Bacasable 17
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Villers Emile et famille
Emile Isidore VILLERS est né le 22 mai 1899 à Ouffet, c'est un des trois fils de François Joseph Arthur VILLERS né le 26 février 1871 à Ellemelle, cultivateur, tailleur de pierres à son mariage et de Rosa Marie Joseph SPRUMONT, négociante de coopérative, née le 4 juillet 1873 à Sclayn voir tombe D160.
Il a un frère aîné, Marcel et un frère cadet, Paul.
Emile Isidore VILLERS épouse le ???? à ???? Joséphine ????
Quatre enfants naîtront de cet union : Arthur, Fernand, Paul et Marie-Thérèse.
Nous laissons ci-dessous le soin à son fils Paul de dresser le portrait de la famille et en particulier de son père.
De Paul Villers, le 2 décembre 2017
Les trois frères VILLERS, Marcel, Emile et Paul habitaient rue de Temme dans la maison qu'occupera plus tard Joseph HAZEE.
Mon grand-père était ouvrier à la carrière située en face. Je possède encore quelques burins sur lesquels sont gravés ses initiales.
Il était originaire de Heyd. Ma grand-mère, née SPRUMONT, faisait partie de ces quelques familles de carriers provenant de Sclayn qui avaient migrés à Ouffet. Une pépinière socialiste ! Elle était la cousine de Joseph SPRUMONT connu pour ses qualités de sculpteur. On lui doit ainsi le soldat du monument aux morts, le buste du Baron de FAVEREAU de JENNERET ministre des colonies sous Léopold Il , l'autel majeur et le banc de communion de l'église et de nombreux monuments funéraires.
Mon grand-père est décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 53 ans. Son épouse reprit alors la gestion du magasin de la «coopérative Saint-Joseph» enclavée dans les
bâtiments de l'actuelle école secondaire, rue du Perron.
Ses fils Marcel et Paul étaient alors internes à Saint-Roch. Tous deux emportèrent la «médaille d'or» récompensant les élèves qui avaient été premiers de classe lors des trois trimestres des 6 années avec au moins 80% !
_ Marcel, l'aîné, fait des études de ???? et vivra beaucoup à l'étranger, notamment à Paris.
_ Paul fera également des études et sera ordonné prêtre en ????
Impossible pour ma grand-mère d'assurer la scolarité du troisième.
_ Emile, mon père, se forma alors lui-même. En 1918, cet autodidacte, alla à pied jusque Huy, passer les examens au jury central. Il en revint avec le diplôme d'instituteur ! Il obtiendra encore une qualification de géomètre et d'enseignant dans l'enseignement spécial.
Particulièrement doué en mathématiques, il fut un des premiers maîtres à qui l'on confia le 4ème degré de l'enseignement primaire permettant aux élèves de respecter la nouvelle obligation scolaire portée à l'âge de 14 ans. Ils en venaient à vélo de nombreux villages environnants.
Il enseignera à l'école primaire Saint-Joseph rue du Perron à Ouffet de ???? à ????
J'ai relu avec émotion les hommages qui lui furent rendus à l'occasion de son décès. L'un des intervenants y dit qu'il était un «homme de granit» qui symbolise à la fois la force et le feu. Ce feu se manifestait alors parfois en colères non-retenues. Ce n'était pas toujours facile à vivre pour nous ! L'explication serait peut-être que ce autodidacte connaissait mieux que quiconque la chance de l'école, pour beaucoup seul ascenseur social.
Après l'école, des élèves en difficulté bénéficiaient de leçons de rattrapage gratuites et plusieurs de nos cousins ont été hébergé pendant l'entièreté de l'année scolaire pour une remise à niveau. Je puis témoigner de sa volonté farouche que ses élèves «arrivent».
Lors de ses dernières années, ses colères furent amplifiées par l'apparition de crises d'urée s'ajoutant à la faiblesse cardiaque. Cependant ses dernières années furent très apaisantes. Il décéda à son domicile le 22 juin 1984 à l'âge de 85 ans.
Il cumulait également les fonctions bénévoles de secrétaire de la mutuelle Sainte Barbe, uniquement gratifiée par des décorations, et de président du bureau de vote aidé en cela par Joseph HAZEE, secrétaire perpétuel. Par contre, son activité d'organiste était modestement rétribuée par la Fabrique d'Eglise. Impossible de comptabiliser le nombre d'offices qu'il a accompagné. Une garantie certaine pour l'éternité !
Nous avons vécu à Ouffet une enfance heureuse rythmée par le son de deux cloches : celle de l'école et celle de l'église.
La douceur de maman, discrète main de fer dans un gant de velours..., tempérait les «coups de sang» de son époux. Avant son mariage en 1933, elle avait travaillé vingt ans dans l'importante ferme dite «du Pape» à Ochain, exploitée par son père.
Son grand-père paternel Nicolas GATHY avait construit en 1856 le moulin de Néblon-le-Pierreux, hameau de la commune d'Ouffet.
Générosité, accueil mais aussi exigence et travail étaient les maîtres-mots de la maison. Gratitude leur soit rendue!
De Marcel Villers, frère d'Emile. Souvenirs de prime jeunesse
Mes deux gattes _ Mes deux chèvres
I | |
Ouïe qui nos estons al'fiesse | Aujourd'hui que nous sommes en fête |
Dji m'rappelle tote noss jônesse | Je me rappelle toute notre jeunesse |
Les sov'nirs dès timps passés | Les souvenirs du temps passé |
S'dispierté d'tos les costés | Se réveiller de tous les côtés |
Dji r'veus Temme è ses pireyes | Je revois Temme et ses carrières |
Li fond d'Routâ, l'route di Warzèe | Le Fond de Rouva, la Route de Warzée |
Li fond d'Binde, li cinsse dè Bou | Le Fond de Bende la Ferme du Bout |
Ou ki n'zalli to les djous | Où nous allions tous les jours |
A c'esteus l'bon timps N'z'estins des gamins | Ah, c'était le bon temps, nous étions des gamins |
Fwert heureux et tô pleins di corèdje | Très heureux et pleins de courage |
A 4 heures et d'meie di scole to riv'nan | A quatre heures et demie en revenant de l'école |
Nos mînîs nos gattes à champ | Nous conduisions nos chèvres aux champs |
II | |
Des gattes on s'moke co traze fèies | Des chèvres, on se moque souvent |
Portant elles sont respecteyes | Pourtant elles sont respectées |
D'lhistwere è des écrivains | De l'histoire et des écrivains |
Ca c'est l'vatche des pôves djins | C'est çà la vache des pauvres gens |
Les homes di deûzème Empire | Les hommes du deuxième empire |
D'leu bâbes di gattes esti fîrs | Etaient fiers de leur barbe de chèvre |
Es'schole on jase co sovint | A l'école on parle encore souvent |
Del gatte da Moncheu Seguin | De la chèvre de monsieur Seguin |
L'ci qu'a n'tchesse comme incplaten | Celui qui a une tête comme ???? |
Bahreu n'gâte inte les 2 cwènes | ???? chèvre entre les deux cornes |
Dè mèchantes feumes on dit | Des méchantes femmes on dit |
Quènes môles gattes mes amis | Quelles «Môles gattes» mes amis |
Vos'elles n'aimez nin? dji vz'a bin mostré | Vous ne les aimez pas ? Je vous ai bien montré |
Qui des gatte on z'a twert dè rire | Que des chèvres on a tort de rire |
Mi dj'ennè so fir. Ossi dji pou dire | Moi j'en suis fier aussi je peux dire |
Vive les gattes è les gatlîs | Vive les chèvres et les chevriers |
III | |
Aklèvé à lècê d'gatte | Elevé au lait de chèvre |
Magneu d'crompire cwène di gatte | Mangeur de pommes de terre «Cwène di gatte» |
Et tô fer a cou des gattes | Et tout le temps derrière les chèvres |
On d'vint makté comme in'gatte | On devient têtu comme une chèvre |
On dit què laid caractère | On dit "Quel laid caractère" |
Et portant on za bin twèrt | Et pourtant on a bien tort |
Fà sèpi çou qu'on voût | Il faut savoir ce qu'on veut |
Ou bin on n'fait rin du tout | Ou bien on ne fait rien du tout |
Po esse respecté fà sèpi kmander | Pour être respecté il faut savoir commander |
Esse mohone è d'vins les affaires | A la maison et dans les affaires |
Pô nin s'lei fé c'nest nin compliqué | Pour ne pas se laisser faire, ce n'est pas compliqué |
Fève gâttli vo l'apprindrez | Faites-vous chevrier et vous apprendrez |
IV | |
Rivn'ant dè tchamp al vesprèe | Revenant des champs en soirée |
Inte mon Body el pirèye | Entre chez Body et la carrière |
No longî s'ton bè frumint | Nous longions un beau froment |
Propriété d'mon Germain | Propriété de chez Germain |
Et naturèlmint mes gates | Et naturellement mes chèvres |
Chaque feye s'regali comme kwatte | Chaque fois se régalaient comme quatre |
Min par malchance non di hu | Mais par malchance nom d'un chien |
On djou l'cinscresse m'touma dsus | Un jour la fermière me tomba dessus |
A sacré gamin. Vo n'fi djinnè nin | Ah sacré gamin, vous ne vous gênez pas |
Cria t'elle tote rotche di colère | Cria -t-elle toute rouge de colère |
Niz'waré nin respondatch doucmint | Ne vous étonnez pas lui répondis-je doucement |
Mes gattes fè ça d'poye longtimp | Mes chèvres font çà depuis longtemps |
V | |
D'jtravayarès cô kèque z'anneyes | Je travaillerai encore quelques années |
Puis sol fin di m'vicoreye | Puis à la fin de mon parcours |
Al'campagne dji m'va retirer | A la campagne je vais me retirer |
Et là dji l'airè viker | Et là je me laisserai vivre |
Mins s'l'seront longues les journeyes | Mais elles seront longues les journées |
Si elles ni sont nin bin rimpleyes | Si elle ne sont pas bien remplies |
On s'annoye tant a n'rin fé | On s'ennuie tellement à ne rien faire |
Fà kwèri à s'occuper | Faut chercher à s'occuper |
Rifé des affaires, Rifé des voètjes | Refaire des affaires, refaire des voyages |
Nenni dj'n'orè pu l'coredje | Non, je n'aurai plus le courage |
Min dji à tûsé è d'ji so fixé | Mais j'ai pensé et je suis fixé |
Savez-bin çou qui dji va fé | Savez-vous bien ce que je vais faire |
VI | |
Et bin dji rtarè des gattes | Et bien je reprendrai des chèvres |
Ine grande gatte è n'pitite gatte | |
Li grande ci sèrè Jeannette | |
Et lip'tite sèrè l'Biquète | |
Elles gripront so les houreyes | |
Et les rotchés dèl pireye | |
Elles tondront les verts bouhons | |
Puis iront s'ta mawèron | |
VII | |
N'a noule d'justice so cisse terre | |
On n'el crirè moie trop fwère | |
Les plus malins n'fisè rin | |
Et les autes trimèt tot l'timps | |
C'est l'histwère da mon nos autes | |
Li pu djone, on drole d'apote | |
S'arranjive bin po fé fé | |
To l'ovredje pa ses deux frés | |
Nos zestis djintis m'fré Emile et mî | |
No n'rinâki moie à l'ovredje | |
Min nosse pu djonne fré fo bin l'avouwé | |
Di nos autes a bin profité | |
VIII | |
N'allève moie avou les gattes | |
Li grande gatte et li ptite gatte | |
Li grande qu'on louméve Jeannette | |
Et li ptite esteu l'Biquette | |
N'allève nin dvins les houreyes | |
Ni les rotchés d'el pireye | |
L'estût fir! L'estût gôté | |
Marcel VILLERS