ATUATUCA AU MONT FALISE?
Sommaire
LE SITE CESARIEN D'ATUATUCA OU ADUATUCA
TONGRES fut naturellement identifiée comme le lieu où les légats Romains Quintus Titurius Sabinus et Lucius Aurunculeius Cotta établirent leurs quartiers d’hiver en -54. En effet, la ville en latin porte bien le nom de Atuatuca Tungrorum et apparaît sur la table de Peutinger. Cependant, elle ne fut fondée qu’en -10 soit près de 40 ans après cette bataille ; il est possible qu’un petit oppidum ait précédé la ville même.
En effet, César mentionne qu’Atuatuca est « un oppidum éburon situé presque au milieu de leur pays ». Mais le pays des Éburons, ajoute César, est situé en très grande partie « entre la Meuse et le Rhin », ce qui exclut la localisation de Tongres qui se situe à l’ouest de la Meuse et donc pas « au milieu du pays des Éburons ».
On lit dans la "Guerre des Gaules" de César au livre VI, chapitre 32: Les Sègnes et les Condruses, peuples de race germanique et comptés parmi les Germains, qui habitent entre les Eburons et les Trévires, envoyèrent des députés à César pour le prier de ne pas les mettre au nombre de ses ennemis et de ne pas considérer tous les Germains d'en deçà du Rhin comme faisant cause commune : « Ils n'avaient pas songé à la guerre, ils n'avaient envoyé aucun secours à Ambiorix. » César, après s'être assuré du fait en interrogeant des prisonniers, leur ordonna de lui amener les Eburons qui pouvaient s'être réfugiés chez eux : « s'ils obéissaient, il respecterait leur territoire. » Après quoi il divisa ses troupes en trois corps et rassembla les bagages de toutes les légions à Atuatuca. C'est le nom d'une forteresse. Elle est située à peu près au centre du pays des Eburons. (Note: une moitié de la tribu des Eburons était sous le commandement d'AMBIORIX et l'autre moitié sous celui de CATUVOLCOS).
Dernier argument mettant en doute la localisation à Tongres : le terme Atuatuca ne serait qu’un nom générique désignant une fortification : id castelli Nomen est. César, ne connaissant pas la signification exacte de ce terme, l'a peut-être pris pour le nom propre d’un établissement éburon. Le terme atuatuca peut avoir désigné n’importe quelle place forte ou oppidum, d’où l’étymologie du nom de la ville de Tongres Atuatuca Tungrorum signifiant simplement place forte des Tongres.
Tous ces indices mettent à mal l’idée que l’oppidum éburon, site de la défaite romaine, soit précisément la ville de Tongres.
LES RECHERCHES DE NOTRE PREMIERE SOURCE
En 1861, suite aux écrits de l'aide-de-camp du grand-Duc Frédéric I de BADE, le général allemand VON GOELER qui certifie que l'OPPIDUM d'ATUATUCA était situé sur le Mont FALISE à HUY, le général Casimir CREULY et Alexandre BERTRAND sont envoyés pour effectuer des recherches sur le terrain au bord de la Sambre et de la Meuse. Leurs observations minutieuses les conduisent à tomber d'accord avec les déclarations du général allemand. Ils établissent "leur" carte de la Gaule, avec LABIAMUS sur la route de TREVES, à 15 milles de l'Ourthe, CICERON à GEMBLOUX, SABINUS à TONGRES et ATUATUCA au MONT FALISE.
A noter que 3 savants belges, messieurs ROULEZ, BORGNET et WAUTERS, feront un rapport à l'Académie de Bruxelles sur la partie "Belge" de cette carte et qu'ils y contesteront la plupart des affirmations du général CREULY quant à la position des camps des Romains et des Eburons.
LES RECHERCHES DE NOTRE DEUXIEME SOURCE
1. NAPOLEON III place l'OPPIDUM du côté de NAMUR et le CASTRUM vers TONGRES. Sa justification est que d'après les recherches faites par le major de LOQUEYSSIE, les deux seuls lieux où on pourrait asseoir l'OPPIDUM ADUATICORUM sont le Mont FALHISE à HUY et la montagne qui abrite la citadelle de NAMUR, mais la montagne hutoise n'est pas entièrement entourée de rochers et la place manque pour y placer les plus de 1500 pieds de contrevallations décrites par Jules CESAR. (Note: l'empereur dit que l'on a fixé ADUATUCA en plus de 14 endroits entre JULIERS, AIX-LA-CHAPELLE et ... ESNEUX, EMBOURG..).
2. Camille de LOOZ arrive à des conclusions contraires et ne suit pas non plus l'avis de l'estimable général VON GOELER, célèbre pour ses travaux sur les campagnes de CESAR, qui certifie que l'OPPIDUM était bien situé sur le mont FALISE. C'est la configuration du proche mont de la BUISSIERE qui s'y oppose! Et notre chercheur d'ajouter qu'il ne voit pas pourquoi les Cimbres et les Teutons, qui venaient du Rhin et se dirigeaient vers le Sud-Est de la France, aurait traversé la Meuse. L'OPPIDUM devait donc se trouver sur la rive droite du fleuve! Quant au CASTRUM, NAPOLEON III le situe à TONGRES, dont la fortification naturelle s'appuie sur les bords marécageux du GEER et ne possède au Sud ni rocher ni colline escarpée. Les CASTRUM n'était donc pas là!
Camille de LOOZ a étudié de près les 14 endroits cités par NAPOLEON III et en a conclu que SEULE LA PRESQU'ÎLE D' EMBOURG A PU ÊTRE L'OPPIDUM et que SON REMPART A CONSTITUE LE CASTELLUM ADUATUCA! Il le prouve en une vingtaine de pages de descriptions topographiques minutieuses!
3. Notre Conclusion:
Le général VON GOELER estime que le Mont FALISE a pu être le siège de l'OPPIDUM des ADUATUQUES. Le commandant de Loqueyssie, chargé de faire des recherches sur la position qui servit de retraite aux Atuatiques, rejette le mont Falhize, près de Huy, parce qu’il ne présente pas de défenses naturelles. L’isthme qui le rejoint à la montagne a plus de 300 mètres de largeur, et la circonvallation romaine aurait dû couper deux fois la Meuse. Mais il donne comme emplacement de l’oppidum gaulois une partie seulement de la citadelle de Namur, qui présente à peine une surface de sept hectares. La ligne de circonvallation aurait coupé deux fois la Meuse et une fois la Sambre. César ne fait aucune mention de ces deux rivières.
Camille de LOOZ, qui écrit son rapport de recherches le 7 juillet 1876, du château de BEN-AHIN démoli donc ces avis, et identifie ce siège important des Eburons à EMBOURG, entre Liège et HUY, mais sur l'Ourthe et, donc, la rive DROITE de la MEUSE!
LES RECHERCHES DE NOTRE TROISIEME SOURCE
L'auteur, Raymond SCHMITTLEIN, estime que les chercheurs précédents, et surtout les Français, ont manqué de méthode sérieuse. On peut, évidemment, reprocher à CESAR et à son officier-commentateur de manquer, (certains disent "peut-être intentionnellement"), de précision dans sa description des lieux. Et, aussi, à l'époque, tous les monts s'appelaient des montagnes, toutes les rivières étaient des cours d'eau et tous les fleuves étaient des rivières. Pour lui, les lieux les plus discutés sont l'ADUATUCA des Eburons et les camps des GENERAUX romains.
Il commence ses recherches en précisant qu'il est bien écrit qu'ADUATUCA est situé près d'une vallée et d'une gorge étroite et que sa distance au camp de SABINUS ET COTTA est de 90 km et à 80/85 km de celui de CICERON, alors que LABIEMUS est à 120km de CICERON et il ajoute que ces distances sont d'une précision extraordinaire !
Il est également certain qu'ADUATUCA se trouvait à la limite du territoire Aduatuque et du territoire Eburon et aussi à mi-distance des frontières nord et sud. Il ne pouvait pas, comme le dit CESAR, être au milieu du territoire des Eburons puisque les 2 rois Eburons (AMBIORIX et CATUVOLCOS) ne franchissaient pas la frontière en se rendant au camppour y amener du ravitaillement.
Quant au camp de LABIEMUS, il est situé à la frontière des Rèmes et des Trévires sur la voie "REIMS-TREVES". Nous n'y voyons que la butte dite du MONT-TILLEUL à EPOISSUM (devenu CARIGNAN).
Un arc de cercle tiré depuis cet endroit passe par la ville de HUY. On sait qu'il y avait là un passage de la Meuse et l'aboutissement d'une route venant de DINANT.
Un autre arc de cercle tiré vers l'ouest passe par BEAUMONT, sur la route BAVAY-DINANT. En ligne droite, HUY-BEAUMONT=80 KM et BEAUMONT-CARIGNAN=120 KM.
Par triangulation ABC: A=BEAUMONT/CAMP DE CICERON B=CARIGNAN/CAMP DE LABIEMUS C=HUY/CAMP DE SABINUS ET COTTA. Ces trois points couvrent l'un, la route de DINANT, l'autre la traversée de la MEUSE, la frontières des ADUATUQUES , des EBURONS et (?) des CONDRUZES, et un autre encore empêche les TREVIRES de déboucher de la forêt des ARDENNES par la route directe TREVES vers REIMS.
Précision: l'endroit tout désigné à HUY pour abriter le camp de SABINUS et COTTA est, sans conteste, le mont où fut érigé plus tard le château-fort. Quant aux EBURONS, c'est bien du MONT-FALISE, sur la rive gauche de la MEUSE, qu'ils pouvaient le mieux observer et menacer les cohortes romaines.
NOTRE CONCLUSION: Les auteurs et chercheurs de nos sources 1 (en 1853) et 3 (en 1974) se rejoignent en situant ATTUATUCA AU MONT FALISE !
SOURCES
1.Général Casimir CREULY: La Carte de la Gaule, examen des observations auxquelles elle a donné lieu en Belgique et en Allemagne in Revue Archéologique- Nouvelle série-vol.8 /1863.
2.Camille de LOOZ: La position des Aduatiques et du château-fort Aduatuca in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, volume I/1875.
3.Raymond SCHMITTLEIN: Peut-on identifier Aduatuca et les 3 camps césariens de Belgique en 54? in Revue Internationale d'Onomastique, tome 26-4/1974.
4.Jules CESAR: La Guerre des Gaules in Les Commentaires de la Guerre des Gaules, vol.I/année -52.
5.Wikipedia: Aduatuca à Tongres ?.