LA VITICULTURE A HUY : Différence entre versions
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En 1617, le clos de la Buissière tenu par la famille Seba, qui la possède toujours aujourd'hui. | En 1617, le clos de la Buissière tenu par la famille Seba, qui la possède toujours aujourd'hui. | ||
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+ | Extraits de "L'Ermite de la Sarte de Freddy Van Daele/2010": p.26: Dès l’année prochaine- ('''1635''')-, il commencera à aider le maître-vigneron du Grimomont chez les Berlaymont au pied chemin de La Sarte. | ||
+ | La viticulture bat son plein à Huy et on a besoin de vendangeurs, de bottiers, de fouleurs, de videurs et d’ouvriers aux pressoirs. Ce dernier travail est un des plus lourds et exige de manger beaucoup de viande | ||
+ | rouge, Nöel essayera d’éviter celui-là, mais il se sent assez fort pour aller cueillir les grappes au couteau ou à la serpette, et même porter les hottes de terre, de fumier, de schiste ou encore fouler les raisins | ||
+ | au pied dans les cuves et pourquoi pas aider à la mise en fûts.....p.29: Au mois de janvier '''1636''', la fête à saint Vincent, patron des vignerons, a quand même lieu comme chaque année en l’église Saint-Pierre-en | ||
+ | Outre-meuse. L’ermite est parvenu à s’y faire inviter par le maître-vigneron du plus vaste vignoble de Huy (celui des Grands-Malades), cousin d’un des gouverneurs du Métier. Ce sont ces deux hommes qui l’ont mis | ||
+ | en contact l’année dernière avec le responsable des vignes des Berlaymont où il a été engagé pour cette nouvelle saison au salaire de 8 patars la journée. Noël a calculé qu’il pourra empocher 1 écu, soit 80 patars, | ||
+ | au bout de dix jours et cela le réjouit pleinement, même s’il se demande si ce ne sera pas trop fatigant de tailler les sarments dès le mois de février sous les gelées et la neige fréquentes en ce début d’année. | ||
+ | Le vent du nord ne risque pas trop d’assaillir les ouvriers vu que le coteau est exposé plutôt sud, mais le froid sera quand même là pour engourdir et meurtrir les doigts qui ne sont pas habitués à ce dur travail | ||
+ | de précision. Et puis, il ne s’agit pas de traîner à la tâche, on est bien surveillé et par des gens qui connaissent le métier pour l’avoir exercé pendant des années! Si le temps est par trop mauvais et l’hiver trop | ||
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Version du 19 mars 2021 à 17:33
Sommaire
HISTORIQUE
LES METIERS [1]
Les métiers de Huy furent d'abord, suivant Jean d'Outremeuse en 1298, au nombre de quatre : les boulangers, les brasseurs, les mangons et les tanneurs et leurs statuts dataient du 12e siècle. Après les troubles de 1299, le nombre des métiers fut porté à onze et on vit apparaître celui des Vignerons et Coteliers.[ce dernier terme a parfois été traduit à tort par "couteliers", mais il s'agit de "cottiers" (en rapport avec les coteaux?)]. Il était attaché à la paroisse de Saint-Pierre, mais le patron des vignerons est saint Vincent, fêté le 22 janvier (et parfois aussi St-Martin). En 1610, le gouverneur du métier était I. del Haye, l'écu de la corporation montrait "Une grappe et une serpe". Au 18e siècle, le métier prit le nom du "Bon Métier des Vignerons", avec à sa tête, le gouverneur Jacques Jacquet en 1710, mais en 1733, ils étaient deux: Nicolas Jacquet et Martin Habar).
LES CEPAGES
Le vin du terroir de Huy a pour appellation le "BRIOLET". Il est produit à partir des petites grappes du Pinot noir de Bourgogne. Certains vignerons ont aussi sélectionné des grosses grappes comme la Rochaine, gros Pinot et la Rouasse, un bon Gamay. Les vignes à raisins blancs étaient plantées au début mais furent vite remplacées par du raisin noir. A la fin du 19e siècle, on fit des tentatives d'acclimatation de nouveaux cépages par exemple le Gros Pinot Bleu de Bourgogne planté par monsieur Nokin en 1875 pour remplacer le petit Pinot, qui était sujet à la coulure.
LES VIGNES
C’est au 5e siècle que le roi franc Clovis (puis Charlemagne au 9e siècle) commença à favoriser la vigne dans la vallée mosane. Du 9e au 13e siècles, les abbayes, qui possédaient déjà des vignobles à l’étranger, dans des régions moins septentrionales, décidèrent de développer une culture plus locale. La viticulture mosane connut son âge d’or du 13e au 15e siècle, malgré un net changement climatique survenu au début du 14e avec un temps plus froid, des étés frais et nuageux mais aussi des hivers rigoureux, ce qui ralentit beaucoup la production.
-Au Moyen Âge, aucune côte, aucun mamelon sur les deux rives n'était dépourvu de vignes, même si celles de la rive gauche profitaient mieux des rayons solaires.
-Au 17e siècle:
En 1617, le clos de la Buissière tenu par la famille Seba, qui la possède toujours aujourd'hui.
Extraits de "L'Ermite de la Sarte de Freddy Van Daele/2010": p.26: Dès l’année prochaine- (1635)-, il commencera à aider le maître-vigneron du Grimomont chez les Berlaymont au pied chemin de La Sarte. La viticulture bat son plein à Huy et on a besoin de vendangeurs, de bottiers, de fouleurs, de videurs et d’ouvriers aux pressoirs. Ce dernier travail est un des plus lourds et exige de manger beaucoup de viande rouge, Nöel essayera d’éviter celui-là, mais il se sent assez fort pour aller cueillir les grappes au couteau ou à la serpette, et même porter les hottes de terre, de fumier, de schiste ou encore fouler les raisins au pied dans les cuves et pourquoi pas aider à la mise en fûts.....p.29: Au mois de janvier 1636, la fête à saint Vincent, patron des vignerons, a quand même lieu comme chaque année en l’église Saint-Pierre-en Outre-meuse. L’ermite est parvenu à s’y faire inviter par le maître-vigneron du plus vaste vignoble de Huy (celui des Grands-Malades), cousin d’un des gouverneurs du Métier. Ce sont ces deux hommes qui l’ont mis en contact l’année dernière avec le responsable des vignes des Berlaymont où il a été engagé pour cette nouvelle saison au salaire de 8 patars la journée. Noël a calculé qu’il pourra empocher 1 écu, soit 80 patars, au bout de dix jours et cela le réjouit pleinement, même s’il se demande si ce ne sera pas trop fatigant de tailler les sarments dès le mois de février sous les gelées et la neige fréquentes en ce début d’année. Le vent du nord ne risque pas trop d’assaillir les ouvriers vu que le coteau est exposé plutôt sud, mais le froid sera quand même là pour engourdir et meurtrir les doigts qui ne sont pas habitués à ce dur travail de précision. Et puis, il ne s’agit pas de traîner à la tâche, on est bien surveillé et par des gens qui connaissent le métier pour l’avoir exercé pendant des années! Si le temps est par trop mauvais et l’hiver trop rigoureux, on attendra quand même le mois de mars pour commencer la taille.
-Au 18e siècle:
Vignoble Rorive en St-Hilaire appartenant au Baron J.Ferdinand de Vandersteghen et tenu en 1708 par Laurent Godet avec un bail de 9 ans.
Un autre vignoble à St-Hilaire appartenant à Maximilien de la Ruelle avec un bail de 3 ans en 1710 à Hubert Dorto; Réservé au propriétaire 2 paniers de raisin à chaque vendange.
Vigne del Coronne au Thier de Bordeaux. Le 2 avril 1729, son propriétaire Emile Gallior est en défaut de payement d'une rente sur cette vigne et il l'abandonne totalement à ses créanciers.
Vignes et jardins de la Fosse hors la porte St-Denis, dont le propriétaire Charles François, comte de Berlaymont partage moitié-moitié la récolte avec un repreneur Jean Goffar, bail de 3-6-9 en 1739.
Vignoble de Bordia (Bordeaux) de l'abbé de Neufmoustier, en 1743, convention 3-6-9 avec le vigneron Jean Macquet à condition de remplacer les vignes à raisin blanc par des vignes à raisin noir. Partage moitié-moitié.
Vignoble du comte d'Oultremont au Mont Picard, bail 3-6-9 avec Joseph Joiris, partage de la récolte à parts égales avec suppression du raisin blanc également en 1747.
Vigne de Mortchamp, hors la porte des Aveugles: en 1791, le chevalier Detru paye 17 écus (60 florins Brabant) à Nicolas Philippar pour l'entretien de la vigne, mais le vigneron ne pourra s'approprier quoique ce soit provenant de la vigne.
-Au 19e siècle
Une “Société Royale Horticole et viticole de l’Arrondissement de Huy” fut fondée en 1850, puis constituée en a.s.b.l. en 1922 pour pouvoir recevoir des subsides de l’Etat.
En 1960, Mr Charles Legot replanta le vignoble de Bois-Marie avec des ceps de Pinot noir. A son décès en 2007, on compta 1600 pieds de vigne, qui furent repris par messieurs Dirick, Lepage et Mestrez. Ils obtinrent une “A.O.C. en 2009 et 2010 , avec une production annuelle de 2000 bouteilles de vin blanc effervescent de cépages Riesling, Sylvaner, Chardonnay et Pinot gris.
Les vignobles suivants subsistent:
La Bonne Vallée, en Plumecoq
La Ruelle Yerpen, à l'Airbonne
Au Beau Rosier, à la Saisie
Aux Charlets
Aux Malades
Au Roc, colline de la Buissière
Place du Tilleul
En Cherave
St-Léonard Ben-Ahin
Pentes de la Sarte
Chantelière
Aux Alabastries
La Marjolet
La voie des Trokes (=des grappes)
-En 1980/1990, on voyait toujours en activité:
Charles Legot- Jules Marquet (clos de Leumont)-Camille Delvaux (clos du Roc)-Roger Dupont (clos des Terrasses)-Constant Seba (clos St-Hilaire)-Richard Breulet et Michel Brasseur (clos du Beau-rosier). Et plus tard, Jacques Mouton (clos du Bois-Marie).
-Actuellement, on peut encore voir les vignobles suivants: [2]
A HUY
Clos du Beau Rosier, Chaussée de Waremme
Clos du Bois Marie, Chaussée de Waremme 142a
Clos de Duresse, rue Duresse 39
Clos des Prébendiers tenus par Jacques Mouton, Thier des Malades 2
Clos du Roc, avenue Reine Astrid 65
Clos Saint-Hilaire, vignoble repris par Thierry et Jacqueline Nizet en 2010, rue Saint-Hilaire 10
Vignoble de Patrick Schiltz
A BEN-AHIN
Vignoble d'Armand Goreux
Vignoble de Basile Dorbolo
Le Clos de la Buissière, chemin de la Buissière 44. La famille Seba est installée à Huy depuis 1617 et ce, toujours dans la même maison ! En 1976, Constant Seba a reconstitué dans le quartier Saint-Hilaire, le vignoble de son grand-père exploité jusqu’en 1919. Le Clos Saint-Hilaire mêlait cultures maraîchères et viticulture, et même si ce ne fut jamais une grande exploitation, les 250 pieds qui lui permettaient toutefois de produire 400 à 500 bouteilles par an. Constant Seba est décédé en 2013, sa maison et le vignoble ont été repris par Dominik Seba, son petit-fils.
PRIX DE VENTE DU VIN
En 1562, 25 aimes de vin [3] sont vendus par le Grand Hôpital de Huy à un bourgeois local, le menuisier Arnult Art à raison de 15 florins de Huy par aime.
En 1567, Ottard Fréron achète du vin "mixte blanc et rouge" à Ottard de Brialmont au prix de 5 florins/Brabant par aime.
En 1584, le Grand Hôpital vend à Henri de Franchimont et H.Garitte toute la production des vignobles de Bovegnistier à Huy au prix de 11 florins/Brabant par aime.
En 1758, vente directe au pressoir du Curé de la production du vignoble de la Blanche Maison de St-Hilaire. Le prix inclut la gabelle d'1 florin/Brabant par aime imposée par la Ville.
FISC ET TAXES
En 1582, pécule et gabelle sur les vins du pays de +/- 1/2 florin/Brabant par aime.
Chaque année, en octobre est organisée une "visitation" des vins produits. Les deux bourgmestres et 6 membres du Conseil de la Ville viennent faire à chaque vignoble le comptage des aimes et adjugent la gabelle.
En 1739,on instaure une taxe à payer par les Hutois qui vont faire fouler leur raisin dans le Comté de Namur pour éviter l'impôt hutois. Elle est d'1 florin de Huy par aime, c'est-à-dire 20 sous.
VIDE-BOUTEILLES
Ce sont des cabinets édifiés dans les vignobles, d’abord au milieu puis à flanc de coteaux sous la forme d’un petit édifice octogonal ou belvédère en briques à toiture en pavillon, à haute porte et pourvu d’une terrasse sur une citerne. Il y en avait au Long Thier, aux Grands-Malades, à Plumecoq (Statte),…
PRESSOIRS
A vis en bois. Il y en avait un au pied du Thier d'Erbonne, il appartenait au chanoine Clossar de St-Paul de...Liège. Nous avons vu ci-dessus que le curé se St-Hilaire possédait son propre pressoir.
LE DECLIN
A l'époque contemporaine, il est surtout dû à la plus grande facilité des moyens de communication, les vins étrangers, de France, de Rhénanie, etc. arrivent chez nous en grand quantité et à meilleur compte. Et il y a aussi la concurrence de la bière !
Les guerres du 17e siècle furent très funestes pour la viticulture hutoise ( on a signalé que les troupes de passage n'hésitaient pas à se chauffer du bois des ceps!). Il y eut aussi la grande épidémie de peste en 1636, puis l'incendie de la ville par Louis XIV causant l'exode de nombreux habitants.
Heureusement, le vin hutois connut quand même de beaux jours aux 18e et 19e siècles.
A notre époque industrielle, la fumée des usines fut nocive aux vignes, mais ce qui leur causa le plus de tort ce fut le changement de mentalité des maraîchers vignerons, qui remplacèrent petit à petit leurs ceps par des cultures mieux adaptées au climat et aux besoins de la population, comme les fraisiers, les graines les cerisiers, plus rémunérateurs. Les maladies de la vigne furent mal gérées par manque de sélection des plantes et défaut d'engraisser la terre. Nos contrées connurent deux guerres successives. Vols, destructions, maraudes,.. Acheter de nouveaux plants coûtait très cher, les ouvriers exigeaient de meilleurs salaires, les légumes poussaient plus facilement et avaient un meilleur rendement...
SOURCES
- J.M.DOUCET Histoire d'une ville. Huy, la cité vigneronne. Le vignoble hutois dans les archives du XVIe au XVIIIe siècle. CREDIT COMMUNAL 1992. pp.95-130.
- ELISEE LEGROS La Vigne. Territoire de Huy in ENQUÊTES DE LA VIE WALLONNE TOME V JAN/DEC 1948 pp.1-64.
- www.musee-gourmandise.be/fr/77-musee-gourmandise/articles-fond/137-le-vignoble-mosan.
- www.vindeliege.be/la-vigne-en-belgique/L-Histoire.
- www.marcvanel.be/confreries-et-associations-vinicoles-en-wallonie.
REFERENCES
- ↑ voir http://www.wikihuy.be/index.php?title=Anciens_M%C3%A9tiers_de_Huy
- ↑ Wikihuy http://wikihuy.be/index.php?title=Vignobles
- ↑ une aime de vin équivalait selon les régions à une capacité de 135 à 160 litres, mais à 180 litres à Huy, c’est-à-dire 140 bouteilles à grosse panse ou pots d’ 1,28 litre