ANCIENNES MONNAIES DE HUY
Sommaire
LES MEROVINGIENNES
Huy est citée au VIe siècle, comme un portum et parfois un castrum mosan important dans le nouveau royaume d'Austrasie fondé en 511. Un monnayage remarquable va se créer dans ce royaume sous Théodebert, petit-fils de Clovis, avec des sous et des tiers de sous d'or imités de Justinien (=des triens ou trémissis).
On trouve, dans la seconde moitié du VIe siècle, 5 types austrasiens:
1. le premier, de TREVES, COLOGNE et MOUZON, montre une tête diadémée, avec la boucle du diadème détachée de la tête. Au revers, une imitation de Justinien, une victoire ailée portant un globe surmonté d'une croix.
2.Le deuxième, du MIDI, dont un triens est présent à HUY, ne montre plus de boucle et la victoire est remplacée par une croix sur un trait qui la sépare du globe. Du côté de la tête LANDEGISILUS et au revers MONETARIUS CHOE
3. Le troisième, de BESANCON, avec un sou d'or et quelques tiers de sou HUTOIS, porte également au revers LANDIGISILOS MO avec la croix haussée sur des globules, et, sur l'autre face, autour de la tête, CHOAE FIT.
4. le quatrième, le plus répandu, provient de MARSEILLE et est également présent à HUY: il montre une gravure moins bonne, avec des têtes hirsutes et triangulaires, des cous rigides. Au revers, la croix surmonte un trapèze contenant 1 ou plusieurs globules. Au droit, on lit soit "CHOAE FIT" ou "FICITI".
5. le cinquième, un triens trouvé à HUY, porte au droit CHOE CASTRO et au revers une croix chrismée et potencée entourée de VECTURIA.
Note: les plus anciennes pièces sont du monétaire RIGOALDO, o, y voit un alpha et un omega suspendus aux bras de la croix. D'autres noms de monétaires sont de la même époque: BERTELINO, BERTOALDO, BOBONE, DAGBERTO, GANDELIONI, GUNDEBERT, MONDALDUS, BEDOPATTI. Leurs monnaies montrent plusieurs "déformations" comme les 2 lettres remplacées par 2 pendentifs ou 2 points ou même supprimées.
LES CAROLINGIENNES
Lorsque les Carolingiens arrivent au pouvoir au VIIIe siècle, la situation se modifie du tout au tout. l'or s'en va et c'est l'argent qui prend sa place, surtout en deniers et quelques demi-deniers, appelés oboles. Le roi décide du poids, de l'alliage, du type et la monnaie devient royale. Un sou équivaut à 12 deniers et une livre (de Charlemagne) à 20 sous. Mais sous Louis-le-pieux, on frappera quand même quelques pièces d'or, notamment à Aix-la-Chapelle.
Les premiers deniers de HUY sont antérieurs à la réforme de CHARLEMAGNE et portent au droit CAROLUS et au revers CHO-GIS en deux lignes.
Des deniers hutois de LOUIS-le-PIEUX apparaissent après 822 et on y voit un temple sous lequel la marque d'atelier est représentée par 3 points en triangle.
L'empereur LOTHAIRE, 840-855, donne au Comte MACAIRE la collégiale de HUY et des biens en Condroz. Il fait frapper à HUY des deniers au temple et aux 3 points entouré de HOGISE MONETA ou XPISTIANA RELIGIO.
Le roi LOTAIRE II ne monnayera qu'à AIX-la-CHAPELLE.
En 869, c'est CHARLES-le-CHAUVE qui occupe le pays. Il frappe à HUY des pièces à son monogramme et la légende GRATIA DEI REX au droit et CHOGIS au revers.
Son fils LOUIS-le-BEGUE, dès 877, à HUY, garde son monogramme sur des deniers et oboles, avec + HLVDOVVICUS REX au droit et + IN VICO HOIO au revers autour de la croix.
LOUIS-le-JEUNE réunifie ensuite la LOTHARINGIE et la monnaie de HUY s'efface à nouveau, cette fois au détriment de NAMUR.
En 900, le dernier Carolingien allemand, LOUIS-l'ENFANT rétablit un monnayage à DINANT, NAMUR et HUY. ses deniers portent une croix sur chaque face, avec + LVDOVVICUS REX au droit et +IN VICO HOGGIO au revers.
LES IMPERIALES
Au Xe siècle,l'empereur LOUIS IV donne aux évêques de Liège le droit de frapper monnaie et en 985 Otton y ajoute le permis d'avoir une monnayerie. On voit alors de ateliers à Thuin, Duisbourg, Tongres et HUY. Il ne s'agit donc plus de monnaie royale frappée par un vassal, mais bien de pièces du type impérial empreintes de l'effigie et du nom du souverain. A HUY, le monnayage a repris en 985 alors que le dernier comte, ANSFRID, a transmis le comté à l'église de Liège- (note: NOTGER devient ainsi le véritable dernier comte de Huy, pour quelque temps, du moins).
Nous voyons un denier de HUY anonyme de type colonnais; son appartenance reste à définir car elle se lit S IIIOL A en 3 lignes, avec, au revers, autour d'une croix cantonnée de 3 globules:+I....ICO HOIO-(note: peut-être IN VILLICO HOIO).
Un autre denier de format moindre (d'ANSFRID ou de NOTGER?) porte le nom du roi OTTON III (983-996),et est à l'imitation des monnaies de COLOGNE et d'un type purement CAROLINGIEN: + OTTO REX autour d' une croix cantonnée de 4 globules. Au revers, en 2 lignes: HOIO NNICO.
Sur d'autres pièces hutoises apparaît la tête de l'évêque, diadémée entourée de + OTTO GRA DI REX. Dans le champs du revers: HOIUM dans la légende circulaire SCS LAND BERTUS.
Quand OTTON III devient empereur, en 996, le type de la pièce hutoise est modifié: la tête est entourée de + OTTO REX IMPER et au revers + HOIO MONETA X encadre 3 ovales entrelacés.
Sous HENRI II et CONRAD II, on reprend l'allure générale de la pièce de NOTGER avec une innovation: S.DOMITIANUS apparaît sur plusieurs deniers au nom de HENRI, mais SCS LANDBERTUS ou SCS DOMITIANUS sur ceux de l'empereur CONRAD II. Sur une des pièces hutoises, on lit, autour de la tête diadémée, S LAN... avec, au revers, SCS DOMICIANUS entourant HOIM.
LES EPISCOPALES
CONRAD II (1027-1039) sera le dernier nom d'empereur à figurer sur la monnaie de HUY. Après lui, on trouvera les noms de SANT LAMBERT et de SAINT DOMITIEN, + parfois celui de SAINTE MARIE.
THEODUIN est le premier évêque à signer de son nom les piéces frappées à HUY. Le denier se transforme en poids et en diamètre réduits. Les modèles colonnais sont abandonnés; On utilise des légendes explicites, des figurations plus réalistes et les graveurs cherchent des inspirations locales.
Plusieurs deniers du XIIe siècle montrent la collégiale de HUY, d'autres le perron. Sur certaines pièces apparaissent des tours crénelées avec enceinte, un bâtiment à 3 tours, un arbre, un cheval,...
Ce sera la grande époque du commerce hutois. Le nombre et la variété des monnaies est en progression constante.
Les dernières sont des deniers d' HENRI DE GUELDRE, en alliage plus médiocre.
Vers le milieu du XIIIe siècle, les deniers continentaux perdent de leur valeur et sont confrontés à l'arrivée massive des esterlins anglais que l'on commencera bientôt à imiter.
LA GROSSE MONNAIE
L'évêque JEAN DE FLANDRES imite l'esterlin du BRABANT, lui-même imité de l'anglais. Puis l'évêque HUGHES DE CHÂLON copie l'esterlin à tête couronnée de roses. Ensuite arrive en force le gros tournois de PHILIPPE LE BEL.
A HUY, HUGHES DE CHÂLON frappe un gros tournois, puis l'atelier de HUY est supplanté par celui de STATTE pendant une vingtaine d'années. Il sera réouvert par l'évêque ADOLPHE DE LA MARCK, qui, vers 1325,y fait frapper une petite série de pièces à l'aigle essorante. Ce sont des volants, des sous de 12 deniers, des tiers et peut-être des demi-volants avec, au revers, une croix fleuronnée.
Il y aura aussi un denier de billon (alliage de bas-argent), sorte de denier tournois agrémenté d'un genre de perron.
Remarques:
-Le GROS TOURNOIS vaut d'abord 6 deniers liégeois, puis 12 deniers nouveaux et, fin du XIIIe siècle, 16 deniers.
- Sur le fichier ci-dessus, le DOUBLE ESTERLIN d'argent d'ADOLPHE DE LA MARCK (1326-1332) frappé à HUY porte au revers MONETA NOVA HOYENSIS et au devers (=au droit) + ADULPHUS : EPUS: LEODNS.
L'atelier de HUY se ferme définitivement après les premiers troubles économiques et sociaux du XIIIe siècle!
ANECDOTE: UNE FAMILLE HUTOISE DE FAUX-MONNAYEURS
L'orfèvre Thiry LIBERT vivait à HUY en 1661 avec se femme et leurs enfants. Leur commerce était assez florissant, mais ils désirèrent quand même accroître leur fortune et ils se mirent à falsifier de la monnaie en recouvrant d'argent des pièces en billon, qui est, rappelons-le, un alliage de bas-agent. Ils lancèrent ainsi en circulation un si grand nombre de pièces d'"argent" ou plutôt argentées, que l'éveil fut donné. On arrêta les coupables. L'orfèvre et son épouse furent pendus l'un à côté de l'autre sur la Place du Marché à Liège et le enfants firent bannis à perpétuité de toutes le villes de la principauté.
(extrait de Jules FRESON: Quelques causes célèbres à HUY in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, volume 8/1888).
SOURCES
Hubert FRERE : Les monnaies de Huy in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, volume XXIX/1975
Monnaiesdeliege.skyrock.com
FR-numisma.com
CoinArchives.com