Villers Emile et famille
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Villers Emile et famille
L'instituteur
Emile Isidore VILLERS est né le 22 mai 1899 à Ouffet, c'est un des trois fils de François Joseph Arthur VILLERS né le 26 février 1871 à Ellemelle, cultivateur, tailleur de pierres à son mariage et de Rosa Marie Joseph SPRUMONT, négociante de coopérative, née le 4 juillet 1873 à Sclayn voir tombe D160.
Il a un frère aîné, Marcel et un frère cadet, Paul.
Emile Isidore VILLERS épouse le 28 décembre 1932 Joséphine Cassart d'Ochain Clavier.
Quatre enfants naîtront de cet union : Arthur, Fernand, Paul et Marie-Thérèse.
Nous laissons ci-dessous le soin à son fils Paul de dresser le portrait de la famille et en particulier de son père.
De Paul Villers, le 2 décembre 2017
Les trois frères VILLERS, Marcel, Emile et Paul habitaient rue de Temme dans la maison qu'occupera plus tard Joseph HAZEE.
Mon grand-père était ouvrier à la carrière située en face. Je possède encore quelques burins sur lesquels sont gravés ses initiales.
La famille VILLERS est originaire de Heyd. Ma grand-mère, née SPRUMONT, faisait partie de ces quelques familles de carriers provenant de Sclayn qui avaient migré à Ouffet. Elle était la cousine de Joseph SPRUMONT connu pour ses qualités de sculpteur. On lui doit ainsi le soldat du monument aux morts, le buste du Baron Paul Charles de FAVEREAU de JENNERET ministre des colonies sous Léopold Il , l'autel majeur et le banc de communion de l'église et de nombreux monuments funéraires.
Mon grand-père est décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 53 ans. Son épouse reprit alors la gestion du magasin de la «coopérative Saint-Joseph» enclavée dans les
bâtiments de l'actuel Institut Libre du Condroz, rue du Perron.
Ses fils Marcel et Paul étaient alors internes à Saint-Roch. Tous deux emportèrent la «médaille d'or» récompensant les élèves qui avaient été premiers de classe lors des trois trimestres des 6 années avec au moins 80% !
_ Marcel, l'aîné, ingénieur des mines ULg, délégué dans plusieurs pays Européens d’une importante société américaine, sera amené à faire de nombreux et lointains voyages. Il décède à Gouvieux (Oise) en 1970 et sera inhumé à Ouffet.
_ Paul, le cadet, sera ordonné prêtre en 1925. Aidé par son frère, il s’initie aux mathématiques et fonde la scientifique spéciale du collège St Barthélemy à Liège où il enseignera jusqu’à son décès en 1957. Il repose au cimetière d’Ouffet au côté de ses parents tombe D160.
Impossible pour ma grand-mère d'assurer la scolarité du troisième.
_ Emile, mon père, se forma alors lui-même. En 1918, il alla à pied jusque Huy, passer les examens au jury central. Il en revint avec le diplôme d'instituteur ! Il obtiendra encore une qualification de géomètre et d'enseignant dans l'enseignement spécial.
Particulièrement doué en mathématiques, il fut un des premiers maîtres à qui l'on confia le 4ème degré de l'enseignement primaire permettant aux élèves de respecter la nouvelle obligation scolaire portée à l'âge de 14 ans. Ils en venaient à vélo de nombreux villages environnants.
Il enseignera à l’école Saint Joseph, rue du Perron, de 1920 à 1961. Après la suppression du 4ème degré, il donnera cours de mathématiques à l’école d’agriculture.
J'ai relu avec émotion les hommages qui lui furent rendus à l'occasion de son décès. L'un des intervenants y dit qu'il était un «homme de granit» qui symbolise à la fois la force et le feu. Ce feu se manifestait alors parfois en colères non-retenues. Ce n'était pas toujours facile à vivre pour nous ! L'explication serait peut-être que ce autodidacte connaissait mieux que quiconque la chance de l'école, pour beaucoup seul ascenseur social.
Après l'école, des élèves en difficulté bénéficiaient de leçons de rattrapage gratuites et plusieurs de nos cousins ont été hébergé pendant l'entièreté de l'année scolaire pour une remise à niveau. Je puis témoigner de sa volonté farouche que ses élèves «arrivent».
A la fin de sa carrière, ses énervements furent amplifiés par l’apparition de crises d’urée s’ajoutant à des problèmes cardiaques. Cependant ses dernières années furent très apaisantes, il décéda à son domicile le 22 juin 1984 à l'âge de 85 ans.
Il cumulait également les fonctions bénévoles de secrétaire de la mutuelle Sainte Barbe, uniquement gratifiée par des décorations, et de président du bureau de vote aidé en cela par Joseph HAZEE, secrétaire perpétuel. Par contre, son activité d'organiste était modestement rétribuée par la Fabrique d'Eglise. Impossible de comptabiliser le nombre d'offices qu'il a accompagné. Une garantie certaine pour l'éternité !
La douceur de maman, discrète main de fer dans un gant de velours..., tempérait les «coups de sang» de son époux. Avant son mariage en 1933, elle avait travaillé vingt ans dans l'importante ferme dite «du Pape» à Ochain, exploitée par son père.
Son grand-père paternel Nicolas GATHY avait construit en 1856 le moulin de Néblon-le-Pierreux, hameau de la commune d'Ouffet.
Nous avons vécu à Ouffet une enfance heureuse rythmée par le son de deux cloches : celle de l'école et celle de l'église.
Générosité, accueil mais aussi exigence et travail étaient les maîtres-mots de la maison. Gratitude leur soit rendue!
De Marcel Villers, frère d'Emile. Souvenirs de prime jeunesse
Note : Le parler wallon : quel wallon ? Chaque région a le sien, parfois différents pour certains mots entre villages voisins. Et pour son orthographe, soyez tolérants, nous ne sommes pas des experts de cette forme d'écriture, contacts sont pris pour les corrections. Et si vous pouvez nous aider, nous sommes preneurs : polgilletpdm@gmail.com
Mes deux gattes _ Mes deux chèvres
---------- I ---------- | ---------- V ---------- | ||
Ouïe qui nos estons al'fiesse | Aujourd'hui que nous sommes en fête | D'jtravayarès cô kèque z'anneyes | Je travaillerai encore quelques années |
Dji m'rappelle tote noss jônesse | Je me rappelle toute notre jeunesse | Puis sol fin di m'vicoreye | Puis à la fin de mon parcours |
Les sov'nirs dès timps passés | Les souvenirs des temps passés | Al'campagne dji m'va retirer | A la campagne je vais me retirer |
S'dispierté d'tos les costés | Se réveiller de tous les côtés | Et là dji l'airè viker | Et là je me laisserai vivre |
Dji r'veus Temme è ses pireyes | Je revois Temme et ses carrières | Mins s'l'seront longues les journeyes | Mais elles seront longues les journées |
Li fond d'Routâ, l'route di Warzèe | Le Fond de Rouva, la Route de Warzée | Si elles ni sont nin bin rimpleyes | Si elle ne sont pas bien remplies |
Li fond d'Binde, li cinsse dè Bou | Le Fond de Bende la Ferme du Bout | On s'annoye tant a n'rin fé | On s'ennuie tellement à ne rien faire |
Ou ki n'zalli to les djous | Où nous allions tous les jours | Fà kwèri à s'occuper | Faut chercher à s'occuper |
A c'esteus l'bon timps N'z'estins des gamins | Ah, c'était le bon temps, nous étions des gamins | Rifé des affaires, Rifé des voètjes | Refaire des affaires, refaire des voyages |
Fwert heureux et tô pleins di corèdje | Très heureux et pleins de courage | Nenni dj'n'orè pu l'coredje | Non, je n'aurai plus le courage |
A 4 heures et d'meie di scole to riv'nan | A quatre heures et demie en revenant de l'école | Min dji à tûsé è d'ji so fixé | Mais j'ai pensé et je suis fixé |
Nos mînîs nos gattes à champ | Nous conduisions nos chèvres aux champs | Savez-bin çou qui dji va fé | Savez-vous bien ce que je vais faire |
---------- II ---------- | ---------- VI ---------- | ||
Des gattes on s'moke co traze fèies | Des chèvres, on se moque souvent | Et bin dji rtarè des gattes | Et bien je reprendrai des chèvres |
Portant elles sont respecteyes | Pourtant elles sont respectées | Ine grande gatte è n'pitite gatte | Une grande et une petite chèvre |
D'lhistwere è des écrivains | De l'histoire et des écrivains | Li grande ci sèrè Jeannette | La grande se sera Jeannette |
Ca c'est l'vatche des pôves djins | C'est çà la vache des pauvres gens | t lip'tite sèrè l'Biquète | La petite sera Biquette |
Les homes di deûzème Empire | Les hommes du deuxième empire | Elles gripront so les houreyes | Elles grimperont sur les collines |
D'leu bâbes di gattes esti fîrs | Etaient fiers de leur barbe de chèvre | Et les rotchés dèl pireye | Et les rochers de la carrière |
Es'schole on jase co sovint | A l'école on parle encore souvent | Elles tondront les verts bouhons | Elles tondront les verts buissons |
Del gatte da Moncheu Seguin | De la chèvre de monsieur Seguin | Puis iront s'ta mawèron | Puis iront à l'étable où elles mûriront |
L'ci qu'a n'tchesse comme in platen | Celui qui a une tête comme platine | ---------- VII ---------- | |
Bahreu n'gâte inte les 2 cwènes | Embrasserait une chèvre entre les deux cornes | N'a noule d'justice so cisse terre | Il n'y a pas de justice sur cette terre |
Dè mèchantes feumes on dit | Des méchantes femmes on dit | On n'el crirè moie trop fwère | On ne le criera jamais assez fort |
Quènes môles gattes mes amis | Quelles «Môles gattes» mes amis | Les plus malins n'fisè rin | Les plus malins ne font rien |
Vos'elles n'aimez nin? dji vz'a bin mostré | Vous ne les aimez pas ? Je vous ai bien montré | Et les autes trimèt tot l'timps | Et les autres triment tout le temps |
Qui des gatte on z'a twert dè rire | Que des chèvres on a tort de rire | C'est l'histwère da mon nos autes | C'est l'histoire de chez nous |
Mi dj'ennè so fir. Ossi dji pou dire | Moi j'en suis fier aussi je peux dire | Li pu djone, on drole d'apote | Le plus jeune, un drôle d'apôtre |
Vive les gattes è les gatlîs | Vive les chèvres et les chevriers | S'arranjive bin po fé fé | S'arrangeait bien pour faire faire |
---------- III ---------- | To l'ovredje pa ses deux frés | Tout le travail par ses deux frères | |
Aklèvé à lècê d'gatte | Elevé au lait de chèvre | Nos zestis djintis m'fré Emile et mî | Nous étions gentils mon frère Emile et moi |
Magneu d'crompire cwène di gatte | Mangeur de pommes de terre «Cwène di gatte» | On n'rinâki moie à l'ovredje | Nous ne renaclions jamais à l'ouvrage |
Et tô fer a cou des gattes | Et tout le temps derrière les chèvres | Min nosse pu djonne fré fo bin l'avouwé | Mais notre plus jeune frère, faut bien l'avoué |
On d'vint makté comme in'gatte | On devient têtu comme une chèvre | Di nos autes a bin profité | De nous a bien profité |
On dit què laid caractère | On dit "Quel laid caractère" | ||
Et portant on za bin twèrt | Et pourtant on a bien tort | ---------- VIII ---------- | |
Fà sèpi çou qu'on voût | Il faut savoir ce qu'on veut | N'allève moie avou les gattes | N'allait jamais avec les chèvres |
Ou bin on n'fait rin du tout | Ou bien on ne fait rien du tout | Li grande gatte et li ptite gatte | La grande chèvre et la petite chèvre |
Po esse respecté fà sèpi kmander | Pour être respecté il faut savoir commander | Li grande qu'on louméve Jeannette | La grande qu'on appelait Jeannette |
Esse mohone è d'vins les affaires | A la maison et dans les affaires | Et li ptite esteu l'Biquette | La petite qui était Biquette |
Pô nin s'lei fé c'nest nin compliqué | Pour ne pas se laisser faire, ce n'est pas compliqué | N'allève nin dvins les houreyes | N'allait jamais dans les collines |
Fève gâttli vo l'apprindrez | Faites-vous chevrier et vous apprendrez | Ni les rotchés d'el pireye | Ni les rochers de la carrière |
---------- IV ---------- | L'estût fir! L'estût gôté | Il était fier ! Il était gâté | |
Rivn'ant dè tchamp al vesprèe | Revenant des champs en soirée | Vlà pokwai qu'la mô tourné! | Voilà pourquoi il a mal tourné |
Inte mon Body el pirèye | Entre chez Body et la carrière | ||
No longî s'ton bè frumint | Nous longions un beau froment | ||
Propriété d'mon Germain | Propriété de chez Germain | ||
Et naturèlmint mes gates | Et naturellement mes chèvres | ||
Chaque feye s'regali comme kwatte | Chaque fois se régalaient comme quatre | ||
Min par malchance non di hu | Mais par malchance nom d'un chien | ---------------- Marcel VILLERS ----------------- | |
On djou l'cinscresse m'touma dsus | Un jour la fermière me tomba dessus | ||
A sacré gamin. Vo n'fi djinnè nin | Ah sacré gamin, vous ne vous gênez pas | ||
Cria t'elle tote rotche di colère | Cria -t-elle toute rouge de colère | ||
Niz'waré nin respondatch doucmint | Ne vous étonnez pas lui répondis-je doucement | ||
Mes gattes fè ça d'poye longtimp | Mes chèvres font çà depuis longtemps |
Voir aussi Ode au Mat'Ouffet de Marcel Villers
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