Leon Jamart : Différence entre versions
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Version du 5 février 2015 à 11:26
Pratiquement tous les Hutois, Wanzois, navetteurs de train et fans de YouTube connaissent Léon. Un personnage atypique à la voix éraillée, aux cheveux en désordre, aux accoutrements bizarres. «Non, je ne suis pas habillé en femme, se fâche Léon. J'aime la mode écossaise, voilà pourquoi je suis ainsi vêtu. J'aime aussi l'Inde. Non pas être habillé à l'Indienne, mais à l'Inde. Vous n'y connaissez rien.»
Et Léon de s'engouffrer dans un grand monologue. Difficile de croire qu'il a passé une dizaine d'années dans un institut pour sourds et muets à Liège... «Mes parents avaient de meilleures allocations familiales, se souvient Léon. Quand je suis revenu à 21 ans, j'avais appris le métier de garnisseur. J'ai vécu avec eux quatre ans, puis je suis parti vivre à côté. Je louais la maison.»
Ensuite, il y a une dizaine d'années, la maison est devenue insalubre. La commune de Wanze a relogé Léon dans une maison à Moha, qui a connu le même sort. Alors Léon a transité dans un centre d'accueil "Oxygène", durant deux ans, ensuite dans un autre dont nous n'avons pas pu deviner le nom, c'est que Léon est parfois difficile à comprendre.
«Entre-temps, mes parents sont morts à une semaine d'intervalle à Madagascar, continue Léon. J'ai hérité de la petite maison à Antheit, à Joli Fond. Oui, on dit Joli Fond, jolis voleurs. Oui, c'est la maison insalubre. Mais on ne veut pas que je vive dedans. Monsieur le juge veut la mettre en vente, je ne suis pas d'accord.» Alors sur une vitre, on a écrit en fluo, la même couleur que les collants de Léon : «Cette maison n'est pas à vendre».
Et depuis Léon vit dans la rue, à Liège. «J'ai un abri de bus à Saint-Laurent, raconte celui que certains surnomment Léontine. Je ne sais pas s'il faut le mentionner, car je ne voudrais pas que d'autres viennent le squatter. J'ai mon sac de couchage. Pour me laver, je me rends dans un centre trois fois par semaine et les autres jours, je vais à la fontaine. Pour manger? Je vais me nourrir dans un autre centre. Le soir, je vais dormir vers 22 h et me réveille souvent vers 3 h. Il ne faut pas croire mais il y a beaucoup de passages dans la rue. La journée? Je m'occupe de mes affaires sociales.»
Et tous les mercredis, Léon revient à Huy : «Je vais faire mon tour au marché, manger à la Croix Rouge, relever mon courrier à Joli Fond. Ensuite, je reprends le train de 38 minutes. L'heure? Cela dépend des amis que je rencontre.»
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