Charte de Huy (1066)
Historique
En 1053, la ville de Huy avait été incendiée à la suite d’une expédition du comte de Flandre, Baudouin V. Dans les années qui suivirent, Huy se releva peu à peu de ses ruines sous l’impulsion du prince-évêque Théoduin. Ce prélat décida de faire de la ville détruite un centre puissamment fortifié qui défendrait à la fois le passage de la Meuse et l’accès du Condroz et de l’Ardenne. La ville serait ainsi prémunie contre les ambitions territoriales des comtes de Namur et de Louvain ainsi que des expéditions militaires des comtes de Flandre et de Hainaut.
Ce projet réclamait des sommes considérables dont le prince-évêque ne disposait pas. Il fit alors appel au concours financier des bourgeois de la ville qui acceptèrent de verser une contribution volontaire s’élevant à un tiers puis à la moitié de leurs biens meubles.
En remerciement et en compensation de cette aide financière, le prince-évêque octroya, le 27 août 1066, une charte de franchise aux bourgeois de Huy.
Cette charte de franchise faisait de Huy un endroit privilégié en regard des territoires voisins. Elle conférait aux habitants de la cité un statut de bourgeois particulièrement favorable à l’essor social et économique de la ville. Elle établissait :
- Le statut juridique des habitants
- Le droit et les procédures pénales (interdiction de vengeance privée et recours obligatoire aux tribunaux).
- Les procédures en matières civile et commerciale menant à un recours systématique au serment et aux cojurateurs, ainsi qu’à un meilleur fonctionnement du crédit.
- Les obligations militaires des bourgeois qui ne devaient le service armé au prince-évêque que dans de rares cas.
- Les droits seigneuriaux vis-à-vis des serfs étaient aussi limités, ce qui leur enlevait leur caractère arbitraire.
Le prince-évêque, en attribuant cette charte, voulait jouer la carte d’une bourgeoisie naissante pour se prémunir contre les féodaux voisins qui étaient beaucoup moins sûrs.
Confisquée en 1408 par la Sentence de Lille suite à la bataille d'Othée, la charte originale fur remise à l'abbaye des Ecoliers à Mons et n'a jamais été restituée à Huy! Si bien que l'on ne connaît malheureusement pas la charte des Hutois dans son texte original, mais par un simple résumé.