulanger sur la place Musin à Nandrin et ancien de Vyle-et-Tharoul.
L’épouse d’Albert provenait d’Achène près de Ciney. Paula, née à Liroux, (Achène) rendait de temps en temps visite à son amie d’enfance, et c’est donc à la boulangerie que le miracle s’est produit...
Albert aurait dit à Lucien : « Voilà une femme pour toi »...
La suite est connue : fiançailles, mariage, déménagements rue Bouhaye à Nandrin, avec sa maman, et son beau-père veuf depuis l’évacuation en France, Emile Anciaux.
Les deux premiers enfants : Jacki en 43 et Marcel en 45, y sont nés.
La 2e guerre mondiale pointait à l’horizon 1939 !
Incorporé au 12e Régiment de Ligne comme fantassin (béret brun à bord brun) à la Chartreuse, sur les hauteurs de Liège, du côté de Beyne-Heusay.
Il était à Liège le 10 mai 40 quand la guerre éclata. Rejoignant la lys avec son Régiment, il du se rendre vers le 20 à Bavichove, ou il fut fait prisonnier.
Désarmé et embarqué en immenses colonnes à pied, en route pour l’Allemagne il décida, et réussit à s’évader à hauteur de Saint-Trond.
Il y fût caché à l’asile psychiatrique, grâce à la bienveillance d’un aumônier. Il racontait volontiers : « Passe qui dja stou moussi à sot parêt mi... »
De nuit, par monts et par vaux, en civil cette fois, il réussit à rejoindre Nandrin.
Mais le 30 avril 1944, alors qu’i rentrait en vélo, après une journée de travail, sur la grand’ route à Ombret, il fût arrêté par des « collabos » et conduit à la Kommandantur, quai Dautrebande à Huy, où une plaque commémorative a été installée par la Ville.
Là, la feldgendarmerie lui saisi ses papiers et l’incarcéra au Fort, sous le n° matricule 5905, au motif : « se trouvait sans carte de travail ».
C’est ensuite grâce à l’intervention de Fernand PARMENTIER, alors Bourgmestre de Neuville-sous-Huy qu’il fut libéré le 02 mai (3 jours plus tard) échappant ainsi au travail forcé en Allemagne.
La fin de la guerre, déménagement à Tihange.
Après la libération en 1945, il n’y avait plus d’avenir pour les jardiniers de château et il décida de s’installer comme horticulteur indépendant à la grand ‘route à Tihange où naquirent José en 1947, puis Loulou en 1954
Vivant tant bien que mal en vendant les produits de sa culture et en effectuant quelques travaux de jardinages chez des clients particuliers avant d’asseoir sa réputation sur les marchés publics de Huy, Andenne et Amay...
En 1965, l’exploitation et la maison privée sont expropriées pour cause de construction de centrales nucléaires. La nouvelle exploitation s’installe rue de la campagne et l’habitation privée, rue des saules à Tihange.
En 1965 encore, alors que Loulou reprenait et développait La Rose d’Or, il s’associa avec ses 3 fils pour créer ce qui devint « La Jardinerie Pleinevaux » qui ne fit que croitre jusqu’en 2005..., mais ça c’est une autre histoire.
Le 5 février 2014...
Je ne peux m’arrêter de penser à ma grand-mère Lucie qui mit au monde mon père Lucien !
J’aurais tant voulu qu’il soit centenaire ! On l’aurait fêté aujourd’hui ! Et j’aurais fais un petit discours qui aurait ressemblé à ce qui précède.
Il aurait surement bu « on p’tit trinte » en entonnant « Etoile des neiges....
Fin d'une histoire
Source: L'avenir.net 16 octobre 2010:
- Huy La Jardinerie Pleinevaux à Tihange, c'est fini.
Ce n'était déjà plus les frères Jacki, Marcel et José qui étaient aux commandes de la société fondée en 1945.
Elle avait été reprise en 2006 par Johan Bosmans qui avait gardé le nom Pleinevaux, pour sa notoriété.
La Jardinerie, le magasin de plantes disparaissent, ainsi que la pépinière et l'atelier de mécanique horticole.
L'entreprise d'aménagements et d'entretiens d'Espaces Verts, en ce compris tout le personnel spécialisé et le matériel sont cédés à une nouvelle SPRL PRO VERT.
Jacki.