Bibliothèque Publique de Huy
Histoire
Dans la seconde moitié du XIXe siècle s'exprime la nécessité d'ouvrir une bibliothèque publique. Il n'est pas inutile de rappeler que les premiers arrêtés royaux sur le sujet datent de 1848 ni de se souvenir de son objectif premier qu'il n'est pas anodin de redéfinir pour cerner la mentalité de l'époque. Ainsi que le disait M.Preud'homme, président de la commission chargée d'instaurer une bibliothèque, lors de l'inauguration: "La commission administrative de la bibliothèque populaire de Huy, chargée d'organiser une collection de livres, destinée principalement à perfectionner le sentiment moral et l'éducation de la classe ouvrière de cette ville, vient de mettre la dernière main à l'œuvre (...) La création d'une bibliothèque populaire est une dette de chaque administration communale à l'égard des classes nécessiteuses. La bibliothèque n'est-elle pas en effet un puissant auxiliaire à l'enseignement de l'école ? (...) Avec la liberté, les progrès et les développements de l'industrie, l'instruction initiale, préparatoire de l'école primaire, est loin d'être suffisante ; il faut que l'ouvrier puisse acquérir des connaissances spéciales. Celles-ci, l'ouvrier pourra venir les puiser à la bibliothèque populaire".
Le discours est éloquent: dans la dynamique philanthropique, non dénuée du reste d'un certain paternalisme, la bibliothèque doit éduquer classe ouvrière. Aussi les ouvrages moraux seront-ils soigneusement sélectionnés: l'enjeu littéraire se double d'un enjeu social.
En 1863 :
La cérémonie d'inauguration a lieu le dimanche 16 août 1863 en fin de matinée. Après les discours académiques de M. Preud'homme et du bourgmestreCharles Delloye, le public est invité à visiter les différentes sections de cette nouvelle institution communale. C'est un immeuble de la rue l'Apleit qui avait reçu pour affectation d'abriter les collections de la bibliothèque. Le public y avait accès le dimanche matin et les soirées du mardi et du jeudi (de 19 à 21 heures).
En 1914 :
Le nombre d'ouvrages augmente tellement, notamment grâce aux dons des vieilles familles hutoises, que les locaux impartis à la bibliothèque deviennent exigus : en 1914 il faut les transférer à l'étage d'une annexe de la propriété Matthieu, rue Vankeerberghen (vraisemblablement la maison dite du Gouverneur).
Tandis que monsieur E.Gritte, bibliothécaire adjoint, était nommé en 1915 surveillant de l'Ecole Industrielle, on choisit son remplaçant en la personne d'Emile Dantinne (1884-1969). Il devient alors pour de longues années le bibliothécaire de Huy.
En 1942 :
Par décision du bourgmestre, les locaux de la bibliothèque sont transférés en 1942 de la rue Vankeerberghen à la rue l'Apleit. Ce retour aux sources dans le quartier de son berceau permet un gain de place au cloître des Frères mineurs où le Secours d'Hiver avait besoin d'espace pour assurer sa fonction bienfaitrice.
Dans les années 50, la bibliothèque publique communale n'était pas la seule institution du genre: d'autres bibliothèques, souvent spécialisées,accueillaient les lecteurs ou les chercheurs. La maison du Peuple possédait une bibliothèque orientée sur les questions sociales et ouvrières ; dès 1958, le musée dispose de la sienne, tandis qu'en 1965 l'abattoir en ouvrira une regroupant des centaines d'ouvrages. Les amateurs de questions religieuses pouvaient accéder à la bibliothèque du doyenné située en face du presbytère: on y pénétrait par une petite porte toujours visible aujourd'hui rue des Cloîtres à côté du piédestal de l'ancien pont qui fut retrouvé dans la Meuse en 1942.
En 1987 :
Les travaux consécutifs à la "Grande Percée" ont finalement conduit à chercher un nouveau local pour la bibliothèque: le départ de l'Athénée vers le quai d'Arona en 1980 a ouvert la voie à la possibilité de trouver dans le Quadrilatère des locaux plus vastes et plus adaptés. La nouvelle bibliothèque prend donc ses quartiers rue des Augustins en juillet 1987. Le parc des étagères a été totalement rajeuni pour l'occasion et pour le plus grand bonheur du successeur d'Emile Dantinne, Marcel Thonon, ravi de la métamorphose de l'institution.