L'AVOUERIE DE HUY
Sommaire
DEFINITION
On rencontre, malheureusement, beaucoup de sens différents à ce mot d'"avouerie" oublié de tous!
Durant l'époque carolingienne, c'était la demeure du protecteur officiel des terres d'une institution religieuse importante, comme, par exemple, une abbaye. Cet avoué devait faire en sorte de défendre les biens conventuels contre les pilleurs, les brigands ou...d'autres seigneurs. Car c'était un seigneur que l'institution chargeait de la protéger et de la représenter juridiquement, en échange d'une rémunération, en impôt ou en restitution d'une partie des amendes. Il dirigeait les vassaux de l'abbaye.
Par la suite, à l'époque médiévale, l'avouerie devint une charge qui se transmettait et se négociait comme un FIEF héréditaire, mais surtout pas comme un droit acquis définitivement.
On doit donc distinguer 2 catégories d'avoués:
-celle des princes, ducs ou comtes chargés de la protection juridique des biens ecclésiastiques en échange d'un revenu, souvent annuel.
-celle des seigneurs, chevaliers, souvent vassaux de ceux de la première catégorie, qui tirent la majorité de leurs revenus de l'avouerie. Celle-ci est un fief héréditaire et leur seul ou principal moyen de subsistance.
Dans le cas qui nous occupe, l'avouerie dite "de HUY" était celle du comté de Huy, grand fief de l'évêché de Liège. Lorsque son avant-dernier comte, Ansfrid, le vendit à l'évêque NOTGER en 985, celui-ci prit le titre de (dernier) comte de Huy et l'avouerie passa entre les mains des seigneurs de BARSE. Elle devint ce que l'on appelait à l'époque une avouerie urbaine, suite à l'octroi d'une charte de franchises et son avoué était aussi le châtelain de la forteresse au nom de l'évêque.
LISTE DES AVOUES DE HUY
Il existe 3 filiations connues des avoués de Huy, dont, malheureusement, les deux premières (celle de LEFORT et celle de GOETHALS) ne méritent aucune confiance, selon nos historiens, alors que la troisième (celle de l'abbé BALAU), présente un tableau un peu plus exact, mais incomplet et avec la même erreur que les autres: les avoués ont le titre de seigneurs de Beaufort! Et pourtant, comme le signale Pascal CARRE dans sa thèse de doctorat, que nous avons consultée, le sceau de 1238 "à bande coticée des Beaufort" utilisé par Wautier de BARSE en 1238 suggère bien une relation familiale entre les Avoués de Huy et les seigneurs de Beaufort. Il est à signaler aussi que le chroniqueur hesbignon Jacques de HEMRICOURT écrit que la fille aînée d'Arnould de HARDUEMONT fut mariée à l'avoué de Huy, seigneur de BARSE, qui était issu de la lignée de BEAUFORT.
Voici la liste chronologique corrigée ou adaptée par ses soins que nous propose le docteur TIHON dans son article de 1897 (voir au bas de cette page la rubrique de nos "sources consultées"):
Remarque: plusieurs sources donnent comme premier avoué de Huy un certain ADALARD, qui vivait du temps de NOTGER et qui serait mort en 1013 à la bataille de Hoegaarden qui opposait Lambert de LOUVAIN aux troupes épiscopales liégeoises
? 985/1000 ADALARD ( de BARSE?)
1066 WALTER DE BARSE (ou WAUT(H)IER ou GAUTHIER)
1083 BOSON DE BARSE
1129 WALTER DE HUY, châtelain
1139 GUALTERUS DE BARSE
1170 LAMBERT DE BARSE
1234 WALTER DE BARSE
1238 WALTER DE BARSE
1260 WALTER DE BARSE
1266 HENRI DE BARSE et DE JAUCHE
1279 WAUTIER DE BARSE et DE JAUCHE
1293 WAUTIER DE BEAUFORT
1304 SIMON DE CLERMONT ou DE WALCOURT
1313 SON EPOUSE, ALIDE DE HARDUEMONT, veuve de WALTER DE BEAUFORT. Elle est avoueresse avec comme tuteur JEAN DE HARDUEMONT,son frère
1316 WAUTIER DE BARCH (BARSE)
1345 SA SOEUR AGNES DE BEAUFORT
1355 SON EPOUX GERARD RAMLOZ (RAMELOT)
1420 HENRI DE RAMELOT
1422 SA FILLE JEANNE DE RAMELOT
1422 SON EPOUX CONRARD D'ANDRIMONT DE BOUBAIS (DE BOMBAYE)
1470 BERTHELINE DE BOUBAIS, DAME DE VIERSET
1473 SON EPOUX JACQUES DE CRISGNEE (CRISNEE)
1496 GILLES DE CRISNEE
1532 JACQUES DE CRISNEE
1550 JEAN DE CRISNEE
1559 SON FRERE CONRAD mort sans héritier en 1586. L'évêché de Liège en profite pour s'accaparer de l'avouerie de Huy.
1594 MAXIMILIENNE DE BAVIERE, fille naturelle, mais reconnue, du prince-évêque ERNEST DE BAVIERE
1594 SON EPOUX FRANCOIS CHARLES DE BILLEHE
L'AVOUERIE RESTERA DANS CETTE MAISON DE BILLEHE JUSQU'AU 1O JANVIER 1794, DATE DU DECES DU DERNIER AVOUE CHARLES ALBERT GAËTAN
PETIT HISTORIQUE DU CHÂTEAU DE VIERSET-BARSE
où nous retrouvons le nom de plusieurs avoués de Huy:
À l'origine, le château de Vierset fut édifié au XIe siècle par la famille de Barse qui possédait également la seigneurie voisine dont son nom est issu. À la suite de plusieurs différends, le prince-évêque de Liège, Henri de Gueldre, mis à sac la demeure des Barse en 1267. Par le décès de Wauthier de Barse, en 1292, les seigneuries de Vierset et de Barse passèrent entre les mains de son cousin, Wauthier de Beaufort, puis en 1450, par le jeu des héritages, Vierset est séparée momentanément de Barse pour entrer dans le patrimoine de Conrard de Bombaye et, enfin, les deux seigneuries sont à nouveau réunies en entrant en possession de Gilles de Crisnée. En 1606, toujours par des effets d'alliances, Vierset échut à la famille de Billehé. Les Billehé donnèrent un général d'infanterie, Charles-Albert de Billehé, Grand Bailli du Condroz et propriétaire du régiment de Vierset aux Gardes wallonnes, qu'il mit au service de la France puis de l'Autriche.
Puis ce fut la révolution, l'arrivée des Français et la fin...de l'avouerie!
SOURCES
Pascal CARRE: Les Avoueries des Eglises Liégeoises du XIe au XVe siècle in THESE DE DOCTORAT DE L'UNIVERSITE DE LIEGE/2009
Félix Victor GOETHALS: Histoire Généalogique de la Maison de Beaufort-Spontin/1851
F.TIHON: L'Avouerie de Huy et les Seigneurs de Beaufort in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, vol.XI/1897
Paul WYNANTS: Documents concernant l'avouerie de Huy in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, vol.XI/1897
x: Les Avoués de HUY in fmg/Projects/MedLands/Namur.htm.