Huy en l'an 5 de la république
Merci de bien vouloir patienter, s.v.p. car cette page est en construction
Le 1er septembre 1796 ( soit le 15 fructidor an IV), une loi avait supprimé TOUS les établissements religieux dans les 9 départements réunis à la France et le surlendemain une autre loi avait prescrit d'urgence des mesures pour accélérer la vente des biens nationaux. Chaque monastère allait très vite recevoir le passage du commissaire désigné pour inventorier et pratiquer la main-mise nationale !
Les 19 monastères hutois avaient été avertis et étaient fin prêts quand arrivèrent les différents commissaires, en l'an V de la République.
Sommaire
6.COUVENT DES AUGUSTINES -(STE-ALDEGONDE)
Ce fut le commissaire Harzé qui vint le visiter du 8 au 17 brumaire de cet an V. Cinq religieuses l'accueillirent, dont la converse hutoise Marie-Catherine LEPOUGNE. La supérieure était Marie-Catherine-Dorothée GRETRY, une Liégeoise de 53 ans, soeur du compositeur André-Modeste GRETRY.
Comme immeubles: leur maison conventuelle avec jardin/une terre au faubourg St-Remi/une autre à Chapon-Seraing.
Comme rentes: un capital de 83041 livres produisant un intérêt annuel de 3484 livres.
Le commissaire dut écrire dans son procès-verbal qu'il n'avait pas pu avoir accès aux registres et archives, les religieuses l'assurant qu'elles avaient remis les documents, dès avant l'arrivée des troupes françaises, à un menuisier de la commune de Huy qui les a transportés on ne sait où et que ce Joseph HERKENNE ne leur avait jamais plus donné signe de vie!
Les soeurs n'omirent pas de mentionner qu'elles avaient des dettes mobilières et immobilières de 12515 livres.
Le rapport du commissaire comprenait aussi l'inventaire de tous les objets saisis:
à savoir, dans la sacristie, 6 ornements de couleurs différentes composés chacun de 4 pièces,1 écharpe, 3 aubes, 1 surplis et, un seul objet de culte: 1 vase en étain.
Dans l'église, 1 coupe en étain, 8 chandeliers en cuivre, une petite orgue (sic),un tableau représentant l'Adoration et une petit cloche. Quant à l'argenterie, même scénario, les religieuses déclarèrent qu'elle était de modique valeur et qu'elles l'avaient mise en mains du menuisier cité ci-dessus, qui avait également disparu avec le tout...
Elles acceptèrent de signer la feuille, mais en mentionnant "sans consentir à notre suppression".
2.COUVENT DES URSULINES
Visité du 1 au 8 brumaire par le commissaire DEWAR. 13 religieuses le reçurent à savoir 8 professes, dont la Hutoise Marie-Françoise-Dieudonnée HUBERT et 5 converses.
Comme immeubles: le couvent avec jardin d'un bonnier et deux fermes, une à Bierwart et l'autre à La Sarte.
Comme rentes: un capital de 51917 livres , non compris les arrérages de 4658 livres.
Comme dettes passives: 11648 livres.
Comme objets saisis, le commissaire dut se contenter de 2 chandeliers en bois dans l'oratoire/ 4 ornements simples, 3 aubes, 2 nappes, 2 petits chandeliers, 2 plus grands en cuivre, 1 assiette et 2 burettes en étain dans la sacristie/7 tableaux, 6 chandeliers en bois, 6 pots à fleurs, 1 calice et 1 ciboire en étain dans l'église.
Les signatures des religieuses furent suivies de protestations, comme celle de la supérieure qui déclare formellement ne point accéder avec toute sa Communauté, ni directement, ni indirectement, cette suppression et que nous désirons de vivre et de mourir dans l'état où Dieu nous a appellés (sic)
1.COUVENT DES CELESTINES
Un commissaire-adjoint fera office de confiscateur: L.H.THONE, qui officia sur place du 25 au 30 vendémiaire, en présence de la supérieure Marie-Magdelène MATHURIN, une Suédoise de 59 ans, et de 12 religieuses, dont une Hutoise, Marie-Françoise DERY et 4 converses, parmi lesquelles la Hutoise Marie-Catherine LEUMONT.
Comme immeubles: le monastère avec un bonnier de terrain et une petite ferme de 11 bonniers sur La Sarte.
Comme rentes: un capital de 46875 florins, un intérêt de 1847 florins et les arrérages en cours pour 7574 florins.
Comme dettes passives estimées: 3281 florins.
Comme saisies: en sacristie 6 aubes, 6 nappes, 4 essuimains (sic), 3 robes noires presqu'usées, 4 surplis, 3 chasuppes (sic) complètes de couleurs de diverses couleurs/ dans l'église 8 chandeliers en cuivre un ciboire en métail( sic) et 1 calice de même nature/ dans le choeur des religieuses 2 tableaux (un Ste Cécile et l'autre la bienheureuse Victoire).
A leurs signatures, les soeurs n'omirent pas d'ajouter "Nous, soussignées, déclarons par nos signatures de n'entendre rien aliéner ni d'acquiescer directement ou indirectement notre suppression, mais bien d'attester seulement l'exactitude du présent inventaire"
8.COUVENT DES SEPULCRINES
Le commissaire HARZE, qui avait aussi visité Ste-Aldegonde du 8 au 17 brumaire, se retrouva ici , bizarrement, du 13 au 19 brumaire. Il fut reçu par 9 religieuses, dont la Tihangeoise Jeanne-Joséphine FABRY, et 4 converses.
Comme immeubles: la maison du couvent avec houblonnière, 3 terrains en Hesbaye et en Meuse inférieure et 3 maisons dont 1 à Huy et 2 à Tihange avec houblonnière. Revenus de ces maisons:432 livres.
Comme rentes: un capital de 63561 livres, intérêt de 2255 livres et des arrérages de 5396 livres.
Comme dettes passives, une somme de 11433 livres.
Comme objets saisis: en sacristie, 6 ornements simples, 1 composé, 4 aubes, un surplis, 1 écharpe, 8 amicts, un calice en argent doré, une petite boîte en argent/ dans l'église: 1 tableau (Naissance du seigneur),8 chandeliers en cuivre et en étain, une petite orgue (sic), 2 cloches.
A leurs signatures, les religieuses mentionnèrent ne pas acquiescer à leur suppression.
14.COUVENT DES SOEURS GRISES
Visité par le commissaire DEWAR du 24 frimaire au 4 nivose, 10 journées, du matin au soir. Furent présentes 8 religieuses et 2 converses.
Comme immeubles: seulement le monastère avec son petit jardin.
Comme rentes: 56657 livres de capital et 5744 livres d'arrérages.
Comme dettes: 2123 livres.
Comme objets saisis: dans la sacristie 9 chasubles, 4 aubes avec leurs amicts, 3 nappes, 1 tableau, 6 pots à fleurs artificielles, une assiette, 2 burettes d'étain, 1 calice, 1 ciboire d'étain/dans l'église 11 tableaux, 10 chandeliers de cuivre et d'étain, 4 reliquaires en bois.
Ajoutée aux signatures, la phrase "Nous, soussignées, déclarons de ne vouloir rien aliéner ni consentir à notre suppression, ni directement ni indirectement, mais de vivre et mourir dans l'état que nous avons embrassé".
SOURCE PRINCIPALE
Jules Fréson: Les Monastères de Huy et de la banlieue lors de leur suppression in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts-tome IX/1891