Le Jeu de Huy : Différence entre versions
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Version du 23 mars 2017 à 16:07
Vous aimez les belles images ? Plus que certainement !... Chacun, n'est-ce pas, garde, au fond de sa mémoire, le souvenir de ses lectures d'enfant, où, dans un décor de château, de rudes seigneurs en armure disaient adieu à de balles dames au cou frêle et aux bras tendus de voiles. Les belles images d'autrefois, ce sont encore des guerriers portant lance et oriflammes et partant pour la Croisade, ce sont des moines ou des nonnettes agenouillés dans la paix des couvents, ce sont aussi des chantiers d'églises où des maçons s'affairent.
Ce sont rarement de pauvres gens chassés de leur maison incendiée par les armées et vaut d'aumônes quêtées le long des routes.
Eh bien, le Jeu de Huy, c'est un peu tout cela ! C'est un dépaysement, un retour en prière au cours duquel la ville de maintenant garde passer les scènes de grandeur et de misère de son histoire, revoit le jour de sa naissance, les étapes de sa croissance, les nées de servitude guerrière et de paisible bonheur.
Jusqu'au début de ce siècle, les villes étaient pareilles à des amnésiques. Le voyageur qui se trouvait sur son chemin cherchait, en vain, savoir d'où elles venaient, l'origine de telle plaie ou de telle parure, les événements qui leur avaient donné, sur le visage, cet air range, hautain ou silencieux. Mais les villes modernes, pas plus que les gens, n'avaient de carte d'identité : de temps en temps, quelqu'un savait un détail, mais c'était peu de chose par rapport aux trésors de poésie et de palpitation humaine que les vieilles murailles contenaient et dissimulaient. Depuis la dernière guerre, les villes modernes sont allées à la recherche de leur passé, elles ont noté, année après année, les éléments de leur destinée. Et, quand le touriste (ce nouveau déguisement du voyageur) apparaît, elles ont un passeport tout prêt, et elles sont heureuses s'il les trouve belles et s'attarde auprès d'elles.
Auprès de lui, elles s'abandonnent à ces crises de psychanalyse qui sont si à la mode depuis que Freud a montré l'importance des souvenirs enfouis dans le subconscient. Le Jeu Huy n'est, à bien y songer, qu'une séance psychanalyse hutoise...
Début de l'histoire
Comment cela a commencé ? Oh ! tout bêtement, par une simple question d'argent. Depuis dix ans, deux Hutois bien connus, l'historien M. Discry et le journaliste J. Deffet, s'essoufflaient à propager l'idée d'un jeu théâtral en plein air qui permettrait de donner au public en général et aux citoyens de la ville en particulier, un aperçu du curriculum vitae de leur bonne cité. En vain, hélas ! car les fonds manquaient.
Subitement, l'exposition de Bruxelles, en mobilisant des capitaux énormes, mit à la disposition des provinces quelques millions destinés à ne pas laisser le pays dans l'ombre et le silence, à l'heure où la capitale ruisselait de lumière et de musique.
La province aussi allait vivre une belle année 1958... Le gouverneur de la province de Liège, M. Clerdent, convoqua le secrétaire com-munal, M. Rosmant, et le président du Syndicat d'Initiative, M. Lambotte, et, leur montrant son tiroir bourré d'argent, leur demanda ce que la ville de Huy pourrait offrir en échange. Ils répondirent aussitôt en choeur : « Le Jeu de Huy ! » En hâte — on était en septembre 1957 —