Stèle à la mémoire de Théophile Nagels Ouffet : Différence entre versions
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− | + | Rue Brîhi Tiyou à l'embranchement avec la Vieille Route de Liège (''Li vie voye di Lidge'')<ref>Ce chemin est repris dans l'Atlas des voiries vicinales de 1841 avec sont prolongement Es Golet sous le nom de ''Chemin n°38'' </ref> qui relie la rue [[Es Golet Ouffet|Es Golet]] à la rue Brihi Thiyou à proximité du ''Chemin du Tram sous Troydo''<ref>Nom donné à l'ancienne voie du tram vicinal lors du conseil communal du 25 septembre 2018</ref><br>Coordonnées GPS: 50°26'55.5"N 5°28'30.2"E (50.448743, 5.475049) | |
− | Rue Brîhi Tiyou à l'embranchement avec la Vieille Route de Liège (''Li vie voye di Lidge'')<ref>Ce chemin est repris dans l'Atlas des voiries vicinales de 1841 avec sont prolongement Es Golet sous le nom de ''Chemin n°38'' </ref> qui | + | |
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+ | A proximité d'un banc, formée d'une pierre calcaire dite "petit granit", cette croix lobée<ref> : une croix est dite lobée lorsque des découpures variées analogues à des festons ou à des lobes, terminent le sommet et les extrémités des bras</ref> possède les dimensions suivantes : montant 100 cm, traverse 60 cm, épaisseur 14 cm. Au centre un médaillon de 12 cm avec le portrait du militaire.<br>Le nom du tailleur y est gravé sur un des cotés : LEONARD A OUFFET, il a habité au 36 rue de Temme.<br>Hormis sa forme géométrique qui rappelle la religion catholique, aucun symbole religieux n'y est apposé.<br>Au bas de la face arrière sont gravées les lettres <big>RIP</big> (du latin ''requiescat in pace'', qui signifie : qu’il repose en paix). Le tout est sur une demi-dalle circulaire pavée.<br>Pour info, la croix a été récupérée dans le vieux cimetière d'Ouffet et intégrée au socle après façonnage.<br>Une plaque de marbre noir est apposée, elle porte le texte suivant :<br> | ||
+ | <big><CENTER>''A la mémoire de NAGELS Théophile''<br>''Né à Ransberg le 2 septembre 1918''<br> | ||
+ | ''Soldat au 19<sup>e</sup> Régiment d'Artillerie''<br>''Tombé a Ouffet le 11 mai 1940''</CENTER></big><br>Edifiée par la commune, cette stèle a été inaugurée le 09 septembre 2006, Marc Gielen était bourgmestre à l'époque. | ||
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+ | ==Le récit de ce tragique évènement== | ||
+ | Le 11 mai 1940 la 11<sup>e</sup> batterie du 19<sup>e</sup> régiment d'artillerie reçoit l'ordre de s'installer dans le "Brihî-Thiyou" pour soutenir le 2<sup>éme</sup> Régiment de chasseurs à cheval.<br>A 11h00, tirs de barrage sur la route entre Xhoris et Hamoir où les chars allemands ont été annoncés par le quartier général.<br>De 15h00 à 17h30, les carrefours routiers sont tenus sous le feu de l'artillerie pour empêcher les allemands de poursuivre leur progression depuis Hamoir. Les allemands se dispersent et se réfugient dans un bosquet voisin.<br>A 16h00, l'explosion prématurée d'un obus se produit au niveau de la 4<sup>éme</sup> pièce d'artillerie de 105 mm blesse gravement l'assistant pointeur et tue le soldat Théophile Nagels né à Ransberg le 2 septembre 1918, il est le fils de Joseph Nagels et de Maria-Thérèse Hagelsteens. Il fait son service militaire en 1938 en tant que soldat sous le numéro 169/12189, il retourne à la vie civile le 26 août et est mobilisé en 1939.<br> Le 13 mai, à la demande des militaires, c'est Théophile BRAQUET et Eucher RONVAL, deux habitant d'Ouffet qui déclarent le décès et ses circonstances à la commune d'Ouffet. Ils avaient déjà ramené le corps au cimetière sur une charrette à bras, la dépouille y avait été inhumée provisoirement dans un cercueil en zinc. Le 12 juin, le père de Théophile Nagels vient chercher le corps de son fils et le frère et la sœur font le trajet à vélo dans les jours qui suivent pour récupérer ses effets personnels.<br>Théophile repose maintenant à Ransberg, sur la croix de sa tombe est gravé le mot PAX... une paix dont le monde a désespérément besoin. | ||
+ | La commune d'Ouffet a fait ériger un petit monument a ce soldat belge d'origine flamande mort sur le sol wallon pour la défense de la liberté.<br>La stèle jouxte le lieu du drame, elle immortalise non seulement la mémoire de ce héros mais rappelle à chacun de nous la cruauté des guerres et l'absurdité des conflits. Qu'elle soit aussi une exhortation à la paix ! | ||
+ | [[Fichier:Boghe Louis couverture du livre.jpg|Le livre de Willy Boghe|300x300px|droite]] | ||
+ | ==Le journal de campagne de Louis Boghe, compagnon d'armes de Théophile Nagels== | ||
+ | Louis BOGHE fait sa formation militaire dans la même unité que Théophile NAGELS, ils se retrouveront plus tard, tout au début des années 40, en cantonnement à Ouffet et aux premières heures de la guerre.<br> Louis tient scrupuleusement un journal de campagne qu’un jour Willy, son père, découvre et décide d'en faire un livre à la mémoire de son fils et de ses compagnons. | ||
+ | Avec l'accord de son auteur que nous remercions, quelques extraits du livre de Willy BOGHE : « '''Des champs aux camps, journal de guerre d'un jeune soldat''' ». Epuisé, ce livre vient d'être réédité et peut être emprunté à la bibliothèque communale d'Ouffet. | ||
+ | ''Les hommes de la 11e Batterie se souviendront toute leur vie d'Ouffet. D'abord, parce qu'il y ont vécu des moments agréables, ensuite parce que le début de la guerre a été le début d'une période douloureuse pour nombre d'entre eux. Ce qui a été aussi mon cas.'' | ||
+ | ''Nous connaissions Ouffet aussi bien que notre propre village et, avec le temps, les gens d'Ouffet ont aussi appris à nous connaître. Nous y avons été stationnés pendant six mois. Durant cette période, j'ai logé chez deux personnes âgées.<ref>Ces personnes ont été identifiées : il s'agit de RONDEAUX Jean Joseph dit Joseph né le 26 novembre 1884, époux de LEDOUX Marie Léonie Augusta née le 20 juin 1886, ils habitaient au 169 '''[[Rue Mognée Ouffet|Rue Mognée]]''' à l’époque, actuellement Rue Hestrumont 2 et sont inhumés '''[[Rondeaux-Ledoux NC543|tombe NC543]]''' dans le nouveau cimetière d'Ouffet. </ref> Elles ont été très bonnes avec moi. Nous étions trois à loger là et nous les appelions « Papa » et « Maman ». Ils y tenaient beaucoup. Certains parmi nous ont aussi connu des jeunes filles à Ouffet.''<br>Nous savons aussi que certains militaires aimaient passer la soirée chez Emile JEHOULET époux de Marie HECK, ces derniers habitaient à l'actuel N°31 avenue de Vagney, le Tige d'Anthisnes à l'époque, ils sont inhumés tombe 128 dans le nouveau cimetière d'Ouffet. | ||
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− | + | Boghe_Louis_Extrait_03.jpg|Devant l'actuel (2022) Rue du Village, 24. A l'époque, maison Mercier | |
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Version actuelle en date du 1 juin 2024 à 15:39
Les monuments dédiés aux victimes de conflits armés sont repris par nos amis de BEL-MEMORIAL Voir ce site
Sommaire
Situation
Rue Brîhi Tiyou à l'embranchement avec la Vieille Route de Liège (Li vie voye di Lidge)[1] qui relie la rue Es Golet à la rue Brihi Thiyou à proximité du Chemin du Tram sous Troydo[2]
Coordonnées GPS: 50°26'55.5"N 5°28'30.2"E (50.448743, 5.475049)
Description
A proximité d'un banc, formée d'une pierre calcaire dite "petit granit", cette croix lobée[3] possède les dimensions suivantes : montant 100 cm, traverse 60 cm, épaisseur 14 cm. Au centre un médaillon de 12 cm avec le portrait du militaire.
Le nom du tailleur y est gravé sur un des cotés : LEONARD A OUFFET, il a habité au 36 rue de Temme.
Hormis sa forme géométrique qui rappelle la religion catholique, aucun symbole religieux n'y est apposé.
Au bas de la face arrière sont gravées les lettres RIP (du latin requiescat in pace, qui signifie : qu’il repose en paix). Le tout est sur une demi-dalle circulaire pavée.
Pour info, la croix a été récupérée dans le vieux cimetière d'Ouffet et intégrée au socle après façonnage.
Une plaque de marbre noir est apposée, elle porte le texte suivant :
Né à Ransberg le 2 septembre 1918
Soldat au 19e Régiment d'Artillerie
Tombé a Ouffet le 11 mai 1940
Edifiée par la commune, cette stèle a été inaugurée le 09 septembre 2006, Marc Gielen était bourgmestre à l'époque.
Le récit de ce tragique évènement
Le 11 mai 1940 la 11e batterie du 19e régiment d'artillerie reçoit l'ordre de s'installer dans le "Brihî-Thiyou" pour soutenir le 2éme Régiment de chasseurs à cheval.
A 11h00, tirs de barrage sur la route entre Xhoris et Hamoir où les chars allemands ont été annoncés par le quartier général.
De 15h00 à 17h30, les carrefours routiers sont tenus sous le feu de l'artillerie pour empêcher les allemands de poursuivre leur progression depuis Hamoir. Les allemands se dispersent et se réfugient dans un bosquet voisin.
A 16h00, l'explosion prématurée d'un obus se produit au niveau de la 4éme pièce d'artillerie de 105 mm blesse gravement l'assistant pointeur et tue le soldat Théophile Nagels né à Ransberg le 2 septembre 1918, il est le fils de Joseph Nagels et de Maria-Thérèse Hagelsteens. Il fait son service militaire en 1938 en tant que soldat sous le numéro 169/12189, il retourne à la vie civile le 26 août et est mobilisé en 1939.
Le 13 mai, à la demande des militaires, c'est Théophile BRAQUET et Eucher RONVAL, deux habitant d'Ouffet qui déclarent le décès et ses circonstances à la commune d'Ouffet. Ils avaient déjà ramené le corps au cimetière sur une charrette à bras, la dépouille y avait été inhumée provisoirement dans un cercueil en zinc. Le 12 juin, le père de Théophile Nagels vient chercher le corps de son fils et le frère et la sœur font le trajet à vélo dans les jours qui suivent pour récupérer ses effets personnels.
Théophile repose maintenant à Ransberg, sur la croix de sa tombe est gravé le mot PAX... une paix dont le monde a désespérément besoin.
La commune d'Ouffet a fait ériger un petit monument a ce soldat belge d'origine flamande mort sur le sol wallon pour la défense de la liberté.
La stèle jouxte le lieu du drame, elle immortalise non seulement la mémoire de ce héros mais rappelle à chacun de nous la cruauté des guerres et l'absurdité des conflits. Qu'elle soit aussi une exhortation à la paix !
Le journal de campagne de Louis Boghe, compagnon d'armes de Théophile Nagels
Louis BOGHE fait sa formation militaire dans la même unité que Théophile NAGELS, ils se retrouveront plus tard, tout au début des années 40, en cantonnement à Ouffet et aux premières heures de la guerre.
Louis tient scrupuleusement un journal de campagne qu’un jour Willy, son père, découvre et décide d'en faire un livre à la mémoire de son fils et de ses compagnons.
Avec l'accord de son auteur que nous remercions, quelques extraits du livre de Willy BOGHE : « Des champs aux camps, journal de guerre d'un jeune soldat ». Epuisé, ce livre vient d'être réédité et peut être emprunté à la bibliothèque communale d'Ouffet.
Les hommes de la 11e Batterie se souviendront toute leur vie d'Ouffet. D'abord, parce qu'il y ont vécu des moments agréables, ensuite parce que le début de la guerre a été le début d'une période douloureuse pour nombre d'entre eux. Ce qui a été aussi mon cas.
Nous connaissions Ouffet aussi bien que notre propre village et, avec le temps, les gens d'Ouffet ont aussi appris à nous connaître. Nous y avons été stationnés pendant six mois. Durant cette période, j'ai logé chez deux personnes âgées.[4] Elles ont été très bonnes avec moi. Nous étions trois à loger là et nous les appelions « Papa » et « Maman ». Ils y tenaient beaucoup. Certains parmi nous ont aussi connu des jeunes filles à Ouffet.
Nous savons aussi que certains militaires aimaient passer la soirée chez Emile JEHOULET époux de Marie HECK, ces derniers habitaient à l'actuel N°31 avenue de Vagney, le Tige d'Anthisnes à l'époque, ils sont inhumés tombe 128 dans le nouveau cimetière d'Ouffet.
D'autres pages du livre
- ↑ Ce chemin est repris dans l'Atlas des voiries vicinales de 1841 avec sont prolongement Es Golet sous le nom de Chemin n°38
- ↑ Nom donné à l'ancienne voie du tram vicinal lors du conseil communal du 25 septembre 2018
- ↑ : une croix est dite lobée lorsque des découpures variées analogues à des festons ou à des lobes, terminent le sommet et les extrémités des bras
- ↑ Ces personnes ont été identifiées : il s'agit de RONDEAUX Jean Joseph dit Joseph né le 26 novembre 1884, époux de LEDOUX Marie Léonie Augusta née le 20 juin 1886, ils habitaient au 169 Rue Mognée à l’époque, actuellement Rue Hestrumont 2 et sont inhumés tombe NC543 dans le nouveau cimetière d'Ouffet.
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