Le tombeau de Théoduin
LE PREMIER TOMBEAU
L'évêque décéda en 1075 et, suivant son voeu, il fut inhumé à la collégiale romane de Huy qu'il avait fondée en 1066. Les chanoines créèrent pour lui, selon la description que nous a laissée Maurice de NEUFMOUSTIER, un magnifique monument composé de deux dalles de marbre séparées par 6 colonnes en airain ou bronze doré. La dalle supérieure, mosaïque de marbres rouges et blancs, était enchâssée dans un cadre en bois sur lequel étaient fixées des lames de laiton avec une inscription dont Gilles d'Orval ne communique malheureusement que les premiers vers, à savoir:
" COEPIT, COMPLEVIT, DITAVIT, ET IPSE DATAVIT
GEMMIS, ARGENS, PICTURIS, VESTIBUS, AURO
HOC THEODUINUS OPUS "
Tout l'ensemble était protégé par un édicule en fer forgé, orné de fleurs d'un travail soigné de 4 pieds de large et de 5 pieds de haut. Il s'ouvrait en haut à 2 battants lorsque le prêtre venait, à des jours marqués, prier pour le défunt et encenser son tombeau.
SON EMPLACEMENT
D'après MELART (et GORRISSEN), c'était devant le maître-autel, alors qu'André JORIS le situe au pied de l'autel dédié à Notre-Dame, Fernand de Montigny auprès de l'autel que saint Materne avait consacré à la Saint-Vierge, Hadrien Kockerols dans l'ancien choeur occidental qui fit place, au 14e siècle, à la tour gothique et Albert Lemeunier au pied de l'autel de la Vierge, probablement dans le transept nord. Mais il faut rappeler que le grand autel de la Vierge actuel n'a été créé dans le transept nord qu'en 1336,don du bourgmestre hutois H. Joris !
BREF RAPPEL HISTORIQUE
La première église Notre-Dame de HUY aurait été édifiée par saint MATERNE, prédicateur, vers l'an 300, puis reconstruite en 503 sous l'évêque de Tongres AGRICOLA et en 1012 par BALDERIC II. En 1066, Théoduin accorda à HUY une Charte des Libertés et une nouvelle église romane avec crypte, car l'ancienne avait été détruite par Baudouin II et Godefroid de Brabant en 10... La nouvelle église commença à menacer ruines au XIVe siècle et on entreprit sa démolition et l'édification de la collégiale actuelle qui eut lieu de 1311 à...1536.
UNE SECONDE TOMBE
GORRISSEN, dans son adaptation de Laurent MELART, donne cette inscription du Père Ambroise, découverte sur le tombeau de Théoduin: Hic jacet Theoduinus a Bavaria, episcopus et princeps Leodiensisex nobiliori regum familia oriundus, in domini matrem unice pius hujus ecclesiae reparator, et XV praebendarum auctor, obiit anno 1075. Il ajoute Ce dernier monument est tombé, en même temps que celui d'Henri-le-pacifique, sous le marteau de ceux qui, il y a 30 ans, ont si maladroitement moderné l'église. L'inscription seule, translatée sur un carré de marbre noir, placé dans le mur, a été conservée.
Fernand de MONTIGNY nous dit que lors de la reconstruction du XIXe siècle, le tombeau fut transféré dans le sanctuaire du côté de l'Evangile, sans les colonnes, sans les plaques de mosaïque, avec une nouvelle épitaphe du père AMBROISE et de FISEN: Hic Jacet Theoduinus a Bavaria, episcopus et princeps leodiensis obiit 9"en das" julii anno 1075. Il ajoute qu'en 1652, lors de la mise en place d'un nouveau pavement dans le choeur, le dallage fut relevé, de même que la tombe.
V. KOCKEROLS, dans sa thèse de doctorat de 2014, cite que, vers 1230, une seconde tombe abritait les restes de Théoduin. Elle avait une niche où figurait une effigie sculptée en pierre, avec , dans le fond, un reliquaire de Notre-Dame. Mais, en 1230, Maurice de NEUFMOUSTIER a vu le premier tombeau et en a donné la description, reprise ci-avant, dans un annotation qu'il fit au texte de Gilles d'ORVAL.
Albert LEMEUNIER, dans son "Trésor de la Collégiale" de 2012, écrit que les restes de l'évêque furent transférés au choeur près de l'autel St-Laurent, dans un enfeu surmonté de son effigie et au-dessus duquel était exposée la châsse de la Vierge. Et, aussi, que dans la nouvelle église gothique, en 1652, le tombeau se trouvait auprès du Grand Autel, du côté de l'Evangile, et que lors de la démolition de 1812, les ossements furent déposés dans la chapelle Saint-Antoine-(ex-Saint-Gilles) dans le bas-côté nord du choeur'. Il ajoute qu'ils furent redécouverts en 1873 en même temps qu'une croix en plomb, un calice funéraire et les restes d'une sandale liturgique.
Remarque: un article du XIXe siècle-(BULLETIN ET ANNALES DE L'ACADEMIE ARCHEOLOGIQUE DE BELGIQUE TOME IV/1843 page 80)-affirme que, du mausolée et de l'épitaphe dressés à la mémoire de Théoduin, il reste, dans la chapelle à gauche du choeur une inscription rétrécie aux proportions suivantes: Hic Jacet Theoduinus a Bavaria, episcopus et princeps leodiensis obiit 9"en das" julii anno 1075" (9 des ides de juin).