LES TRINITAIRES DE LA SARTE : Différence entre versions
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==ORIGINE DE L'ORDRE== | ==ORIGINE DE L'ORDRE== | ||
− | L'Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs, dit Ordre des MATHURINS puis Ordre des TRINITAIRES, fut fondé en 1194 à CERFROID par les saints français Jean de MATHA et Félix de VALOIS, à l'origine pour RACHETER les chrétiens captifs des musulmans. Ce fut la règle de saint Augustin qui lui fut imposée et sa création officielle eut lieu le 17 décembre 1198 | + | L'Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs, dit Ordre des MATHURINS puis Ordre des TRINITAIRES, fut fondé en 1194 à CERFROID par les saints français Jean de MATHA et Félix de VALOIS, à l'origine pour RACHETER les chrétiens captifs des musulmans. Ce fut la règle de saint Augustin qui lui fut imposée et sa création officielle eut lieu le 17 décembre 1198, ordonnée par le pape INNOCENT III. En 1200, on vit la fondation à MARSEILLE, par Jean de MATHA, d'un hôpital destiné à accueillir les captifs libérés des musulmans. Au Moyen Âge, l'Ordre compta jusqu'à 250 maisons de religieux et de contemplatives. |
− | = LA MAISON DES TRINITAIRES A HUY== | + | ==LA MAISON DES TRINITAIRES A HUY== |
− | La plus ancienne cure qui fut donnée à HUY aux TRINITAIRES fut celle de VIERSET, dont Wautier de BEAUFORT, céda le 25 mars 1208 aux religieux de Saint-Nicolas de SARTE près de HUY sur la Meuse le patronage, c'est-à-dire le droit d'y présenter. Cela équivalait à la possession, car l'Ordre devait toujours être en mesure de le faire desservir par un Trinitaire. (Archive particulière de Mr le Duc de BEAUFORT-SPONTIN, communication de M.P.CARON). | + | Situation (dans le cercle rouge) sur une carte de 1794 communiquée par Isa de Huy. |
+ | [[Fichier:Carte du Général Mayer 1794.jpg|centre|Carte de Huy par le général Mayer le 3 thermidor An II (21 juillet 1794)-ex:antredestratege.com]] | ||
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+ | '''La plus ancienne cure''' qui fut donnée à HUY aux TRINITAIRES fut celle de VIERSET, dont Wautier de BEAUFORT, céda le 25 mars 1208 aux religieux de Saint-Nicolas de SARTE près de HUY sur la Meuse le patronage, c'est-à-dire le droit d'y présenter. Cela équivalait à la possession, car l'Ordre devait toujours être en mesure de le faire desservir par un Trinitaire. (Archive particulière de Mr le Duc de BEAUFORT-SPONTIN, communication de M.P.CARON). | ||
''Ce couvent de HUY (domus de HUO) était en réalité à Saint-Nicolas-sur-Sarte, petit ruisseau qui se jetait dans la Meuse. Ce fut un des plus anciens qu'ait eus l'Ordre, car, dès 1208, le chevalier WAUTERS (sic) conféra aux Trinitaires la cure de VIERSET, qu'ils continuèrent à posséder jusqu'à la fin. Ce pèlerinage existe encore de nos jours (1903)'' (Paul DESLANDRES) | ''Ce couvent de HUY (domus de HUO) était en réalité à Saint-Nicolas-sur-Sarte, petit ruisseau qui se jetait dans la Meuse. Ce fut un des plus anciens qu'ait eus l'Ordre, car, dès 1208, le chevalier WAUTERS (sic) conféra aux Trinitaires la cure de VIERSET, qu'ils continuèrent à posséder jusqu'à la fin. Ce pèlerinage existe encore de nos jours (1903)'' (Paul DESLANDRES) | ||
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− | Quelques noms de religieux Trinitaires hutois: Nicolas DONY, religieux Trinitaire de la Sarte, est curé de BUZIN en 1678, il décède en 1734. Jean PITTOLET, autre Trinitaire, devenu curé de Vierset et décédé en 1721. Il est remplacé par le frère Trinitaire Denis MAKAR, qui devient curé de de Vierset en 1722 et décède à Ceuta, en Afrique en 1724. | + | '''Quelques noms de religieux''' Trinitaires hutois: Nicolas DONY, religieux Trinitaire de la Sarte, est curé de BUZIN en 1678, il décède en 1734. Jean PITTOLET, autre Trinitaire, devenu curé de Vierset et décédé en 1721. Il est remplacé par le frère Trinitaire Denis MAKAR, qui devient curé de de Vierset en 1722 et décède à Ceuta, en Afrique en 1724. En 1726, comme il sera dit plus bas, le supérieur ou "ministre" du couvent était le Père HABAY. |
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+ | ==ACTIVITES DES TRINITAIRES DE LA SARTE== | ||
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+ | Lorsque les pirates Aroudji et Barberousse, deux marins d'origine grecque, s'emparèrent, l'un en 1516 et l'autre en 1533, respectivement des villes d'Alger et de Tunis, la Méditerranée devint un "lac ottoman" et ce fut dans les zones littorales de la Tunisie qu'ils entassèrent leur butin et les nombreux captifs ramenés des pays européens riverains. Ces prisonniers n'étaient pour eux qu'une marchandise destinée aux harems, aux services domestiques des riches familles musulmanes ou au travail des forçats dans de misérables bagnes. On revint donc à l'ancienne idée ecclésiastique du temps des croisades du Moyen Âge pour libérer les croisés et les pèlerins détenus par les Turcs dans le Proche-Orient. L'Ordre de Trinitaires se chargea, par vocation, de la mission d'aller racheter les esclaves des pirates. | ||
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+ | Dans les actes communaux de la Ville de Huy, on peut recueillir quelques informations sur les interventions des Trinitaires hutois. Par exemple, la charité autorisée par le bourgmestre faite à 2 pauvres hommes bohêmois (Tchèques) anciens prisonniers des Turcs, de passage à Huy en 1594-1595. | ||
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+ | Remarque: | ||
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+ | ''En général, dans les villes et villages, existaient des confréries de la Ste-trinité habilitées à collecter pour le rachat des captifs. On en trouve une à Huy, mais ''elle n'avait aucune autre activité que de prier pour les trépassés''. Elle avait été constituée en 1518 par la corporation des pêcheurs et des naïveurs et ses services se faisaient à l'église de St-Nicolas-au-Pont d'où une certaine confusion avec les Trinitaires de St-Nicolas de la Sarte...'' | ||
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+ | Autre exemple, en 1598-1599, le bourgmestre fit encore payer, comme subvention à leur rachat, une certaine somme à 2 prisonniers des Turcs. De même le 1 avril 1622, le rentier de la ville dut donner de l'argent à ''un pauvre homme ayant été prisonnier du Turcq''. Deux nouveaux payements en 1630-1631 à 2 pauvres gentilhommes "grégeois" (= grecs) ayant été captifs des Turcs et aussi à 2 religieux délivrés de la même captivité. En 1661-1662, la Ville donna 16 florins à un Père récollet revenant de la Terre Sainte pour le rachat de captifs. En 1687, 12 florins à un Polonais pour le rachat de son frère prisonnier des Turcs. | ||
+ | En 1716, 3 chanoines rapatriés d'Algérie obtinrent 4 florins. En 1645, le Grand Hôpital donna 30 patars à un pauvre prisonnier et en 1650 30 florins à 2 couples rentrés de captivité. En 1662, un homme revenu à Huy après avoir été prisonnier des Turcs, reçut 4 florins et en 1662, on distribua 22 florins à de pauvres prisonniers rapatriés. En 1670, un chapitre des chanoines de la Collégiale exhorta les fidèles à faire des dons aux Trinitaires pour aller racheter des captifs. En 1724-1725 deux Trinitaires, le Père Denis MACKAR et le frère NICOLAS voyagèrent en mission en BERBERIE, mais alors que le Père décéda en cours de route, le frère eut le grand bonheur de racheter et de ramener un groupe de captifs. En 1783 et en 1787 deux missions des Trinitaires, dont le ministre était alors P.DESOILE, rachetèrent un paroissien de St-Séverin qui avait 13 ans de captivité, un Hutois de St-Mort , fils de soldat et soldat lui-même, prisonnier de guerre et un paroissien de St-Mengold qui avait servi dans un régiment wallon de l'armée au service de l'Espagne. (note :les noms de ces hommes figurent dans l'article de Fernand DISCRY repris dans les "sources" au bas de cette page). | ||
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+ | ''On a décrit qu'après leur rachat sur les lieux de captivité par les Trinitaires envoyés en mission spéciale, les captifs étaient ramenés à MARSEILLE, d'où ils cherchaient à '''regagner leur patrie en suivant le réseau des couvents de Trinitaires'''. Dans ces villes, étaient organisées des '''processions solennelles où les captifs étaient présentés au public pour en exciter la commisération et la charité'''''. | ||
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+ | [[Fichier:Pères Trinitaires.jpg|thumb|centre| Des_pères_trinitaires_rachetant_des_captifs-Dessin de 1600-Wikipedia, domaine public]]. | ||
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+ | ==L'INCIDENT DE 1726== | ||
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+ | Au début du XVIIIe siècle, l'état de la petite église des Trinitaires commença à se dégrader et les moines durent constater que le toit tombait littéralement en morceaux, les pavés du choeur et de la nef se soulevaient et cassaient les uns après les autres. Ils se mirent au travail et entreprirent même d'enlever toutes les fenêtres sans exception, y compris celles dont les vitraux représentaient les armes des grands-parents du seigneur du lieu, le baron Pierre-Joseph de Crisgnée. Le 5 mars 1726, ayant eu vent des grands travaux qui y étaient entrepris, il se rendit sur place, constata la disparition des fameux vitraux et, en plus, la présence sur le seuil de l'église, '''du mausolée de 1631 et d'une pierre tombale de 1681 de sa famille.''' Il fit immédiatement envoyer au "ministre" du couvent, une lettre notariale de protestation. Comme descendant des fondateurs de la Maison hutoise des Trinitaires, il fit aussi parvenir par son avocat une plainte en bonne et due forme au '''nonce apostolique de Cologne.''' Le 16 mars, ce nonce désignait le doyen de la collégiale St-Jean de Liège comme juge-commissaire et le 18 mars intervint une transaction entre, d'une part, le prêtre Joseph DUMONT représentant le seigneur et, d'autre part, le supérieur, le prieur et 3 pères des Trinitaires. Le notaire de service, J.L.SPARMONT, acta que le mausolée sera remis ''dans le choeur et à la plus grande place d'honneur désignée par le seigneur-baron''. En outre, les religieux devront faire creuser un caveau pour le seigneur et la dame de Barse ainsi que les ossements des ancêtres. Ils veilleront à faire déposer dessus la pierre sépulcrale. La Cour de Justice de Barse enregistra les pièces notariales le 20 mars 1726. Cette procédure menée tambour battant n'avait pris que 15 jours, alors que, comme beaucoup d'autres à cette époque, elle aurait pu durer plusieurs années . Mais le nonce, représentant officiel du pape, était intervenu ! | ||
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+ | Remarque: on n'a plus parlé des fenêtres armoriées...et, de nos jours, on ne sait pas ce que sont devenus les monuments funéraires objets de l'incident de 1726. | ||
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+ | '''Lien, voir WikiHuy= [[Huy en l'an 5 de la république]]''':''il ne fallut que 2 jours, du 25 au 26 frimaire, au commissaire FRANCOTTE pour dresser l'actif et le passif de cette maison occupée par 1 supérieur et 3 prêtres. Comme immeubles: sur La Sarte, le couvent avec quartier, cloître, église et jardin pour à peine 1/4 de bonnier, 1 petit enclos à peine plus grand, 4 prairies pour 2 bonniers, 1 ferme avec brasserie et terres (28 bonniers), et 1 bois de 8 bonniers. Sur Huy et Barse: 1 petite ferme de 14 bonniers. A Loyse (Seilles), 1 ferme de 32 bonniers, 1 bois de 35 bonniers et des broussailles pour 10 bonniers. Sur la Sarte encore 1 maison avec très peu de terre. Comme rentes: 18561 livres, avec des arrérages de 516 livres, mais plusieurs rentes étaient affectées à des fondations religieuses; De plus, autre remarque importante, certains titres stipulaient qu'à défaut d' accomplissement de la condition, ou en cas de suppression du monastère, les biens devaient retourner aux familles des fondateurs. Comme dettes: 22392 fr (sic). Comme objets saisis: en argenterie 1 ciboire, 1 calice à vase d'argent et pied de cuivre. En cuivre 1 encensoire (sic), 8 chandeliers dont 2 plus petits, 1 sceau (sic) à l'eau bénitte (sic) et le dessus d'1 croix. En étain 2 assiettes et 4 burettes. En métail (sic) 2 petites cloches servantes (sic) aux offices. Tableaux; 6, de peu de considération. Statues 3 de la Vierge, de St-Nicolas et de St-Roch. Quelques menutes (menus linges?) servantes (sic) à l'ornement des autels. En ornements 4 chasubles, 3 aubes, 2 nappes grandes, 3 petites, quelques menus linges d'autel 1 chappe, 2 devants d'autel. A la bibliothèque des vieux livres dont 26 in-folio contenant des objets de Théologie et de Religion, les autres, des objets confus et délaissés par des anciens membres de la Maison, où il n'y a aucun qui paroît mériter la considération ni le moindre prix. Pas de manuscrits. Comme autels: 1 grand et 2 petits en bois et plâtres colorés. Quelques bancs appartenant à des habitants voisins. Les religieux signèrent, sauf un qui était infirme, et déclarèrent ne vouloir nullement consentir à la suppression de leur communauté.'' | ||
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+ | D'après René DUBOIS, l'immeuble des Trinitaires fut vendu le 21 avril 1797 au citoyen L HARZE, fondé de pouvoir de l'ex-capucin Arnould DAENEN. | ||
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-x ''Le Contrôle des Nouveaux Mouvements religieux liés aux Laïcs, Le Mouvement Caritatif et Hospitalier'' in Commerce avec Dame Pauvreté-Structure et Fonctions des Couvents Mendiants du XIIe au XIVe siècles.Chapitre II. Presses Universitaires de Liège. | -x ''Le Contrôle des Nouveaux Mouvements religieux liés aux Laïcs, Le Mouvement Caritatif et Hospitalier'' in Commerce avec Dame Pauvreté-Structure et Fonctions des Couvents Mendiants du XIIe au XIVe siècles.Chapitre II. Presses Universitaires de Liège. | ||
− | -x Le Bulletin de Institut Archéologique de Liège Tome LXXXVII/1975. | + | -x Le Bulletin de l' Institut Archéologique de Liège Tome LXXXVII/1975. |
-x Wikipedia: L'Ordre des Trinitaires. | -x Wikipedia: L'Ordre des Trinitaires. | ||
-x universalis.fr/encyclopedie/trinitaires. | -x universalis.fr/encyclopedie/trinitaires. | ||
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Version actuelle en date du 24 avril 2023 à 10:42
Sommaire
ORIGINE DE L'ORDRE
L'Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs, dit Ordre des MATHURINS puis Ordre des TRINITAIRES, fut fondé en 1194 à CERFROID par les saints français Jean de MATHA et Félix de VALOIS, à l'origine pour RACHETER les chrétiens captifs des musulmans. Ce fut la règle de saint Augustin qui lui fut imposée et sa création officielle eut lieu le 17 décembre 1198, ordonnée par le pape INNOCENT III. En 1200, on vit la fondation à MARSEILLE, par Jean de MATHA, d'un hôpital destiné à accueillir les captifs libérés des musulmans. Au Moyen Âge, l'Ordre compta jusqu'à 250 maisons de religieux et de contemplatives.
LA MAISON DES TRINITAIRES A HUY
Situation (dans le cercle rouge) sur une carte de 1794 communiquée par Isa de Huy.
La plus ancienne cure qui fut donnée à HUY aux TRINITAIRES fut celle de VIERSET, dont Wautier de BEAUFORT, céda le 25 mars 1208 aux religieux de Saint-Nicolas de SARTE près de HUY sur la Meuse le patronage, c'est-à-dire le droit d'y présenter. Cela équivalait à la possession, car l'Ordre devait toujours être en mesure de le faire desservir par un Trinitaire. (Archive particulière de Mr le Duc de BEAUFORT-SPONTIN, communication de M.P.CARON).
Ce couvent de HUY (domus de HUO) était en réalité à Saint-Nicolas-sur-Sarte, petit ruisseau qui se jetait dans la Meuse. Ce fut un des plus anciens qu'ait eus l'Ordre, car, dès 1208, le chevalier WAUTERS (sic) conféra aux Trinitaires la cure de VIERSET, qu'ils continuèrent à posséder jusqu'à la fin. Ce pèlerinage existe encore de nos jours (1903) (Paul DESLANDRES)
La maison des Trinitaires était autrefois accessible par une drève de platanes, chemin des Trinitaires. Cette "masure del Sarte" se présente aujourd'hui comme une construction des 18e-19e siècles, en moellons de grès et calcaire. Son église a subi des transformations en 1726:choeur et nefs dépavés, et fenêtres enlevées. Elle était assez petite, mais bien décorée, terminée d'une flèche. Les cloîtres, dortoir, jardin, ferme et brasserie appartenaient à 8 religieux. En 1777, les bâtiments formaient un quadrilatère. Actuellement, ils sont disposés en "U" autour d'une cour partiellement pavée, avec un logis au sud, des annexes à l'ouest et des remises + un garage récents au nord. Le logis est un imposant volume. On peut voir les fondations d'un mur de clôture entre la cour du couvent et la ferme voisine.
La ferme des Trinitaires, semi-clôturée du début du 18e siècle, est située en contrebas et est limitrophe d'un étang, elle a été agrandie et transformée durant la 2nde moitié du 19e siècle. Accès à l'est par 2 piliers chaînés. Au sud-est, une construction à 1 étage, datée de 1728, abritait jadis les cellules des moines, en briques et calcaire, soubassement en moellons de grès. Elle a été partiellement démolie en 1965. A l'ouest, des étables sous fenil. Au nord-est une remise à chariots, un logis de la 2nde moitié du 19e siècle. Dans l'angle est, des anciennes porcheries aménagées en habitation.
Quelques noms de religieux Trinitaires hutois: Nicolas DONY, religieux Trinitaire de la Sarte, est curé de BUZIN en 1678, il décède en 1734. Jean PITTOLET, autre Trinitaire, devenu curé de Vierset et décédé en 1721. Il est remplacé par le frère Trinitaire Denis MAKAR, qui devient curé de de Vierset en 1722 et décède à Ceuta, en Afrique en 1724. En 1726, comme il sera dit plus bas, le supérieur ou "ministre" du couvent était le Père HABAY.
ACTIVITES DES TRINITAIRES DE LA SARTE
Lorsque les pirates Aroudji et Barberousse, deux marins d'origine grecque, s'emparèrent, l'un en 1516 et l'autre en 1533, respectivement des villes d'Alger et de Tunis, la Méditerranée devint un "lac ottoman" et ce fut dans les zones littorales de la Tunisie qu'ils entassèrent leur butin et les nombreux captifs ramenés des pays européens riverains. Ces prisonniers n'étaient pour eux qu'une marchandise destinée aux harems, aux services domestiques des riches familles musulmanes ou au travail des forçats dans de misérables bagnes. On revint donc à l'ancienne idée ecclésiastique du temps des croisades du Moyen Âge pour libérer les croisés et les pèlerins détenus par les Turcs dans le Proche-Orient. L'Ordre de Trinitaires se chargea, par vocation, de la mission d'aller racheter les esclaves des pirates.
Dans les actes communaux de la Ville de Huy, on peut recueillir quelques informations sur les interventions des Trinitaires hutois. Par exemple, la charité autorisée par le bourgmestre faite à 2 pauvres hommes bohêmois (Tchèques) anciens prisonniers des Turcs, de passage à Huy en 1594-1595.
Remarque:
En général, dans les villes et villages, existaient des confréries de la Ste-trinité habilitées à collecter pour le rachat des captifs. On en trouve une à Huy, mais elle n'avait aucune autre activité que de prier pour les trépassés. Elle avait été constituée en 1518 par la corporation des pêcheurs et des naïveurs et ses services se faisaient à l'église de St-Nicolas-au-Pont d'où une certaine confusion avec les Trinitaires de St-Nicolas de la Sarte...
Autre exemple, en 1598-1599, le bourgmestre fit encore payer, comme subvention à leur rachat, une certaine somme à 2 prisonniers des Turcs. De même le 1 avril 1622, le rentier de la ville dut donner de l'argent à un pauvre homme ayant été prisonnier du Turcq. Deux nouveaux payements en 1630-1631 à 2 pauvres gentilhommes "grégeois" (= grecs) ayant été captifs des Turcs et aussi à 2 religieux délivrés de la même captivité. En 1661-1662, la Ville donna 16 florins à un Père récollet revenant de la Terre Sainte pour le rachat de captifs. En 1687, 12 florins à un Polonais pour le rachat de son frère prisonnier des Turcs. En 1716, 3 chanoines rapatriés d'Algérie obtinrent 4 florins. En 1645, le Grand Hôpital donna 30 patars à un pauvre prisonnier et en 1650 30 florins à 2 couples rentrés de captivité. En 1662, un homme revenu à Huy après avoir été prisonnier des Turcs, reçut 4 florins et en 1662, on distribua 22 florins à de pauvres prisonniers rapatriés. En 1670, un chapitre des chanoines de la Collégiale exhorta les fidèles à faire des dons aux Trinitaires pour aller racheter des captifs. En 1724-1725 deux Trinitaires, le Père Denis MACKAR et le frère NICOLAS voyagèrent en mission en BERBERIE, mais alors que le Père décéda en cours de route, le frère eut le grand bonheur de racheter et de ramener un groupe de captifs. En 1783 et en 1787 deux missions des Trinitaires, dont le ministre était alors P.DESOILE, rachetèrent un paroissien de St-Séverin qui avait 13 ans de captivité, un Hutois de St-Mort , fils de soldat et soldat lui-même, prisonnier de guerre et un paroissien de St-Mengold qui avait servi dans un régiment wallon de l'armée au service de l'Espagne. (note :les noms de ces hommes figurent dans l'article de Fernand DISCRY repris dans les "sources" au bas de cette page).
Remarque:
On a décrit qu'après leur rachat sur les lieux de captivité par les Trinitaires envoyés en mission spéciale, les captifs étaient ramenés à MARSEILLE, d'où ils cherchaient à regagner leur patrie en suivant le réseau des couvents de Trinitaires. Dans ces villes, étaient organisées des processions solennelles où les captifs étaient présentés au public pour en exciter la commisération et la charité.
L'INCIDENT DE 1726
Au début du XVIIIe siècle, l'état de la petite église des Trinitaires commença à se dégrader et les moines durent constater que le toit tombait littéralement en morceaux, les pavés du choeur et de la nef se soulevaient et cassaient les uns après les autres. Ils se mirent au travail et entreprirent même d'enlever toutes les fenêtres sans exception, y compris celles dont les vitraux représentaient les armes des grands-parents du seigneur du lieu, le baron Pierre-Joseph de Crisgnée. Le 5 mars 1726, ayant eu vent des grands travaux qui y étaient entrepris, il se rendit sur place, constata la disparition des fameux vitraux et, en plus, la présence sur le seuil de l'église, du mausolée de 1631 et d'une pierre tombale de 1681 de sa famille. Il fit immédiatement envoyer au "ministre" du couvent, une lettre notariale de protestation. Comme descendant des fondateurs de la Maison hutoise des Trinitaires, il fit aussi parvenir par son avocat une plainte en bonne et due forme au nonce apostolique de Cologne. Le 16 mars, ce nonce désignait le doyen de la collégiale St-Jean de Liège comme juge-commissaire et le 18 mars intervint une transaction entre, d'une part, le prêtre Joseph DUMONT représentant le seigneur et, d'autre part, le supérieur, le prieur et 3 pères des Trinitaires. Le notaire de service, J.L.SPARMONT, acta que le mausolée sera remis dans le choeur et à la plus grande place d'honneur désignée par le seigneur-baron. En outre, les religieux devront faire creuser un caveau pour le seigneur et la dame de Barse ainsi que les ossements des ancêtres. Ils veilleront à faire déposer dessus la pierre sépulcrale. La Cour de Justice de Barse enregistra les pièces notariales le 20 mars 1726. Cette procédure menée tambour battant n'avait pris que 15 jours, alors que, comme beaucoup d'autres à cette époque, elle aurait pu durer plusieurs années . Mais le nonce, représentant officiel du pape, était intervenu !
Remarque: on n'a plus parlé des fenêtres armoriées...et, de nos jours, on ne sait pas ce que sont devenus les monuments funéraires objets de l'incident de 1726.
LA FIN DU COUVENT
Lien, voir WikiHuy= Huy en l'an 5 de la république:il ne fallut que 2 jours, du 25 au 26 frimaire, au commissaire FRANCOTTE pour dresser l'actif et le passif de cette maison occupée par 1 supérieur et 3 prêtres. Comme immeubles: sur La Sarte, le couvent avec quartier, cloître, église et jardin pour à peine 1/4 de bonnier, 1 petit enclos à peine plus grand, 4 prairies pour 2 bonniers, 1 ferme avec brasserie et terres (28 bonniers), et 1 bois de 8 bonniers. Sur Huy et Barse: 1 petite ferme de 14 bonniers. A Loyse (Seilles), 1 ferme de 32 bonniers, 1 bois de 35 bonniers et des broussailles pour 10 bonniers. Sur la Sarte encore 1 maison avec très peu de terre. Comme rentes: 18561 livres, avec des arrérages de 516 livres, mais plusieurs rentes étaient affectées à des fondations religieuses; De plus, autre remarque importante, certains titres stipulaient qu'à défaut d' accomplissement de la condition, ou en cas de suppression du monastère, les biens devaient retourner aux familles des fondateurs. Comme dettes: 22392 fr (sic). Comme objets saisis: en argenterie 1 ciboire, 1 calice à vase d'argent et pied de cuivre. En cuivre 1 encensoire (sic), 8 chandeliers dont 2 plus petits, 1 sceau (sic) à l'eau bénitte (sic) et le dessus d'1 croix. En étain 2 assiettes et 4 burettes. En métail (sic) 2 petites cloches servantes (sic) aux offices. Tableaux; 6, de peu de considération. Statues 3 de la Vierge, de St-Nicolas et de St-Roch. Quelques menutes (menus linges?) servantes (sic) à l'ornement des autels. En ornements 4 chasubles, 3 aubes, 2 nappes grandes, 3 petites, quelques menus linges d'autel 1 chappe, 2 devants d'autel. A la bibliothèque des vieux livres dont 26 in-folio contenant des objets de Théologie et de Religion, les autres, des objets confus et délaissés par des anciens membres de la Maison, où il n'y a aucun qui paroît mériter la considération ni le moindre prix. Pas de manuscrits. Comme autels: 1 grand et 2 petits en bois et plâtres colorés. Quelques bancs appartenant à des habitants voisins. Les religieux signèrent, sauf un qui était infirme, et déclarèrent ne vouloir nullement consentir à la suppression de leur communauté.
D'après René DUBOIS, l'immeuble des Trinitaires fut vendu le 21 avril 1797 au citoyen L HARZE, fondé de pouvoir de l'ex-capucin Arnould DAENEN.
SOURCES
-Pierre MARDAGA: Haute-Sarte Le Chemin des Trinitaires in Patrimoine Monumental de la Belgique. Volume 15. La Haute-Sarte.
-Paul DESLANDRES : L'Ordre des Trinitaires pour le rachat des captifs. Toulouse/Paris 1903 Tome I.
-Fernand DISCRY: Fragments inédits de l'Histoire hutoise: Les Trinitaires de la Haute Sarte et le rachat des captifs in Annales du cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, volume XXV/1958.
-Raoul VAN DER MADE: L'Enlèvement des Pierres Tombales des Seigneurs de Barse se trouvant en l'Eglise des Trinitaires de la Sarte in Annales du cercle hutois des Sciences et des Beaux-Arts, vol. XXIX/1975.
-x Le Contrôle des Nouveaux Mouvements religieux liés aux Laïcs, Le Mouvement Caritatif et Hospitalier in Commerce avec Dame Pauvreté-Structure et Fonctions des Couvents Mendiants du XIIe au XIVe siècles.Chapitre II. Presses Universitaires de Liège.
-x Le Bulletin de l' Institut Archéologique de Liège Tome LXXXVII/1975.
-x Wikipedia: L'Ordre des Trinitaires.
-x universalis.fr/encyclopedie/trinitaires.