De l'école industrielle de Huy à l'’IPEPS HUY-WAREMME... Regard sur 175 ans d'enseignement pour adultes
Sommaire
PREFACE
On ne peut comprendre l'importance de la formation des adultes, son intérêt social, culturel et économique pour le Bassin liégeois, si on ignore pourquoi, quand, comment et par qui elle a été mise en œuvre.
Hier Ecole communale, Institut provincial depuis 1963, notre établissement hutois d'enseignement de Promotion Sociale fête, cette année, cent septante-cinq ans d'existence.
Cet anniversaire, et je m'en réjouis, est l'occasion d'en retracer l'histoire; l'occasion de se souvenir de ses petits et de ses grands moments; de reparler de ses anciens élèves, parmi lesquels, nous nous devons de le citer, Zénobe Gramme.
Cet anniversaire, c'est aussi l'opportunité de souligner les belles initiatives de cette école dynamique : l'encouragement à l'épargne en 1876, la formation des jeunes chômeurs en 1931, l'enseignement modulaire en 1979 ou, plus récemment, le projet européen Insert de formation en milieu carcéral.
A travers son histoire, le présent ouvrage nous permet également de rendre hommage à celles et ceux, personnel éducatif, administratif ou technique qui ont contribué ou contribuent encore à la prospérité des élèves, de l'école et, partant, à celle de notre Province.
Le regard sur l'histoire que nous propose ici l'IPEPS Huy-Waremme met particulièrement bien en lumière cette action spécifique et déterminante qu'est la formation des adultes.
Ses effets sont indéniables et permettent, aujourd'hui comme par le passé, de bâtir l'avenir.
Le Député – Président du Collège provincial en charge de l’Enseignement et de la Formation
INTRODUCTION
Aujourd’hui, la formation des adultes n’est plus seulement une réponse aux déficits de travailleurs qualifiés, à l’instar de ceux qui ont présidé la naissance des écoles pour ouvriers.
Elle n’est plus, comme jadis les cours du soir, un bon moyen pour bénéficier d’une promotion dans l’entreprise.
Elle n’est pas simplement une façon de parachever ses connaissances et de les adapter aux progrès technologiques ou aux besoins socioculturels.
Elle n’est pas uniquement une seconde chance de reprendre les études que l’on n’a pas eu l’opportunité d’entamer, ou plus couramment de nos jours l’occasion de terminer.
Aujourd’hui, la formation des adultes, c’est tout cela à la fois.
La formation des adultes est devenue un élément constitutif inévitable du parcours professionnel ; un passage occasionnel, parfois contraint, souvent nécessaire, pour obtenir une insertion, un retour ou un maintien dans l’emploi.
Sans avoir la prétention d’apporter une réponse érudite à toutes préoccupations de nature historique, il nous a semblé important, pour marquer les 175 ans de notre Institut, d’évoquer succinctement les faits saillants, les petits et les grands moments de notre enseignement depuis sa préhistoire jusqu’à nos jours.
On prétend que les ressources d’une région influencent fortement la culture de ses habitants. L’histoire est certainement l’une des matières premières qui, à Huy, affleurent à chaque coin de rue. Nous osons donc espérer que ce regard sur l’histoire de notre école intéressera l’un ou l’autre passionné de « temps jadis ».
Il nous faut cependant ajouter que bien des éléments de la première partie de cet ouvrage sont dus à la plume d’Eugène Mossoux, Directeur des Ecoles communales, dans son excellent ouvrage « Un siècle d’enseignement communal » publié en 1903 via les « Annales du Cercle hutois des Sciences et Beaux-Arts – Tome XIV ».
Pour la deuxième partie, une autre source importante de documentation est issue des travaux de Monsieur Rosmant, Secrétaire communal de Huy qui, en 1938, a retracé, pour son centième anniversaire, les premières années de l’école.
Enfin, qu’il me soit permis ici de remercier toutes celles et tous ceux qui ont participé directement ou indirectement à la rédaction du présent ouvrage : Mmes Renée Dautrebande, Anne Sunde et Martine Roelandt pour les conseils et les recherches. Mmes Marie-Josée Vrankenne, Anne Kestelyn et MM. Armand Ruisseau, Joseph Fiévez pour les lectures, suggestions et corrections M. François Amel pour le scannage des documents.
PREAMBULE
1774
La coutume veut que l’on commence l’histoire de l’école en 1829 ; « c’est en effet à cette date que s’ouvre au local Saint Germain une école du soir pour ouvriers dont, il faut l’avouer, on ne connaît pas grand-chose… » Il nous a cependant paru intéressant de faire précéder cette relation en citant une ordonnance de l’Impératrice Marie-Thérèse qui a pour objet de régler l’enseignement élémentaire dans tous les États de la maison d’Autriche. L’intitulé en est « Ordonnance générale pour les écoles » et le texte est daté du 6 septembre 177(v. annexe). Si nos provinces sont alors sous domination autrichienne, il n’en est pas de même pour ce qui est de la Principauté de Liège. Mais, l’existence de ce texte montre bien qu’en 1829 le souhait, la volonté, de promouvoir l’éducation en général, celle des adultes en particulier, ne sont pas nés ex-nihilo. Avant de poser un regard sur l’histoire de notre école, les grands titres du texte encadré ci-dessous permettent de planter le décor. On doit reconnaître aussi, si on prend en compte l’époque où cette ordonnance a vu le jour, que la législation est déjà aussi complète que possible. De nombreux points qui sont envisagés en 1774, font, de nos jours encore, le quotidien de notre enseignement : la division en degré, la professionnalisation des maîtres, les locaux réservés à leur destination spéciale, l’inspection, l’enseignement obligatoire, la liberté d’enseigner…
- 1.Création d’une commission des écoles, dans chacun des États de la monarchie
- 2.Des diverses catégories d’écoles et de leur siège
- 3.Règles à suivre pour l’établissement des écoles
- 4.Règles à suivre pour la construction des bâtiments d’école
- 5.Matières de l’enseignement dans chacune des trois catégories d’écoles
- 6.Par qui doivent être données les diverses branches d’enseignement
- 7.Livre à employer
- 8.De la manière d’enseigner
- 9.Division des classes
- 10.Des heures d’école
- 11.Du temps à consacrer à chacune des matières
- 12.Obligation pour les enfants de fréquenter l’école
- 13.Obligation pour les parents et tuteurs d’envoyer les enfants aux écoles ; recommandations aux magistrats et supérieurs
- 14.Le travail des orphelins ou tout autre besoin ne dispense pas de fréquenter l’école
- 15.Des répétitions (écoles d’adultes)
- 16.De la tenue du registre servant à annoter l’application et les progrès des élèves
- 17.Des inspecteurs ordinaires chargés de s’assurer de l’état des écoles
- 18.Nomination des inspecteurs généraux
- 19.De la manière d’introduire la réforme dans les études
- 20.Obligation, pour les postulants à des bénéfices à charge d’âmes ou pour les candidats à un état monastique, de connaître préalablement tout ce qui concerne les écoles
- 21.Défense aux maîtres de tenir cabaret
- 22.Des examens et des récompenses
- 23.Rapports sur la situation des écoles
- 24.Le zèle des inspecteurs et des maîtres pris pour base des promotions…
- 25.Nous espérons également que chacun saura apprécier avec reconnaissance le soin maternel que nous avons mis à régler les principes de l’éducation et de l’instruction générale de la jeunesse.
- 26.Nous ordonnons également à toutes les régences et à tous les gouvernements qui nous sont subordonnés, de faire exécuter dans les provinces et suivre ponctuellement les prescriptions de la présente ordonnance.
- 27.Nous ordonnons également à tous les supérieurs ecclésiastiques et, en général, à tous les supérieurs civils, aux magistrats, aux seigneurs et à leurs employés, aux maîtres d’école et à tous nos fidèles sujets de se conformer au contenu de cette ordonnance, en tout ce qui les concerne.
- 28.Fait dans notre capitale et résidence, ville de Vienne, le 6 septembre 1774.
Sous Marie-Thérèse, des efforts sont donc amorcés en Belgique pour relever l’enseignement de l'abaissement où l'a plongé la politique précédente. Les praticiens de l’enseignement conviendront que tout est dans cette ordonnance : la professionnalisation du secteur, le souci de l’usager, la formation des jeunes travailleurs, les examens, l’inspection … La rénovation des écoles proposée par Marie-Thérèse se fonde sur la création d'une école normale pour l'élaboration et la diffusion des méthodes et des outils, mais aussi et surtout pour la professionnalisation des enseignants. L’Ecolâtre Des Roches inaugure celle de Bruxelles, en 1787. Un plan complet d'organisation de l’enseignement primaire va être appliqué, lorsque la révolution brabançonne éclate et fait tomber le gouvernement de Joseph II. La Révolution restaure l'Ancien Régime.
1791
Au vu de la modernité du texte de 1774, nous pouvons supposer que cette ordonnance a eu une influence sur l’enseignement, sur les objectifs à poursuivre, les actions à mettre en œuvre, les institutions à mettre en place. Ne dit-on pas que Condorcet, lui-même, s’en est inspiré ? Condorcet, élu à l'Assemblée législative, en devient secrétaire avant d'être envoyé à la Convention comme député de l'Aisne. La période 1791-1792 est surtout marquée par son œuvre sur l'instruction publique (Cinq Mémoires sur l'instruction publique publiés en 1791 et le Rapport sur l'instruction publique publié en 1792). Pour la première fois, l'idée philosophique de l'institution scolaire est pensée dans sa complexité en rapport avec la souveraineté populaire : protéger les savoirs contre les pouvoirs, considérer l'excellence comme la forme la plus haute de l'égalité, voir en chaque enfant un sujet rationnel de droit, se garder d'assujettir l'instruction publique aux volontés particulières et à l'utilité immédiate, telles sont quelques-unes des thèses majeures proposées par Condorcet Ce faisant, il soutient qu'instruire n'est ni informer ni conformer et que c'est peut-être trop en faire que d'instaurer une « éducation nationale ». Nous extrayons d’un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi (Quebec), la table des matières de l’œuvre de Condorcet :
Premier Mémoire: Nature et objet de l'instruction publique I. La société doit au peuple une instruction publique II. La société doit également une instruction publique relative aux diverses professions III. La société doit encore l'instruction publique comme moyen de perfectionner l'espèce humaine IV. Motifs d'établir plus de degrés dans l'instruction commune V. L'éducation publique doit se borner à l'instruction VI. Il est nécessaire que les femmes partagent l'instruction donnée aux hommes Second Mémoire: De l'instruction commune pour les enfants I. Premier degré d'instruction commune II. Études de la première année III. Des maîtres Troisième Mémoire: Sur l'instruction commune pour les hommes Des livres nécessaires à cette instruction Quatrième Mémoire: Sur l'instruction relative aux professions Cinquième Mémoire: Sur l'instruction relative aux sciences
1792
Une section de cinq membres, Condorcet, Lacépède, Arbogast, Pastoret et Romme, est chargée d'élaborer un plan général d'instruction. Le 30 janvier 1792, Condorcet fait lecture au Comité, au nom de cette section, d'un projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique. Ce projet est discuté par le Comité jusqu'au 4 avril. Condorcet, désigné comme rapporteur dès le 5 mars, fait au Comité deux lectures successives de son rapport, le 9 et le 18 avril. Les 20 et 21 avril lecture du rapport et du projet de décret est faite à l'Assemblée, au nom du Comité, par Condorcet. Le projet de décret établit cinq degrés d'instruction : les écoles primaires ; les écoles secondaires (écoles primaires supérieures) ; les instituts (collèges) ; les lycées (facultés) ; et la Société nationale des sciences et des arts, chargée de la direction générale de l'enseignement. Outre les cinq mémoires, nous devons à Condorcet d’autres textes importants et d’un caractère tellement intemporel qu’ils semblent toujours adaptés à notre époque. On y retrouve l'urgence d’instaurer l'instruction publique pour donner une réalité de fait à l'égalité juridique et politique proclamée par la Révolution. Deux thèmes y sont soulignés : la République doit veiller à l'indépendance de l'instruction publique face à tout pouvoir même politique et, en réponse aux attaques de Marat, il souligne, comme les Cinq Mémoires, le rôle des savants dans la détermination des savoirs élémentaires à enseigner. Lorsque ces deux conditions ne sont pas respectées, l'instruction publique perd sa liberté et l'égalité des citoyens est un vain mot.
1802
A l’aube du 19e. siècle, une autre partie du décor dans lequel va évoluer notre établissement scolaire est évidemment la situation industrielle de la région hutoise. En voici un bref aperçu. La réunion de la Belgique à la France donne un nouvel essor à l’économie de notre région. De nouvelles fabriques industrielles sont créées. En 1802, M. Delloye établit les premiers laminoirs à tôles fines. Ils sont actionnés par l’intermédiaire de roues à eau. Ses tôles de fer blanc pour lesquelles il a remporté une médaille à l’Exposition de Paris sont répandues dans toute l’Europe. A Marchin, les forges de Marche, du Grand Poirier et de la Grosse Forge appartenant à Clément Delloye voisinent avec l’usine de la Veuve Bastin-Delloye fondée en 1784 comprenant un marteau pilon, un laminoir et une forge. Les établissements de Clément Delloye se constituent en Société Anonyme en 1837 sous le nom de « Fabrique de fer du Hoyoux » avant de devenir plus tard la société des Tôleries Delloye-Mathieu. En 1806, la ville de Huy compte sept établissements sidérurgiques : le laminoir à tôles de M. Dautrebande, le haut fourneau et la forge de M. Jaumenne, le laminoir à tôles de M. Delloye et le laminoir, la fonderie et le martinet de M. Bastin. D’autres laminoirs et de nombreuses forges sont également implantés dans la vallée du Hoyoux.
Au niveau de l’industrie minière, les huit premières exploitations pour la houille datent de 1829Il s’agit de : Ampsin, Antheit, Bas-Oha, Ben-Ahin, Couthuin, Gives, Huy et Wanze.
1830
En 1830, un exploitant extrait encore du fer aux Roches de Statte tandis que de Laminne et d’autres exploitent des mines de fer, de plomb, de calamine et d’alun sur les territoires d’Ampsin et d’Antheit. L’exploitation de mines d’alun gisantes sous la commune d’Ampsin forme le noyau des établissements de Laminne qui deviennent par la suite la Société Corphalie.
Si l’industrie papetière date du début du 17e. siècle, en 1830 elle est une des plus prospères. Rien que chez Godin, la production passe de 150 000 à 400 000 kg. En 1828, les six papeteries existantes produisent environ 650 000 kg et occupent pas moins de 200 ouvrières et ouvriers. Vers 1842, grâce à l’esprit d’initiative d’Alexis Godin qui introduit en Belgique les premières machines à papier dites « continues », la Si l’industrie papetière date du début du 17e. siècle, en 1830 elle est une des plus prospères. Rien que chez Godin, la production passe de 150 000 à 400 000 kg. En 1828, les six papeteries existantes produisent environ 650 000 kg et occupent pas moins de 200 ouvrières et ouvriers. Vers 1842, grâce à l’esprit d’initiative d’Alexis Godin qui introduit en Belgique les premières machines à papier dites « continues », la production passe de 412 000 kg en 1841 à 8 600 000 Kg en 1890. Les usines de M. Godin occupent alors environ 2000 personnes. Ces fabriques attirent également des ateliers de construction d’une certaine importance. Un ancien document renseigne la fabrication d’une machine à papier par les ateliers Thiry en 1873.
Au cours de la seconde moitié du 19e sont fondés à Huy l’atelier de construction Preud’homme (machines à vapeur) et l’atelier Springuel (automobiles). Après le papier et les tôles, c’est le travail du cuir qui assure la prospérité de la région. Pour les quatre tanneries, la production totale en 1811 est de 12 000 peaux. En 1830, cinq tanneries existent à Huy. D’autres industries font également la réputation de notre région : les distilleries, la fabrique de poudre à Lovegnée (Ben-Ahin), deux raffineries de sel, des savonneries, sept moulins à cailloux destinés à moudre les matières premières qui entrent dans la composition de la pâte pour les faïenceries et même un atelier de toiles peintes fondé par les frères Delloye vers 1793.
1815-1830 - LA PREHISTOIRE
Annexée à la France, soumise à la constitution de l’An III de la république, la Belgique reconnaît le double principe d’un enseignement libre et d’un enseignement public. En dehors de la loi du 3 brumaire de l’An IV qui exige une école primaire par canton, on peut dire qu’en 1815, l’enseignement en France n’est malheureusement encore nulle part. Comme le précise Eugène Mossoux dans les Annales du Cercle hutois des Sciences & Beaux-Arts :
« Avant 1815, nous n’avons plus, en Belgique, ni maison d’école, ni méthodes d’enseignement, ni autorités préposées à la surveillance de l’instruction primaire. Partout, règnent l’ignorance et l’abrutissement des masses, par suite de l’insouciance du Gouvernement et des autorités pour ce qui concerne l’éducation populaire. En un mot, c’est le Néant !..., néant dont nous ne sommes sortis qu’à partir de notre réunion à la Hollande, grâce à la législation néerlandaise du 3 avril 1806, qui avait régénéré les institutions scolaires dans le pays nouveau dont nous allions partager les destinées ».
Pour preuve, Eugène Mossoux cite la réponse du Maire de Huy au Préfet de Liège, le 13 août 1812, la nomenclature des pensionnats de jeunes demoiselles existant à Huy à cette date, avec le nom de la pension et le nombre de pensionnaires :
- A)Nombre des pensionnats : un
- B)Nombre des maîtresses : une (Mme Xavier Louise).
- C)Prix de la pension : 370 frs.
Nombre des Delles pensionnaires : une (Melle Dethier de Liège).
1827
Une commission communale formant une section de la société d’encouragement pour l’instruction publique dans la province de Liège est constituée le 27 août 1827. En sont membres : MM.
- DELCHAMBRE-d’HERSTAL, bourgmestre ;
- TOUSSAINT, inspecteur des écoles ;
- DE BARRE de COMOGNE, conseiller de régence ;
- MATHIEU, négociant, propriétaire sur la Place ;
- GIROUX, inspecteur des domaines ;
- GREGOIRE, notaire ;
- DETELLE, conservateur des hypothèques ;
- DELEUW, membre de la commission des hospices civils ;
- MARTIN, professeur ;
- DELLOYE Hyacinthe, fabricant ;
- THIRION, avocat ;
- BRON, docteur en médecine ;
- GODIN, docteur en médecine ;
- WEIN, contrôleur des contributions
- WESMAËL, propriétaire ;
- WAUTHIER, ancien proviseur ;
- BADET, membre du Bureau de bienfaisance ;
- SCHELLINCK, chirurgien.
Par ailleurs, la Régence souhaite, avec l’appui de l’Administration pour l’instruction publique, les sciences et les arts, voir organiser à Huy une Ecole moyenne au Collège communal.
L’avis conforme de l’Inspecteur des écoles du district, Monsieur Toussaint, décide l’Administration communale à créer dans son collège une école moyenne et industrielle conformément au plan suivant :
- A.L’enseignement sera divisé en trois années, comme suit :
- 1re année
Langue française ; langue hollandaise ; dessin linéaire ; arithmétique ; histoire de l’industrie de l’homme ; arithmétique commerciale ; histoire naturelle ; agriculture.
- 2e année
Langue française ; langue hollandaise ; arithmétique commerciale ; histoire naturelle ; histoire de l’industrie de l’homme ; algèbre et géométrie ; opérations de change et de banque ; chimie appliquée aux arts ; physique ; correspondance et tenue des livres ; géographie ; mathématique et physique.
- 3e année
Langue française ; langue hollandaise ; géométrie et mécanique appliquées à l’industrie ; chimie ; physique ; géographie industrielle et commerciale ; économie politique : géographie moderne ; géographie et histoire des Pays-Bas ; histoire de l’industrie de l’homme.
- B.Les élèves ne seront admis qu’à l’âge de quatorze ans, et après avoir subi un examen préalable, ou avoir fait constater qu’ils ont fréquenté avec succès les écoles primaires.
- C.La rétribution annuelle, payable par semestre, est de
12 florins la 1re année ; de 18 florins. la 2e année, et de 24 florins. la 3e année.
- D.Pour favoriser la classe des ouvriers, on les admettra à un prix modique, aux cours de français, arithmétique, dessin linéaire, géométrie et mécanique appliquée à l’industrie. On donnera ces cours le matin et le soir.
- E.Les cours de l’Ecole industrielle seront distribués comme suit :
- 1re. Année : langue française ; dessin linéaire ; arithmétique.
- 2e. année : les même branches plus géométrie et mécanique appliquée à l’industrie.
Rétribution annuelle : six florins payables par trimestre. (signé) Le Bourgmestre, DELCHAMBRE-d’HERSTAL
1830-1838 - LA GENESE
1830
On relève donc que lorsque survient la Révolution de 1830, la Ville de Huy compte, outre le Collège et quatre écoles communales, l’Ecole moyenne et industrielle et une école gratuite du soir pour ouvriers fréquentée par une soixantaine de jeunes gens. Les conséquences de la Révolution de 1830 sont désastreuses pour notre enseignement. La Constitution de 1831 proclame la liberté absolue de l'enseignement en des termes précis : « ART. 17. L'enseignement est libre. Toute mesure préventive est interdite, la répression des délits n'est réglée que par la loi. L'instruction publique donnée aux frais de l'Etat est également réglée par la loi. » Jusqu'en 1850, pendant près de vingt ans, l’instruction moyenne reste sans organisation. En 1840, le Ministre Nothomb écrit dans son rapport sur la première décennie de notre indépendance : « Cette révolution fut le signal d’une réaction scolaire générale et violente, qui a couvert le pays de ruines. » En effet, la proclamation de la liberté de l’enseignement a engendré la fermeture de nombreuses écoles fondées sous le régime hollandais et de nombreux instituteurs sont congédiés sans aucune indemnité. En même temps, la liberté d’enseignement permet à tout un chacun d’ouvrir une école. L’ouvrier renvoyé, sans attestation, pour paresse ou négligence, ne trouvant plus d’emploi nulle part, ouvre, pour survivre, une école. Eugène Mossoux le raconte : « Le soldat exclu de l’armée pour incapacité ou inconduite se faisait instituteur. Le tailleur et le cordonnier prirent également part à la lutte. On a vu des cumulards, à la fois instituteurs, cabaretiers et barbiers. Au beau milieu de la leçon, arrivait un paysan en sabots qui demandait à être rasé et rafraichi. L’instituteur, empressé, troussait ses manches ; débouchant un carafon de genièvre, il offrait un verre à la pratique et en buvait un lui-même pour faire société, puis se mettait en devoir de raser. Cette besogne faite, la leçon momentanément interrompue, recommençait… et la salle de l’école servait ainsi tout à la fois de cabaret et de boutique du barbier. » Tous les efforts consentis pour l’enseignement durant le régime hollandais sont interrompus. Contraint par l’organisation de notre pays nouvellement indépendant, le jeune Gouvernement se préoccupe d’abord de l’armée, des impôts, des routes, des voies navigables, du chemin de fer, mais fort peu de l’instruction publique. Tout le pays n’est cependant pas atteint au même degré. Les responsables hutois ont gardé leur confiance dans nos écoles et préservé notre enseignement des conséquences de la Révolution.
1838-1860 - L’ECOLE DU SOIR DES OUVRIERS
1838
C'est, à n'en pas douter, au développement considérable qu'ont pris à Huy et dans la région différentes industries, et principalement celles du fer et du papier, qu'il faut attribuer cet intérêt pour l'école du soir des ouvriers. Les responsables hutois sont conscients que les établissements qui ne sont soutenus que par le zèle et le dévouement bénévole de quelques instituteurs n'ont le plus souvent qu'une existence éphémère. Aussi, le Collège échevinal propose-t-il, le 16 novembre 1838, de comprendre au nombre des écoles communales cette école du soir qui se tient dans l’ancienne église Saint-Germain, de lui assurer la stabilité, l'avenir et d’accorder aux professeurs le juste dédommagement de leurs peines. Dans son rapport annuel de 1838, le Collège échevinal le souligne : « Nous ne nous attacherons pas à démontrer l'utilité de chacune des branches de cet enseignement et les avantages que peut retirer la classe ouvrière de la fréquentation de ces leçons ; il est aujourd'hui reconnu que les connaissances qu'elles ont pour objet sont indispensables à l'ouvrier, quelle que soit la profession qu'il exerce. » Si l’IPEPS Huy-Waremme, héritière de l’Ecole Industrielle de Huy, fête aujourd’hui ses 175 ans, c’est parce que depuis 1938, année de son « premier centenaire », on a pris l’habitude de situer les débuts officiels de l’école à la délibération du Collège échevinal de la Ville de Huy du 16 novembre 1838 proposant de comprendre l’école du soir pour ouvriers parmi les écoles communales. L’école du soir de Huy est donc l’une des plus anciennes du pays. En effet, elle remonte à 1829, installée dans l’ancienne église Saint-Germain, sous le nom d’école du soir pour ouvriers, avec un programme extrêmement restreint et un budget on ne peut plus modeste. Les leçons y sont gratuites et se donnent tous les jours de 19 à 21 heures. Trois professeurs en sont chargés.
A l’ancienne église Saint-Germain, les cours sont dispensés par les régents du collège. Le local est spacieux mais humide, mal éclairé, mal aéré, presque insalubre. L’école est dépourvue de cours de récréation, le boulevard des Fossés en fait office. La rue Axhelière sert de latrines. La Ville fournit le chauffage, l’éclairage et les livres d’école. La rétribution accordée aux professeurs est, conformément à leurs vœux, prélevée sur les émoluments des édiles communaux. Par la suite, la commission administrative des hospices civils se charge de certains frais de fonctionnement. L’Ecole a pour but de perfectionner et d’étendre la première instruction que les enfants de la classe ouvrière ont acquise dans les écoles primaires, dont elle est le complément indispensable. A l’origine, les études durent deux ans et comprennent les principes généraux de la langue française, l’arithmétique, la géométrie pratique, le dessin linéaire et architectural et le dessin d’ornement.
1840
En 1840, le corps professoral de l’école du soir des ouvriers de Saint-Germain réclame au Conseil communal de mettre fin à l’état précaire dans lequel il est contraint de fonctionner. Ils demandent :
- 1. Une organisation définitive, avec fixation de la somme annuelle nécessaire ;
- 2. Un règlement déterminant d’une manière précise les matières de l’enseignement, les conditions d’admission des élèves, les obligations et les devoirs des professeurs ;
- 3. La nomination d’une Commission de surveillance pour inspecter l’école et assurer la stricte exécution du règlement ;
- 4. Un local plus convenable et moins éloigné du centre-ville que le local actuel (Saint-Germain).
L’idée d’un règlement organique qui favorise la tenue des classes et, partant, le bon déroulement des leçons séduit le Conseil communal. Ils répondent positivement à la demande et élaborent un règlement particulier pour chaque établissement scolaire. Le règlement organique de l’école du soir pour ouvriers est publié le 16 septembre 1840. Il entre en vigueur à la rentrée d’octobre de cette même année. Voici quelques extraits de ce règlement qui compte trente articles :
- Art. 1er. – L’école du soir a pour but de perfectionner la première instruction que les individus de la classe ouvrière ont reçue dans les écoles primaires, et de leur procurer en outre les connaissances qui leur manquent pour devenir, dans leurs professions, d’habiles ouvriers et de bons chefs d’atelier.
- Art. 2. – Le cours des études durera deux années et comprendra :
- 1. La langue française ;
- 2. L’arithmétique complète, y compris le système des mesures métriques ;
- 3. La géométrie pratique ;
- 4. Le dessin linéaire, le dessin d’ornement et les éléments de l’architecture.
- Art. 3. – Les leçons sont gratuites et se donnent tous les jours, les dimanches et fêtes exceptés, de 7 à 9 heures du soir en été et de 6 à 8 heures en hiver.
- Art. 9. – Pour être admis, les ouvriers devront être âgés de 12 ans au moins, savoir lire, écrire, les 4 règles d’arithmétique.
- Art. 10. – Pour faciliter l’accès à l’école du soir aux ouvriers désireux de s’instruire, mais qui ne possèderaient pas les connaissances nécessaires pour y être admis, il sera annexé à cette école, lorsque les ressources de la Ville le permettront, une classe préparatoire où ils recevront, gratuitement, des leçons de lecture, etc., jusqu’à ce qu’ils soient en état de fréquenter l’école du soir.
Le corps professoral des cours du soir revendique également une commission de surveillance. Le Conseil communal élit en son sein une commission chargée de l’inspection de toutes les écoles et de l’application des règlements particuliers aux établissements. La première commission nommée le 5 octobre 1840 comprend Monsieur Parnajon, Bourgmestre, Président de droit ; Monsieur Thyrion, Procureur du Roi ; Messieurs Rome, Toussaint et Delchambre: Conseillers communaux. Plus que toute autre, cette dernière mesure favorisera la qualité de l’enseignement hutois. L’enseignement est confié aux trois professeurs dont l’un assume la direction. Le premier directeur nommé le 22 septembre 1840 au traitement annuel de 500 francs est Michel-Joseph Toussaint, Secrétaire communal, anciennement Inspecteur du 9e District pour l’enseignement primaire et Directeur de l’Ecole moyenne et professionnelle. Ses deux collaborateurs sont Jules Leblanc et Auguste Geedts. qui recevront chacun un traitement annuel de 400 francs. L’école, ainsi organisée, connaît immédiatement la faveur de la classe ouvrière de la ville et des campagnes voisines. De 60 élèves en avril 1838, la population passe à 75 en octobre 1840. Autre exemple de la qualité des cours du soir de l’époque : le 22 février 1843, le Conseil communal désigne Monsieur Jean Clerbois, ancien élève de l’école du soir pour remplacer Monsieur Collard comme secondant à l’école gratuite de Saint-Germain. Il sera désigné par la suite Instituteur en chef.
1845
En 1845, l’enseignement de l’Ecole moyenne et Industrielle est subdivisé en deux sections : les humanités et l’école industrielle. Monsieur Jean Koenders y est nommé directeur en remplacement de Monsieur Nottret, démissionnaire. Le citoyen français Nottret, bachelier ès lettres, professeur de mathématiques à Givet, était chargé de la direction et de l’inspection depuis 1841. Le 18 septembre 1846, le Conseil communal décide que l’école sera transférée à partir du 1e octobre, dans la salle de l’école primaire gratuite établie au Collège communal. A cette date, il adopte un nouveau plan d’organisation de l’établissement prévoyant l’adjonction d’un cours de géométrie et de mécanique élémentaire approprié aux besoins des élèves. En 1847, l’école est fréquentée par quatre-vingt-cinq élèves.
1848
Le 27 avril 1848, le Conseil communal vote une nouvelle extension du programme d’études et la transformation de son école du soir en école industrielle proprement dite. L’Ecole du soir pour ouvriers est convertie en école industrielle gratuite. Celle-ci est installée dans un des bâtiments du Collège communal et reçoit une organisation nouvelle, en rapport avec son importance. Le projet présenté par la Commission d’instruction précise : « L’école industrielle a pour but la propagation des connaissances nécessaires à l’exercice des arts et métiers. » Les cours sont au nombre de sept, ils sont donnés dans un des bâtiments du Collège communal, de 6h à 8h en hiver, de 7h à 9h en été. Les cours sont dorénavant divisés en trois sections: deux sections inférieures, préparatoires, où sont enseignés le dessin, l'arithmétique, la langue française et des notions d'histoire et de géographie, et une section supérieure au programme de laquelle sont inscrits le dessin, la géographie, la mécanique, la langue française, la chimie et la physique. La durée des cours est portée de deux à trois ans. Sont admis à fréquenter l’école les jeunes gens de la ville et de l’arrondissement qui ont justifié, par un examen, qu’ils possèdent les connaissances voulues pour suivre les cours avec fruit. L’examen général et public a lieu à la fin de l’année scolaire ; il est suivi d’une distribution des prix. A cette occasion, des certificats de capacité sont distribués aux élèves qui ont suivi avec succès les cours des trois sections.
Ce régime subsiste jusqu'au 24 décembre 1850, date à laquelle le Conseil communal apporte quelques modifications et fixe l'âge d'admission à quatorze ans.
1851
Le 7 septembre 1851, l’Organe de Huy retrace dans un article la Distribution des prix de l’Ecole Industrielle : […] « après le Collège est venue l’école des ouvriers. M. Boset, directeur de cette école a prononcé un discours dans lequel il fait ressortir l’utilité pour tous et spécialement pour les ouvriers et les artisans de l’enseignement professionnel.
« Ce n’est pas, dit l’honorable professeur, une instruction superficielle bonne tout au plus à la lecture d’un livre qu’il faut donner à l’ouvrier mais bien des connaissances solides et substantielles au moyen desquelles il puisse s’initier aux divers secrets de son métier. Un enseignement simple et pratique, basé sur des principes qui lui auront été expliqués, loin de détourner l’ouvrier de son travail l’y accoutume, l’y encourage parce qu’il est persuadé à chaque instant qu’il peut faire mieux et plus en perfectionnant ses méthodes. Il reconnait, il apprécie lui-même l’utilité et la nécessité de l’étude à laquelle il se livre qui est relative aux règles générales de la profession qu’il exerce, il jouit par son intelligence des découvertes qu’il croit faire et qu’il fait réellement dans le champ de ses opérations, il se flatte à l’avance des inventions qu’il espère trouver dans la suite. »
Le 22 août 1852, Monsieur Boset adresse un affectueux adieu à ses élèves, il quitte l’Ecole des ouvriers pour prendre la Direction de l’Ecole moyenne d’Ypres.
1853
En 1853, le Conseil communal constate que les enfants des classes défavorisées quittent l’enseignement pour aller travailler dès qu’ils ont fait leur première communion. Ils perdent de ce fait rapidement les acquis de leurs premières années d’études. Le Conseil décide donc d’annexer à l’école industrielle, comme promis en 1840 au corps professoral des cours du soir, des classes préparatoires destinées à permettre aux élèves qui le souhaitent d’être admis par la suite à l’école industrielle. Un subside de 1000 francs qui s’ajoute à celui de la Province est alloué par l’Etat pour faire face aux frais nouveaux qu’entraîne la création de cette école préparatoire. Le personnel enseignant se compose de quatre professeurs du collège et de deux instituteurs de l’école primaire. Ces classes préparatoires comportent des cours de grammaire et de calculs. MM. Louis et Thomas en sont les premiers instituteurs. Les résultats de cette transformation sont des plus heureux et la population de l'école passe de 79 à 91 élèves répartis comme suit:19 en division supérieure; 37 en division moyenne et 35 à l'école préparatoire. L'année suivante, l'école compte 120 élèves, dont 50 en préparatoire.
1857
Le 9 octobre 1857, le Conseil communal met en place une Commission d’Inspection et de surveillance des écoles gratuites et payantes, de l’Ecole industrielle des ouvriers et de l’école gardienne. Voici les attributions de cette commission :
- 1. Surveiller l’état de l’enseignement dans les écoles précitées et s’assurer que les bonnes méthodes y sont employées. A cet effet, elle devait se rendre au moins une fois par mois dans chacune des écoles et constater la date de sa visite dans un registre tenu par le chef de chaque établissement ;
- 2. Etablir des examens semestriels pour les élèves ;
- 3. Etre présente lors de la visite des Inspecteurs, et réunir alors en conférence avec ceux-ci les instituteurs et les institutrices ;
- 4. Emettre un avis sur toute demande de nomination aux places vacantes, d’avancement, d’augmentation de traitement, adressée au Conseil par des candidats ou des titulaires ;
- 5. Veiller à ce que les règles d’hygiène soient observées, tant dans les locaux servant d’école que de la part des élèves qui y sont admis ;
- 6. Adresser chaque année au Conseil, avant la discussion du budget communal, un rapport sommaire, tant sur les résultats obtenus que sur ceux à désirer.
Le 26 juillet 1861, le Conseil communal adopte un projet de règlement transmis par le gouvernement pour la réorganisation de l'école. C’est pendant les années 1840-1850 que l’école est fréquentée par un élève qui deviendra célèbre par son invention : Zénobe Gramme.
Zénobe GRAMME
L'homme
Zénobe Théophile Gramme est né le 4 avril 1826 à Jehay-Bodegnée (Amay), il est le sixième enfant de Mathieu Joseph Gramme, receveur des contributions délégué aux houillères d’Antheit et de Catherine Seron. Dès son plus jeune âge, Zénobe marque sa préférence pour le travail manuel. Ainsi, en 1835, âgé de cinq ans, il met au point, pour sa cage à lapins, un loquet à secret. « Si l’œuvre de Gramme, créée de toutes pièces dans l’intimité de sa méditation, est assez grandiose pour que l’humanité la considère comme une de ses plus utiles conquêtes — son cœur, qui est resté attaché à sa petite Patrie, doit lui valoir de notre part un souvenir fervent et impérissable. » L’invention de Zénobe Gramme, la dynamo, est d’une telle importance pour l’économie, pour l’industrie, qu’il faut un certain temps aux scientifiques et aux techniciens pour l’apprécier à sa juste valeur et en mesurer la multiplicité de ses applications. Enfin reconnu, il recevra de nombreuses distinctions.
Distinctions
On peut se borner à citer les suivantes :
- 1872. Médaille d’or à l’Exposition de Lyon.
- 1873. Médaille du progrès à l’Exposition de Vienne.
- 1874. Prix de 3000 F à la Société d’encouragement.
- 1875. Médaille d’or à l’Exposition de Saint-Péters¬bourg.
- 1876. Médaille avec un diplôme signé par sir William Thompson, à l’Exposition de Philadelphie.
- 1877. Croix de la Légion d’honneur.
- 1878. Grand prix à l’Exposition de Paris.
- 1880. Récompense nationale de 20 000 F, offerte par le Gouvernement français.
- 1881. Diplôme d’honneur à l’Exposition d’électricité
- 1882. Croix de chevalier de l’Ordre de Léopold.
- 1883. Croix de chevalier de la Couronne de fer d’Autriche.
- 1888. Prix Voila de 50 000 F, Croix d’officier de la Légion d’Honneur.
- 1889. Croix d’officier de l’Ordre de Léopold.
- 1890. Grande médaille de la Société d’encouragement, à l’effigie d’Ampère
En 1897, lors de l’Exposition universelle de Bruxelles, et suivant le vœu émis à l’unanimité par les membres du jury de l’électricité, Gramme est élevé au grade de commandeur de l’Ordre de Léopold. Arrivé fin 1856 en France, c’est à Paris que Zénobe Gramme réalise la plupart de ses œuvres. Il y fonde la Société Gramme qu’il dirige jusqu’en 1894. « Mais, ce qui dépasse toute attente, Gramme était inconnu de l’immense majorité des spécialistes et des techniciens eux-mêmes. Un illustre savant étranger qui, en 1888, avait cherché vainement, à plusieurs reprises, l’occasion de le rencontrer, mettait spirituellement son existence en doute... » Il est vrai que Zénobe n’aime pas parler de lui. A Paris, il vit en banlieue, volontairement isolé, refusant de donner de lui plus que de vagues indications.
Ses proches
Des nombreux enfants de Mathieu et Catherine Gramme, seuls Zénobe et quatre sœurs atteignent l’âge mur. Trois de ses sœurs font carrière dans l’enseignement officiel : l’une deviendra directrice d’école primaire à Huy, une autre de l’école moyenne et la troisième sera directrice à l’école normale d’Arlon. Zénobe, lui, n’était pas pressé de se marier. Un jour, raconte Oscar Colson, il promit séparément à trois jeunes filles de les conduire à la foire de Montenaeken. Le jour venu, elles devaient « aller l’attendre » dans un cabaret à une même heure déterminée. L’histoire prétend qu’elles y vinrent toutes. On se doute de leur dépit quand elles se trouvèrent en présence, et, surtout quand elles virent que le beau Zénobe leur faisait défaut. Chacune eût sans doute fait des vœux pour que la mésaventure restât secrète. Il n’y fallait pas songer: elles étaient trois! Aussi leur colère s’ajouta-t-elle au dépit d’avoir été jouées. En 1857, Zénobe épouse à Neuilly une couturière liégeoise : Hortense Nysten. Elle était restée veuve avec une fille : Héloïse Colette. Le ménage vécut dans une union parfaite. « Lorsque sa femme l’interrompait dans ses réflexions, il suffisait qu’il fît un geste: Dji tûse, Hortense; elle se le tenait pour dit. Le mot, cependant, finit par passer en proverbe dans la famille: quand on constatait chez l’un ou chez l’autre un instant de distraction, on répétait par facétie: Dji tûse, Hortense ! » Devenu veuf en janvier 1890, Zénobe Gramme se remarie le 17 septembre 1891 avec Marie Schentur, institutrice de sa nièce, de trente-six ans sa cadette.