Débat préélectoral
Sommaire
- 1 La Coordination des Centres culturels en région hutoise (CCCRH) a organisé un débat préélectoral en vue du scrutin 2014.
- 2 Présentation des candidats
- 3 Cinq questions posées par des citoyens aux candidats
- 4 Les réponses des candidats
- 5 À suivre dans les heures qui suivent : 4 questions du public à chaque candidat en particulier
La Coordination des Centres culturels en région hutoise (CCCRH) a organisé un débat préélectoral en vue du scrutin 2014.
Les quatre têtes de listes des partis dotés de représentants à la région wallonne à l'issue des précédentes élections se sont rencontrées au Centre culturel de l'Arrondissement de Huy (CCAH) le soir du mardi 13 mai 2014. Il s'agissait, dans l'ordre des numéros de partis lors des élections, d'Hervé Jammar, pour le MR (n°1), Jean Marot, pour Ecolo (n°9), Christophe Collignon, pour le PS (n°10), et Joseph Georges, pour le CDH (n°14).
Présentation des candidats
Les candidats se sont présentés eux-même en deux minutes, en expliquant pourquoi ils s'étaient engagés en politique, et pourquoi ils se présentaient à la Région wallonne en 2014.
Tête de liste MR à la Région
Hervé Jammar avait déjà sa carte du parti libéral à 16 ou 17 ans. Il fut président des étudiants libéraux de l'ULg, et fut conseiller communal à Hannut très tôt, puis bourgmestre à l'âge de 29 ans. Il fut député en 1999. Il a choisi de se présenter à la Région car il aime gérer les matières concrètes qu'on y traite.
Tête de liste Ecolo à la Région
Jean Marot, le cadet des candidats réunis pour le débat, exerce son métier d'avocat (les trois autres sont aussi avocats) , et n'est donc pas un professionnel de la politique comme les autres têtes de liste. Il se présente à son premier scrutin d'importance, après les élections communales à Huy. C'est ce qu'il appelle "l'Affaire du Parc des Récollets" en 2006 qui lui a donné le goût de la politique. Il est d'ailleurs fier que ces événements aient conduit à la première consultation populaire wallonne. C'est dans cette état d'esprit qu'il a participé aux élections communales de sa ville en 2012. Il est membre du conseil de la fédération écolo et considère la Région comme un levier adéquat pour faire avancer les idées du parti.
Tête de liste PS à la Région
C'est en quelque sorte la culture familiale qui a conduit Christophe Collignon à s'engager en politique. Il est convaincu de la force de l'action publique, de l'importance du rôle de l'Etat pour assurer la cohésion sociale. Il fut président des étudiants socialistes puis très vite a participé à différents niveaux de pouvoir : Région, Sénat (qui lui a permis d'appréhender toutes les dimensions de la Belgique plurielle et de prendre conscience des spécificités de la minorité wallonne au sein de l'Etat belge), Province et communes. Il se sent proche du terrain communal et de son arrondissement, et s'est donc tout naturellement intéressé à la Région, qui traite ces matières. C'est à ce niveau de pouvoir que l'on détient les clés du redéploiement, surtout à un moment où de nombreuses compétences lui sont transférées. Ce sont autant de nouvelles opportunités à saisir.
Tête de liste CDH à la Région
C'est plutôt le parc Bastin qui figure parmi les souvenirs les plus vifs de Joseph Georges quant à ses motivations à participer à la politique. Ce Parc défiguré selon ses dires par la construction du Pont de l'Europe, exemple majeur de cette entreprise de bétonnage systématique de la Ville de Huy contre laquelle il s'est mobilisé. Il est député fédéral depuis 2007 et se présente aujourd'hui à la Région car c'est là qu'il s'agit de prendre son destin en mains.
Cinq questions posées par des citoyens aux candidats
L'insertion des jeunes
Marie Maréchal, Directrice du Centre culturel de Marchin, a rencontré un groupe de jeunes en insertion qui lui ont confié leur ressenti face au manque d'emploi pour les jeunes, aux sanctions qui menacent ceux qui souhaitent s'occuper positivement plutôt que de se morfondre dans le chômage, au sentiment de constituer la marge de la société. L'OISP de Marchin propose des formations et un accompagnement de l'insertion des jeunes. Mais quel espoir de carrière peuvent-ils entrevoir aujourd'hui alors qu'il semble évident qu'il n'y aura pas suffisamment d'emploi pour répondre à la demande. Leur question aux candidats : quelle stratégie comptent-ils mettre en place pour favoriser l'épanouissement des jeunes, les soustraire aux menaces de l'ONEM ? Que faire des exclus qui resteront immanquablement sur la touche ? Comment faire en sorte que la créativité ne soit plus suspecte ?
L'emploi dans les services publics
Jean Blairon, Directeur d'RTA (Organisme d'Éducation Permanente), demande que les candidats se positionnent face aux services publics. Constituent-ils une nécessité, un atout en termes d'emploi ? Doit-on privilégier le statut de contractuel plutôt que celui de statutaire ? Comment se situent-ils dans cette controverse liée aux meilleures stratégies pour résister à la crise ? Pensent-ils que les services publics entrainent des coûts excessifs pour la société ? Et face aux transferts de compétences vers les régions, allons-nous vers plus ou moins d'Etat dans l'organisation du vivre ensemble ?
Les aides à l'emploi dans le non-marchand
Jean-Pierre Houet, Directeur du Centre culturel d'Engis, nous confie avoir traversé 30 ans d'aides diverses à l'emploi, depuis le plan Spitaels jusqu'aux APE, en passant par les ACS, Prime et compagnie… Elles se traduisent en général par des réductions de cotisations ONSS. À l'heure où ses compétences passent aux régions, tout comme la réglementation des titres-services, comment assumer l'investissement financier ? Alors que l'on a assisté à un développement important du non-marchand, quelle attitude les candidats vont-ils défendre par rapport à ces aides ? Avec quels moyens ? Comment réagir face à la complexification croissante de ces réglementations ? Envisagent-ils un phasage de cette stratégie ? Va-t-on encore devoir se résoudre à des sacrifices ? Bref, quel est leur programme ? Et qu'en est-il de la culture ? Et enfin, où sont les femmes ? Pas une seule femme à la table des têtes de listes pour Huy-Waremme !
Plan d'activation emploi des jeunes (55.000 exclus parmi les nouveaux demandeurs d'emploi ?)
Thierry Muller est membre du Collectif Riposte CTE (pour Chômeurs Travailleurs Engagés) et du Réseau STOP article 63 § 2. Face à cet article qui consiste à limiter dans le temps l'attribution des allocations de chômages aux nouveaux demandeurs d'emploi, quelle est la position de chaque candidat ? La Belgique est un pays riche, qui n'hésite pourtant pas à imposer une dégressivité des allocations, alors que ces mesures vont rapporter à peine 100 à 200 millions d'euros. Cela vaut-il le coup ? Quelle légitimité a le législateur pour imposer de telles menaces ? cela aura pour conséquence de renvoyer les jeunes aux CPAS, grevant d'autant les budgets communaux, déjà tellement sollicités. La situation des cohabitants sera même dramatique. La politique de l'emploi est-elle crédible alors qu'un million de demandeurs d'emploi à temps plein ou partiel doivent se disputer un maximum de 70.000 offres par an ? Quelles catégories de chômeurs les candidats souhaitent-ils protéger prioritairement ? Et donc, qui va-t-on laisser tomber ?
Territoire et industries
Hervé Persain, animateur du débat et animateur régional chargé de formation au CCAH, évoque la récente étude de l'IWEPS sur trois indicateurs complémentaires au PIB pour mesurer le bien-être en Wallonie. Cette étude fait apparaitre des inégalités flagrantes au détriment des communes situées sur l'ancien axe industriel wallon, et pour ce qui concerne notre région, la commune d'Engis est la moins bien classée, juste derrière celles de Huy, Amay et Saint-Georges. La désaffection industrielle le long de la Meuse y développe un chancre économique. Une nécessaire prise en compte de cette problématique passe-t-elle par une réorganisation des stratégies sur une nouvelle donne territoriale, comme celle des bassins de vie qui permettraient de développer des solutions plus proches des spécificités territoriales des sillons industriels et de mieux faire face au démantèlement économique subi ? Quelles solutions préconisent les candidats ? Et quelle est leur position face au dumping social que constitue le recours à de la main d'oeuvre étrangère soumise à des règles socio-professionnelles nettement moins avantageuses ?
Les réponses des candidats
L'ordre de réponse est tiré au sort : quatre cocottes en papier de couleurs bleue, verte, rouge et orange sont mélangées dans une ruche en osier. Allusion manifeste au coq wallon et à la sauvegarde des abeilles ouvrières de notre région ! La main innocente d'Hervé en tire une avant chaque prise de parole.
La réponse de Christophe Collignon, PS
Le contexte économique connait une mutation importante. Notre bassin industriel, qui est passé de Cockerill à Arcelor, s'est détricoté par manque de bénéfices suffisant aux yeux des responsables. Il faut distinguer la situation économique du Condroz de celle de la Hesbaye, mais notre région se situe bel et bien en dessous de la moyenne wallonne. La Région wallonne dans son ensemble garde une bonne tenue dans le contexte général, et ce malgré l'obligation du refinancement des banques lors de la crise, pour protéger les épargnants. Par rapport à la situation internationale, cela ne va pas trop mal non plus : il suffit de voir comment se porte la Grèce, où les salaires des fonctionnaires ont été divisés par deux ! Sur le plan national, nous devons faire face à une Flandre majoritaire et à l'émergence de la NVA.
Lors de la difficile négociation qui a longuement précédé la formation du gouvernement, des compromis ont dû être trouvés, qui se sont traduit par des mesures sociales déplaisantes, malgré leur caractère exceptionnel. On fut amenés à pratiquer la politique du moindre mal, avec des ajustements comme celui qui vient d'être trouvé pour rectifier les limitations dans le temps des allocations de chômage accordées aux jeunes chômeurs, en prenant en considération les périodes d'emploi à temps partiel dans le calcul d'ancienneté. (Voir la page WikiHuy consacrée aux Acteurs des Temps Présents en région hutoise - NDLA)
Sa priorité va aujourd'hui à l'amélioration des conditions d'emploi, ainsi qu'à assurer un logement décent pour tous (Voir la page WikiHuy consacrée au 125 ans de logement social en région hutoise - NDLA).
Il convient aussi de prendre en compte la réalité de la fédéralisation, et des transferts de compétences aux régions, qu'il faut traduire en nouvelles opportunités. Profitons-en pour augmenter les petits et moyens revenus, pour privilégier la création d'emplois dans les secteurs des nouvelles technologies, notamment dans le développement de nos aéroports régionaux. Il est impératif de mener une politique de discrimination positive vis-à-vis de l'emploi des jeunes.
La réponse de Joseph Georges, CDH
Il convient de se poser la question de savoir quel est le rôle de l'État et quel modèle de société nous voulons. Sa position est qu'"il ne faut pas moins d'État, il ne faut pas plus d'État, il faut mieux d'État".L'avenir wallon dépend du sens que l'on donne à la politique. Il faut créer de nouveaux secteurs, par exemple dans les domaines culturel et touristique. Il faut inventer des projets moteurs, développer la capacité d'entreprendre, offrir des services à la population, améliorer la formation et l'éducation, en transmettant le goût d'entreprendre et l'esprit d'entreprise, notamment dans les nouvelles technologies. Il convient de s'orienter vers l'avenir, et de rendre confiance aux citoyens. La situation est grave, mais pas catastrophique. Sans s'inspirer outre mesure du modèle américain, il faut reconnaître que leur taux de chômage n'est que de 6,3% ! La priorité doit être accordée à l'engagement des jeunes, par des systèmes du type "dispenses de cotisations sociales".
Il ne faut pas opposer le public au privé. Si lors de la crise financière on a trouvé des fonds pour garantir le capital banquaire, il fa
ut maintenant se consacrer à améliorer les statuts d'aides à l'emploi, en s'attaquant aux secteurs les plus vulnérables, avec une meilleure compréhension du non-marchand.
Il faut aussi s'attaquer aux pertes liées au système fiscal, et faire en sorte que des restrictions sur les bases imposables ne profitent pas aux grosses entreprises qui cherchent à échapper à la taxation. La situation sociale est préoccupante : certains jeunes sont amenés à quitter l'école dès 18 ans pour ouvrir leur droit aux allocations de chômage, alors que l'enseignement est capital pour améliorer ses chances de trouver un emploi !
Sauvons ce qui reste de l'État… Sur le plan international, nous devons rester crédibles, mais la Belgique se porte plutôt bien ! Relançons notre économie en investissant dans de nouveaux secteurs et en y garantissant notre capacité d'action. Il convient de revaloriser les études, ainsi que les secteurs de la santé, du logement…
La réponse d'Hervé Jammar, MR
Il accorde beaucoup d'importance à l'art et à la culture, qui sont des enjeux majeurs pour faire face à la crise. Comme mandataire communal, il est très attaché à sa compétence culturelle. Il faut bien sûr tenir compte des clignotants utiles pour mesurer les effets de la crise, mais la crise financière ne doit pas se traduire par une crise de société !
Il est conscient de l'importance du non-marchand, aussi bien public qu'associatif. Il faut combattre les inégalités liées aux contrats d'emploi dans ce secteur. Il ne comprend pas qu'il puisse s'y rencontrer autant de différences. On a bien réformé les services d'incendie, de police, les statuts des fonctionnaires, tout ce qui concerne les missions régaliennes de la société. Ce n'est pas pour faire en sorte que les emplois du parapublic et du non-marchand restent les parents pauvres du système.
Ainsi pourquoi faut-il être demandeur d'emploi pour bénéficier des aides à l'emploi ? Nous vivons le paradoxe de devoir justifier de deux ans sans travail pour bénéficier des aides à l'emploi ! Pourquoi ne pas calquer les statuts non-marchands sur celui des contractuels dans la fonction publique. Ne serait-ce pas plus simple, et sujet à moins de tracasseries administratives ? Il félicite la CSC (sans pouvoir être taxé de proximité contre nature avec cette famille politique) pour son mémorandum concernant le rapprochement sous forme de contrat global entre le public et le non-marchand.
Dans le domaine privé, 90 % de l'emploi repose sur des entreprises de moins de 9 personnes ! Favoriser l'engagement de trois premiers emplois sans cotisations sociales et en diminuant les charges patronales ne coûterait pas cher au budget fédéral : 110 millions suffiraient…
Pour améliorer le sort de notre arrondissement Huy-Waremme, ne peut-on imaginer de se liguer entre tous les partis pour faire en sorte que nos communes ne deviennent pas des cités dortoirs. Pourquoi le Schéma de Développement de l'Espace Régional (SDER) a-t-il été mis au frigo par Ecolo ? Ne peut-on s'entendre pour garantir nos intérêts communs ?
À ce stade du débat, Hervé Jammar, pris par d'autres obligations, se fait remplacer par Jacques Mouton, Échevin MR à Huy, qui n'est pas candidat aux prochaines élections.
Réponse de Jean Marot
Il revient sur le constat de Thierry Muller. Il se félicite que les critiques adressées au gouvernement l'ait obligé de faire marche arrière au niveau de l'article 63 § 2. Certaines motions apportées ont des portées symboliques. Il regrette cependant le manque de mobilisation dans ce domaine, pour lutter contre les mesures inefficaces quant au stage d'attente, aux exclusions, etc. La réforme liée à l'activation de comportement de recherche d'emploi des jeunes chômeurs remonte à 2004 avec la procédure remettant en question la notion d'État social actif chère à Vandenbroucke, caractérisant le système belge de sécurité sociale. Les droits sont soumis à des obligations imposées aux chômeurs, mais l'État les assume-t-il, lui, ses obligations ? Jean Marot n'en est pas convaincu !
Il veut voir lui aussi le transfert de compétences à la région comme de réelles opportunités. Il va falloir travailler avec le Forem, et améliorer le suivi, à ne pas confondre avec les sanctions. Il est absurde de jouer le gendarme et le conseiller en même temps. Il faut distinguer les deux missions, pas les imbriquer l'une dans l'autre ! Il faut aussi être clair par rapport à l'intégration sociale. Que cherche-t-on ? Plus de liens pour trouver de l'emploi ou l'inverse ? Quelles sont nos priorités ?
Quant au chômage, on a tendance à supprimer des calculs certains statuts pour améliorer les chiffres. Mais c'est incontournable : il faut créer de l'emploi ! Il faut permettre aux jeunes de s'inscrire dans les contrats jeunes dès leur sortie de l'école, sans stage d'attente, en proposant par exemple des formules du type : 1/2 temps rémunéré + 1/2 temps formation, pendant 6 mois renouvelables une fois. Ou encore des plans "tandem" : un temps partiel proposé aux aînés (1/2 temps payé à 75%) pour accueillir un 1/2 temps jeune au sein de l'entreprise.
Concernant les indicateurs alternatifs de bien-être, ce sont des données précieuses. À Huy-Waremme, il faut prendre en compte le niveau inférieur de bien-être qui caractérise la vallée mosane. Le PIB n'est pas le seul indicateur utile !
À suivre dans les heures qui suivent : 4 questions du public à chaque candidat en particulier
--RV (CCAH) Admin WikiHuy (discussion) 17 mai 2014 à 17:39 (CEST)