Barvaux, port fluvial

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Barvaux fut jusqu'au début du siècle une place forte de la batellerie. On y commerçait au fil de l'Ourthe. Retour sur ce riche passé.

On ne le sait peut-être pas, mais jusqu'il y a à peu près un siècle, Barvaux était une place forte de la batellerie sur l'Ourthe. En témoigne ça et là quelque souvenirs de ce déjà lointain passé. La navigation sur l'Ourthe a été, autrefois, relativement importante. On y transportait le bois, le fer, le charbon et bien d'autres denrées courantes.

Le flottage du bois est signalé dès 1289 et perdura jusqu'au début du XXe siècle. La navigation sur cette rivière au régime très irrégulier n'était possible que grâce aux nombreuses vennes qui en barraient son cours. Leur franchissement par un pertuis de 10 à 12 pieds de large imposait aux Outleus (surnom donné aux bateliers de l'Ourthe) une navigation très spéciale. Les Outleus utilisaient des barques à fond plat avec une proue et une poupe recourbée, tirée par de robustes chevaux. Souvent, deux bateliers se trouvaient sur ces petits bateaux de longueur et de tonnage variable. Comme le niveau de la rivière était jadis supérieur à ce qu'il est aujourd'hui, les bateliers parvenaient à dévaler jusque Liège et à remonter le cours de l'Ourthe jusque-là Roche, pour des bateaux cependant de plus petit tonnage.

Grâce à sa situation avantageuse dans la vallée, les cantons de l'Ardenne avaient fait de Barvaux leur port fluvial et leur entrepôt. Au XVIe siècle. son activité est favorisée par le commerce des fers. On dit de Barvaux qu'il est « le port des maîtres de forges de la vallée de l'Aisne ». Il fut d'ailleurs, avant la création du chemin de fer, en 1866, le port principal et le plus florissant de la vallée. En 1620, Mathieu de Geer, wallon fondateur de la sidérurgie en Suède, exploite une forge à Fanzel et possède un entrepôt à Barvaux sur le lieu-dit la Gère. Trois ports à Barvaux

« Barvaux a compté autrefois trois ports ou débarcadères de marchandises. Le premier se situait à la Basse-Cour, là où se trouve aujourd'hui la passerelle au niveau de l'ancien abattoir. Les maisons, à proximité, appartenaient bien souvent à des bateliers. Un peu plus bas se situait le débarcadère de la Gère, réservé aux fers, bois et matériaux de construction. Et puis un peu plus loin, il y avait un débarcadère au niveau des fonderies de Glawan à Bohon », indique Bernard Polomé, spécialiste du sujet.

Source importante de développement économique, l'Ourthe allait se trouver au centre d'un vaste projet hollandais de canalisation reliant la Meuse au Rhin, en passant par la Moselle qui, en 1825, avait reçu un sérieux commencement dans la province. Barvaux se croyait alors à l'aurore d'une nouvelle prospérité, c'est dire si ces habitants n'accueillirent pas avec enthousiasme les événements de 1830, qui mirent fin au projet hollandais.

C'est cependant la création de la ligne de chemin de fer de la vallée de l'Ourthe, inaugurée le 1er août 1866, allait amorcer le déclin de la batellerie et provoquer son abandon définitif dans les années qui suivirent. Le dernier Outleus fut ainsi Léonard Jacob, dit le Douda, à qui Barvaux rend encore hommage aujourd'hui lors du carnaval.

Sources : « Barvaux sur Ourthe et la Batellerie », par Bernard Polomé, In Terre de Durbuy n° 67 (septembre 1998) et n° 70 (juin 1999). « La navigation en Wallonie » publié par le musée de la vie wallonne de Liège.