Ecluse d'Ampsin-La Neuville
HISTORIQUE
Lorsque la ligne de chemin de fer du nouvel état belge fut mise en fonction pour traverser la Belgique d'est en ouest jusqu'à Paris, on se rendit vite compte qu'il y aurait là une sérieuse concurrence avec la batellerie et dès 1853, on prit la décision de procéder à la canalisation de la Meuse. Ces travaux durèrent plus de 40 ans. En Meuse liégeoise, de Monsin à Ben-Ahin, les écluses n'avaient pas de sas, les barrages à aiguilles allaient d'une berge à l'autre, on libérait les aiguilles pour laisser passer les bateaux puis on les récupérait à l'aide de cordages. L'ingénieur français Charles Poirée (1785-1873), concepteur de ces premiers barrages, inventa alors les fermettes, cadres en fer établis à faible distance les uns des autres, articulés dans des crapaudines scellées sur le fond du fleuve et reliés en amont à des poutrelles elles-mêmes connectées aux aiguilles. A la montée des eaux, on enlevait progressivement les aiguilles et on abattait les fermettes pour faire disparaître complètement le barrage. Les premières écluses mixtes de la Haute-Meuse mesuraient 57 mètres sur 9 et après la canalisation 100m X 12, contre 136m x16 en Meuse liégeoise.
Vers 1928, on construisit de nouveaux barrages pour bateaux de 2000 tonnes à Monsin et Yvoz-Ramet, alors que trois barrages à aiguilles de 57m x9m, pour bateaux de 600 tonnes, subsistaient encore à Huy, Flône et ... Ampsin. On n'y passait qu'une péniche à la fois et le trajet Liège-Paris prenait entre 5 et...12 jours à cause de ce bouchon (et de la perte de temps sur la Sambre dont les écluses étaient toujours de 50m x 5m).
De 1955 à 1958, on décida de démolir les anciens petits barrages [1] et on procéda à la création d'un nouveau barrage et d'une écluse pour 2000 tonnes à Ampsin-La Neuville avec endiguement de la Meuse contre les inondations.
Le site éclusier de 1958
Mais, progrès oblige, il fallut bien vite songer à passer aux grands gabarits !
Tableau des types de bateaux en usage en Wallonie (source SPW) Conférence européenne des ministres des Transports (« CEMT »):
Nom Longueur (m) Largeur (m) Tirant d'eau(m) Tirant d'air(m) Tonnage
I Péniche Freycinet 38,50 5,05 1,80 - 2,20 3,70 250 - 400
II Campinois 50 - 55 6,60 - 7,20 2,50 3,70 - 4,70 400 - 650
III D.E.K. 67 - 80 8,20 2,50 4,70 650 - 1000
IV R.H.K. 80 - 85 9,50 2,50 4,95 ou 6,70 1000 - 1500
Va Grand Rhénan 95 - 110 11,40 2,50 - 4,50 4,95 ou 6,70 ou 8,80 1500 - 3000
Vb Convoi poussé 172 - 185 11,40 2,50 - 4,50 4,95 ou 6,70 ou 8,80 3200 - 6000
VIa Convoi poussé 95 - 110 22,80 2,50 - 4,50 6,70 ou 8,80 3200 - 6000
VIb Convoi poussé 185 - 195 22,80 2,50 - 4,50 6,70 ou 8,80 6400 - 12000 ou 8,80 3200 - 6000
VIb Convoi poussé 185 - 195 22,80 2,50 - 4,50 6,70 ou 8,80 6400 - 12000
Ce fut chose faite en 2015 pour les écluses en aval de Huy, mais un dernier goulet d'étranglement subsistait toujours: Ampsin-La Neuville, avec sa petite écluse de 55 m pour bateaux de 600 tonnes, fermée depuis 2005 et sa "grande" écluse de 136m pour des 2000 tonnes, ses portes à déplacement latéral suspendues à un chariot sur un portique et son temps de passage de 20 minutes. Il fallait passer au plus vite à un gabarit de...9000 tonnes. Le projet en fut confié en 2017, pour le financement à la société "Sofico" et pour les travaux à la firme "Duchêne" en association avec "Les Pieux Franki" pour les fondations des berges et les murs. La SPW, Service Public de Wallonie, est maître d'oeuvre des travaux. Il faut également signaler la collaboration du "Bureau Greisch" pour l'architecture et le génie civil ainsi que de "Tractebel Engineering" pour l'électromécanique. Pour ne pas interrompre ni ralentir le trafic, on commencera par transformer la petite écluse en une grande écluse de 225m x 12,50m pour 2021 puis on démolira l'autre et on en construira une toute grande de 225m x 25m qui devra être en service en 2023. On aménagera les berges des deux rives. On installera une nouvelle échelle à poissons, sous la forme d'une rivière artificielle sur la rive gauche, pour remplacer les deux passes présentes de chaque côté du barrage. On bâtira un nouveau poste de commande et on allongera la passerelle cyclo-pédestre entre les deux rives du fleuve.
Réalisation: dès 2018, on s'occupa activement de l'adaptation du réseau routier riverain, chemins d'accès, routes nationales, de l'évacuation des terres, de l'acheminement des matériaux, par bateaux et par camions ainsi que, dès 2020, de la démolition de l'écluse n°1, qui fut chose faite en décembre 2020. En janvier 2021, placement de deux portes de 90 tonnes, 12m50 de haut et 15m de large. La fin des travaux routiers de la nationale 90 (rive droite) est prévue pour l'été 2021. Prochaine étape: la mise sous eau de la première écluse.
LE PROJET
Photomontage extrait du site web "ecluseampsin.be"
SOURCES WEB
1. quenovelle.be/amay/terrasses/spip/spip.php?article72
2. ecluseampsin.be