Sorcellerie Ouffet

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La sorcellerie « magie qui empoisonne » est aussi vieille que l'humanité. Après l'apparition du christianisme, elle « se ramène à la diablerie, puisque le diable est par excellence, l'ennemi de l'homme ». Aux XVIème et XVIIème siècles, la sorcellerie connut un terrible développement dans toute l'Europe. Très peu de villages ne virent s'élever aucun bûcher de sorcier ou, plus souvent, de sorcière.

Le Moyen-Age est terminé et malgré le progrès des connaissances scientifiques, le peuple croit toujours à la magie. A l'aube de l'époque moderne, l'Europe connaît une grave crise morale et religieuse. L'instabilité sociale et l'insécurité politique sont grandes. Le désarroi profond pousse beaucoup de gens à croire aux superstitions qui prolifèrent formidablement.

Neuf procès pour sorcellerie ont eu lieu à Ouffet de 1614 à 1626. Autant de sorciers et sorcières pour si peu d’habitants (estimés à 350). Il est certain toutefois que toutes les affaires instruites à Ouffet ne nous sont pas connues, les registres des Archives de l'Etat de Liège ayant péri dans l'incendie de 1944.

C’est pratiquement toujours sur dénonciations que sont arrêtés les sorciers, emprisonnés ensuite à la Tour abritant la Haute Cour de Justice. Un premier interrogatoire a lieu. La Cour à ce moment est déjà certaine de la culpabilité de la personne arrêtée. Plusieurs témoins sont entendus afin de vérifier les faits. Cependant, seul l'aveu de l'accusé est la preuve de sa culpabilité. Le prévenu dès son premier interrogatoire est « mis au cep » sorte d'étau de bourrelier où l'on engage ses mains et ses pieds et dont on serre les écrous.

Les accusations ont souvent pour objet : magie, blasphèmes, vols, violence, folie. Les témoins affirment que l'accusé a fait mourir des gens et des animaux, le mal étant donné en touchant l'être visé ou en lui offrant un aliment. La plupart du temps les accusations ne sont que le reflet de racontars « on a oyou dire » qui sont pourtant pris au sérieux par les magistrats.

« Si on vous traitait de sorcière et que vous ne demandiez pas réparation c’est que vous étiez réellement sorcière ».

Vient ensuite un second interrogatoire sous la torture (dans les caves). Pour faire avouer le prévenu ses agissements coupables, il est soumis à la question.

Question dite rigoureuse :

Torture froide et chaude : elle consiste à faire ingurgiter à l'accusé, étiré sur un chevalet, une grande quantité d'eau froide (7 à 10 litres) puis à répéter l'opération avec de l'eau très chaude ;

Torture de l'échelle : on place le supplicié sur une échelle puis on lui fait subir une élongation, des poids suspendus aux pieds.

Torture par la veille : l'accusé est attaché durant de longues heures de telle manière qu'il ne puisse pas dormir. Ce supplice n'est appliqué qu'en dernier ressort à des sujets, qui après avoir subi une des questions reprises ci-dessus continuent à nier leur adhésion à satan.

Suite aux effroyables tortures le condamné avoue tout ce qu’on veut entendre et surtout qu’il a eu des accointances avec le diable. Satan apparaît toujours sous les traits d’un humain de sexe opposé. Il promet à sa victime une amélioration de sa vie quotidienne, mais pour cela elle doit renier Dieu et la Vierge et avoir avec lui des rapports sexuels (forniquer avec le diable, d’où niquer). Il emmène alors son adepte aux danses de Sabbat (Au Tige d’Anthisnes sous le vieux chêne au lieu dit « Brihi Tiou ou Tiyou »). Le chêne actuel ne serait pas celui de l'époque.

Le procès est bref, plus ou moins 10 jours, mais nous savons qu'à Ouffet la procédure a été moins rapide (de 23 à 45 jours) qu'aux Cours de Justice d'Ocquier et de Jenneret.

Puis vient la sentence. Souvent c’est la condamnation à mort (brûlé sur le bûcher).

3 femmes et 2 hommes furent condamnés à mort (attachés à une potence, étranglés puis brûlés). 1 homme fut relaxé, 1 autre banni à perpétuité de la Principauté. Les deux autres, 1 homme et 1 femme, ont probablement péri sur le bûcher. Les noms des victimes sont arrivés jusqu'à nous et copie des minutes du procès de Aylid de Haverlin sont en possession de plusieurs passionnés de l'histoire d'Ouffet.

Voici les victimes connues : Margaritte de Warre 1614 Aylid de Hayverlin 1614 Le Werbusin 1616 ou 17 Nicolas le Masson 1619 Jean Lamoureux 1624 Agnès Mierchon 1624 Lambert le Menestre 1624 Bartholomé Constant 1624 Damide Jacquemin 1626

L'époque était très anti féministe et les femmes payèrent un lourd tribut à la sorcellerie. Toutefois, nulle trace dans tous les procès analysés du balai que, selon les démonologues, les sorcières chevauchaient pour se rendre dans les airs au sabbat.


D'après les recherches et les archives de Ferdinand Braquet.

Les Médiévales, grande fête populaire qui se déroule tous les deux ans à Ouffet, retrace cette époque et ces sinistres procès. Peut-être pour exorciser le mal ...


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