Château-ferme d'Oultremont
Le Château-ferme d'Oultremont à Warnant Dreye
Située à l'écart du village, presque face à la butte de l'ancien château où se trouve toujours l'église Saint-Rémi, ancienne chapelle castrale, le château d'Oultremont domine le village de Warnant. L'histoire du château est liée directement à l'histoire de l'ancienne seigneurie du village.
Sommaire
La famille d'Oultremont
La première mention d'un de Warnant remonte à 1137. Plusieurs familles issues de la même souche portent ce nom. En 1344, Jean Faniket de Warnant est seigneur du village. A sa mort, en 1356, son frère Adolphe de Warnant lui succède et porte le même titre. L'épouse de ce dernier, Catherine Maillet devenue veuve en 1370 , convole alors en seconde noce avec Arnould de Warnant dit de Ladrier. C'est par ce mariage que le château et la seigneurie passent à l'autre branche des de Warnant. A cette époque, ils possèdent déjà une maison forte en Oultremont mais Arnould s'installe au Vieux château. En 1406, un document conservé au château de Warfusée, autre propriété de la famille, signale le Vieux château en ruines. D'autre part, ce n'est qu'au XVe siècle qu'un de Ladrier, Jean Hustin prend le nom de d'Oultremont et, en 1458, on fait pour la première fois mention d'une cour foncière d'Oultremont. C'est à cette époque que l'ancien centre castral de Warnant fut abandonné au profit du site d'Oultremont, berceau de la famille de Ladrier qui prend donc à ce moment le nom du site ou est installée sa propriété.
En 1731, le titre de comte du Saint-Empire leur est conféré par Charles VI. Les membres de la famille occupe des hautes fonctions dans le pays de Liège. Plusieurs seront bailli de Moha ainsi que bourgmestre de Huy. L'ancien hospice - aujourd'hui, office du tourisme - qui porte le nom de d'Oultremont, au pied du château de la cité mosane, est une fondation d'un membre de la famille. Le plus illustre de ses membres est sans conteste Charles Nicolas d'Oultremont qui devint prince-évêque de Liège de 1763 à 1771.
Un ensemble fortifié
Edifié dans un site arboré, avec sa ferme à deux granges, sa chapelle et ses jardins, le château constitue un ensemble remarquable, témoin de l'évolution de l'architecture défensive depuis le Moyen âge jusqu'à la fin des Temps modernes. C'est sans doute dans un donjon qu'il faut rechercher son origine. L'arrière du logis conserve d'ailleurs des moellons assez anciens et noircis peut être lors d'un incendie. Sans doute s'agit-il là des traces du premier donjon ou de pierres de réemplois de l'ancienne tour. En 1636, le premier château est en effet détruit et incendié par des milices croates lors de la guerre de trente ans. Développé à partir d'éléments restants plus anciens, les bâtiments actuels remontent aux XVIIe et XVIIIe siècles. L'enceinte du château est munie de plusieurs arquebusières. Si effectivement, les châteaux de cette époque ne joue plus de rôle stratégique, ils servent toujours de lieux de refuge où on se rend pour se sentir en sécurité pendant les nombreuses guerres qui se jouent sur le territoire de la principauté de Liège. Leurs murs protègent toujours d'une bande de pillards ou de déserteurs.
L'entrée
On a accès à la cour principale du château par une tour-porche en calcaire percée d'un portail en anse de panier. Une dalle au nom des d'Oultremont date cette entrée de 1701. A côté de ce porche, l'enceinte est munie de deux tours circulaires qui servent de défense. Elles ont toutes les deux une assise en calcaire, comportent deux niveaux supérieurs en briques et sont coiffées de toits en poivrière. La tour de droite possède un colombier avec aire d'envol. Contre cette tour, un petit logis en moellons de calcaire vient buter contre un des deux pavillons qui bordent le nord de la cour.
La cour du château et la tour seigneuriale
Au fond de la cour se trouve une tour de plan carré dont la face intérieure est en briques et les autres murs en calcaire. Elle affirme la puissance seigneuriale du propriétaire. Le rez-de-chaussée de cette tour servait de remise à voitures tandis que les autres bâtiments adjacents comportaient des écuries, une forge et une boulangerie. Les autres étages servaient sans doute de logement au nombreux personnel qui travaillait au château et à sa ferme.
Le logis seigneurial et la colonnade toscane
Le sud de la cour est occupé par le logis seigneurial composé d'un avant corps surmonté d'un fronton et d'une aile plus basse de deux niveaux du milieu du XVIIe siècle. Cette bâtisse est construite entièrement en moellons de calcaire. L'avant corps est daté de 1720. Il a donc été adjoint à l'ensemble plus tardivement. En prolongement du logis, on peut admirer une superbe colonnade toscane de sept arcades. Le logis a sûrement fait l'objet de plusieurs campagnes de construction car si la façade avec son fronton, est classique, l'arrière, sur la cour de la ferme, comporte des éléments du gothique tardif notamment dans les ouvertures ainsi que des grandes baies qui, elles, ont été ouvertes au XIXe siècle. La tourelle accueille un escalier semi-circulaire du XVIe/XVIIe siècle.
La ferme
La ferme castrale se développe en quadrilatère contre les murs du château. Elle est composée d'une aile qui comprend des étables sous fenil alors que l'aile sud est occupée par une grange imposante datée de 1667 mais remaniée au XVIIIe siècle. Dans l'aile en face des étables, se trouve le logis de l'actuel propriétaire qui a été réaménagé à partir d'anciennes écuries sous fenil. Cette aile est prolongée par une deuxième grange en long qui s'étend hors du quadrilatère. La grandeur de cette ferme et de ses deux granges s'explique par la grandeur du patrimoine foncier des d'Oultremont qui possédaient à Warnant en 1502 près de 150 bonniers sans doute issus de l'ancienne réserve seigneuriale, auxquels il faut encore ajouter une trentaine de bonniers. On notera que la famille détenait aussi les fermes et les charruages de Chantraine et de Dreye.
La chapelle
La chapelle castrale fut édifiée en 1649. Elle est reliée au château par un muret. Elle consiste en une seule nef en pierre calcaire et est surmontée du blason de la famille. A l'intérieur de l'édifice se dresse le mausolée du prince-évêque d'Oultremont qui avait été érigé à Liège dans la cathédrale Saint-Lambert. En 1804, il est descellé et transporté dans la chapelle à la demande de la famille. Il représente la figure allégorique de la douleur essuyant ses larmes de la main droite tandis que la main gauche s'appuie sur un médaillon soutenu par un génie. Sur ce dernier, est représenté le défunt prince-évêque. Ce bas-relief est du sculpteur Guillaume Evrard. Un autre mausolée, celui de la comtesse Charlotte d'Oultremont, s'appuie sur le mur d'en face. La chapelle possède également un jubé en bois peint du XVIIe siècle et des fonds baptismaux en marbre et laiton du XVIIIe siècle.