Saint Jean l'Agneau
JEAN, seigneur très riche que le peuple surnommait: « l'Agneau », en raison de son extrême douceur était le fils de Jean, seigneur de Hermalle.
Décédé au début du vie siècle (on trouve les années 5961, 625/6262,3 ou encore 6314,5 ou même 639/6406 selon différents auteurs)
Il vivait à Tihange en saint homme, son existence étant partagée entre la prière, la méditation et le travail. Hériger, l'un des plus anciens chroniqueurs, nous a laissé quelques renseignements précieux sur saint Jean l'Agneau. Pour Godefroid Kurth, cet auteur du Xe siècle peut être considéré comme l'annaliste le plus sérieux de son temps. Les premiers narrateurs n'écrivant que quelques siècles après sa mort, des légendes sur Jean l'Agneau sont nées et ont été admises comme histoire « véridique ».
Le 24e évêque de Tongres, saint Ebregise, venait de mourir et son clergé était indécis sur le choix du successeur. Hériger rapporte que saint Jean l'Agneau cultivait ses champs, lorsqu'un étranger en habit de pèlerin lui déclara que Dieu l'avait choisi comme évêque de Tongres.
Jean très humble se croyant indigne d'exercer une telle charge s'écria: «C'est aussi impossible pour moi d'être évêque qu'à ce bâton de reverdir, de fleurir et de porter fruit ». Disant ces mots, il planta le bâton en terre et, prodige ! le bois se couvrit instantanément de verdure et de fruits [1]. La nouvelle de ce miracle se répandit et le clergé réuni à Maastricht pour son élection y reconnut un signe éclatant et surnaturel. Il fit venir Jean pour le sacrer. Dagobert, roi d'Austrasie agréa cette élection. Elle doit se situer entre les années 622 et 628. Succédant à Clotaire II, Dagobert devint ensuite roi des Francs en 629. D'après le chroniqueur Fisen: Sur le chemin du retour de Rome où les nouveaux évêques se rendaient pour prier sur les tombeaux des SS. Pierre et Paul, Jean rencontra un saint ermite nommé Monon qui lui marchait vers la Ville Eternelle. L'évêque aurait demandé au pèlerin de lui rapporter le manteau qu'il avait oublié à Rome: souci d'autant plus compréhensible au moment où, quittant le climat italien, Jean l'Agneau devait ressentir le froid des montagnes. Les vieilles chroniques écrivent «pallium », et les historiens ergotent pour savoir comment un simple évêque pouvait avoir reçu le « pallium» ornement généralement réservé aux archevêques. Ils oublient que le mot « pallium» voulait avant tout dire: «manteau ». Cette rencontre avec Monon devait sceller une amitié véritable. Ayant appris l'assassinat de son ami, l'Evêque Jean fit construire à Nassogne [2] une église sur les lieux du crime et délégua des clercs de Huy pour y assurer les offices. A Nassogne, on reste conscient du rôle joué par Jean de Tihange, dans le rayonnement du culte du Saint.
Hériger avance que saint Jean l'Agneau pourrait être le fondateur de l'église des SS. Côme et Damien, dans le château de Huy. Saint Jean mourut à un âge avancé: «moins chargé d'années que d'ceuvres pies ». Par son testament, il institua son clergé et son peuple héritiers de tous ses biens [3]. Le Pré l'Evêque et le bois de Tihange constituaient ce patrimoine. «Saint Jean l'Agneau fut enterré selon son désir, près de la chapelle des SS. Côme et Damien, au château de Huy, dans l'espace qui la séparait du mur et de la cour ronde: sa tête du côté de la chapelle et les pieds vers le mur[4].» Jean II d'Eppes, 66e évêque de Liège, fit l'exaltation des reliques de saint Jean l'Agneau, en 1230. (Cfr : Maurice, abbé de Neufmoustier, à Huy): «Il déposa les ossements dans l'autel des SS. Côme et Damien et, ayant reculé cet autel contre le mur, il le consacra de nouveau. Le tombeau portait l'inscription suivante: PER STIMULI FLOREM TULIT AGRICULTOR HONOREM.[5] » En 1673, le chanoine de Nassogne reçut de son confrère de la Collégiale de Huy une relique (un tibia) de l'ami de leur saint patron. La seule relique qui nous reste de saint Jean se trouve donc actuellement à Nassogne, dans la châsse de saint Monon. Les restes du bienfaiteur de Tihange ne furent jamais retrouvés. Ont-ils disparu lors de l'explosion provoquant la ruine du château ? (sous le règne de Louis XIV). Ont-ils été scellés ou dorment-ils encore à quelques pas de la Collégiale ? Nul ne le saura jamais !... La Fête de Jean l'Agneau se célèbre à Tihange, le lendemain de la dédicace de l'église paroissiale. Walter Falisse, curé de Tihange de 1765 à 1791, écrit: «Le lendemain de la dédicace de notre église, la coutume est de chanter une messe solennelle à l'honneur de saint Jean dit l'Agneau, seigneur temporel de Tihange, évêque de Tongres. Suivant la tradition, cette messe est l'anniversaire de ce saint évêque pour laquelle il doit avoir légaté à un curé la portion de disme qu'il perçoit sur la Sarte et même celle qu'il a dans tout le district de Tihange, selon le mémoire que j'en ai trouvé dans un vieux registre de l'an 1414 couché en ces termes: Mémoir que le prestre de Tihange doit chanter l'aniversaire de Jean dit l'Agneau, évêque de Liège qui at laissé à un curé de Tihange la tierce parte de tous les dismes de la Hautour et paroiche dudit Tihange et son chafauge sur le Bois.»
Référence
- ↑ Dans le choeur de l'église paroissiale de Tihange se trouve la peinture sur bois représentant saint Jean l'Agneau (XVIII' s.)
- ↑ Nassovia, Nassonia: ce dernier nom semble être celui d'un ruisseau.
- ↑ La tradition veut que les bois communaux de Tihange proviennent de son héritage, Jusqu'en 1953, moyennant une légère redevance, chaque famille de la commune recevait une portion de taillis désignée par le sort, dans les bois communaux.
- ↑ Jos. Brassinne: «La 1" histoire de Huy. L'oeuvre de Maurice de Neufmoustier » (pages 119, 120).
- ↑ ... «En l'honneur de l'agriculteur dont le bâton a fleuri.