Journée de lutte contre la pauvreté (Huy) : Différence entre versions

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Version du 20 octobre 2014 à 13:41

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Edition 2014

Cette journée a lieu le 17 octobre 2014 sur la Grand Place de Huy de 10 heures 30 à 14 heures 30

Témoignages

Marie-Noëlle

Je m'appelle Marie-Noëlle et j'ai 68 ans.
Pensionnée depuis trois ans, le revenu de pension d'indépendant ne me permet pas de vivre décemment.
Avant ma vie professionnelle était bien remplie et les rentrées d'argent suffisantes.
Je me suis toujours occupée de travaux administratifs et aussi de fabrication et de commerce. J'ai rencontré des gens influents et importants, diverses sociétés dans lesquelles je faisais un audit et j'ai aussi assuré les postes de responsabilité administrative, comptable et financière d'une filiale étrangère installée en Belgique.

Depuis, de manière intermittente j'ai du travail dans ces mêmes domaines mais le dernier patron de société n'a pas payé ce qu'il me doit, sa société ayant fait faillite et depuis je suis sans travail.

C'est ainsi que les réserves financières ont fondu et je me retrouve dans des situations de plus en plus négatives: je vis ces dégradations avec beaucoup de tristesse, la misère viens très vite, les appareils se sont abîmés :

  • On n'a plus d'eau chaude.
  • La machine à laver et le séchoir sont en panne.
  • Le frigo fonctionne grâce à un bricolage.
  • L'installation de chauffage n'est plus entretenue et le mazout manque.

On a froid et on a faim; on mange souvent les mêmes choses, c'est-à-dire très mal; le diabète s'installe ainsi que le cholestérol et on grossit car on mange plus de pain, de pommes de terre au lieu de légumes et de viande maigre.
On ne bouge presque plus de chez soi car on ne sait pas acheter beaucoup de carburant, de plus la voiture devrait être réparée et pour finir on reste confiné chez soi.

Je me sens exclue, abandonnée et incapable de m'intégrer dans le monde actuel du travail, je n'ai plus la santé pour prester un temps plein et ne répond donc plus à ce qui est recherché, je suis trop vieille et trop qualifiée comme disent certains.

J'ai contacté la plupart des commerces et industries de Huy et environs pour que quelqu'un me confie un travail, j'avais l'hiver dernier besoin de gagner 500 euros pour 250 litres de mazout, personne n'avait besoin de moi; j'ai dù choisir entre avoir un peu chaud et faim ou avoir froid.

Je suis retournée au CPAS pour obtenir une aide pour du mazout et des frais médicaux (frais médicaux qui entre-temps me sont aujourd'hui réclamé par voie d'avocat); cette aide a été refusée par le comité du CPAS parce que nous avons une société; or c'est cette société qui permet de facturer les prestations et donc de gagner encore de temps en temps. Le choc du refus est dur à encaisser, nous allons sûrement pouvoir nous chauffer en brûlant les dossiers et manger les documents !

La situation dans laquelle je me trouve a permis que je comprenne pourquoi, très souvent, les gens ne se plaignent plus, ne parlent plus et se terrent, renfermés chez eux. Moi je n'ai presque plus rien et le phénomène s'est pourtant déjà enclenché, on se sentirait tellement laid si on mlontrait à autre que soi la misère dans laquelle on a glissé. Pourtant, personnellement, je ne me sens pas laide, vis-à-vis de moi je n'ai pas changé.

Bien sûr je pourrais demander aux enfants; parfois ils me donnent spontanément et je ne puis me résoudre à leur demander davantage, ce qui reviendrait quelque peu à leur forcer la main.
Bien sûr s'ils donnaient plus c'est qu'ils le voudront bien ! Comme c'est facile de se contenter de cette pensée-là, comme c'est confortable !
Seulement, comment pourrais-je faire abstraction de l'éventualité qu'ils se forcent un peu ou beaucoup pour me flaire plaisir et dans ce cas je ne serais pas très éloignée d'une forme de chantage sentimental. Je ne puis accepter cette idée d'autant plus qu'alors, les aliments que je recevrais auraient un goût bien amer.

Je vais retourner à la Croix Rouge, cette organisation qui heureusement est encore soucieuse d'aider les gens et aussi retourner voir les gens du marché qui donnent au lieu de jeter. Quand à avoir du chauffage, je ne sais plus à qui m'adresser, la maison est déjà humide et l'hiver approche ! Je continue à chercher du travail et je cherche aussi à intéresser des Autorités à ce que je peux encore faire dans les domaines qui touchent à l'amélioration de la qualité de vie et à la sauvegarde des énergies.

Alors pour terminer je voudrais vous lire un poème qu'une femme dans ma situation à écrit le siècle dernier.

Poème
                                                                  Que de morts il fallut, que de morts à soi-même
pour enfin accepter simplement ce qui est.
                                                                  Lorsque l'on est nanti, lorsque sourit la chance,
il est aisé de croire qu'on peut vivre sans rien
et que dans cet état on garde l'apparence
de l'être que l'on est, bref, de quelqu'un de bien.
                                                                  Moi, je n'ai pas voulu me démarquer du monde,
encore moins faire partie d'un autre devenir
mais la vie a placé et la pierre et la tombe,
elle me plaqua au sol effaçant l'avenir.
                                                                  Ne vous méprenez pas, je ne demande rien
car je n'ai demandé que ce que l'on jetait.
Puisque ce que l'on jette est à qui ne vaut rien,
grâce à vous j'ai appris ce que c'est d'être laid.


                                                                  Et le regard de l'autre, tout empreint d'arrogance
reflète ce mépris qui nous colle à la peau,
le sentiment profond de notre déchéance.
Vint l'incroyable peur qui nous glaça les os.
                                                                  Hurler au désespoir avant de chavirer,
ne plus savoir pleurer, être oublié des autres,
dans l'antre de la nuit se recroqueviller !
Grâce à vous j'ai appris ce que c'est qu'être pauvre.
                                                                  J'ai vu de jeunes loups imbus et satisfaits,
des tas de vieux débris coulant de suffisance
abîmer à dessein ce qu'ils nous prodiguaient
et, d'une joie rentrée, nous plaindre ou nous comprendre.
                                                                  On n'a pas demandé d'être plaints par personne
d'ailleurs on n'a jamais rien demandé du tout
si ce n'est le respect qu'on doit à tous les hommes
qui tentent de survivre dans ce monde de fous.
                                                                  L'amour existe peu, le rêve est une arnaque.
Faut-il donc humilier ceux qui ont perdu
pour se croire arrivé quelque part à sa place ?
Y a-t-il un endroit réservé aux exclus ?
                                                                  Toutes leurs émotions, paroles de silence
Est la dentelle fine de leur dignité;
c'est le dernier refuge où commence l'attente
de trouver quelque part un peu d'humanité.
                                                                  Tantôt, vous penserez que ceci est un mensonge,
que tout n'est pas si mal quand on ne crie jamais,
que tous ces gens simulent ou que que ,les gens se trompent !
Ils ont bien trop soufferts pour ne pas être vrais.
                                                                  Faites sonner les cloches à l'entente des hommes.
L'église s’entrebâille lorsque la peine est là;
sur les carreaux glacés des misères somnolent
Mais lorsque Dieu existe, a-t-il bien voulu ça ?
                                                                  Si quelqu'un d'entre vous, du haut de sa superbe
Me dit un jour "Madame, comment est-il possible ?"
                                                                  Je lui dirai "Patience, c'est une question de temps,
lorsque le sort s'en mêle et qu'il ne reste rien
que l'amer goût du vide, quelques pièces d'argent
vous mangerez peut-être de la viande pour chiens."

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