Anciens Métiers de Huy
Sommaire
La genèse.
Au carrefour de deux voies d'eau - la Meuse et le Hoyoux - drainant la vie en son sein, une ville nait : Huy. Ce qui caractérisait Huy, c'était d'une part cette hauteur d’où l'on pouvait surveiller toute la vallée de la Meuse et sur laquelle on bâtit un château, d'autre part le Hoyoux qui anima tout son destin économique. Les roues hydrauliques de tous ses moulins, ingénieusement mises en action par des chutes d'eau artificielles, ont permis aux artisans de s'y installer et d'y vivre.
- En 1066, au temps de l’évêque Théoduin, les Hutois conquirent des droits civils importants. La majorité de la population hutoise vivait du commerce et de l'artisanat. Vers cette époque, les gens de métier commençaient à se grouper en corporations. Contrairement aux patriciens qui vivaient de leurs revenus, aux clergés régulier et séculier, les petits bourgeois étaient soumis aux redevances publiques.
- Fin du 12e siècle, le régime communal était établi à Huy, l'administration de la cité avait été enlevée au pouvoir des échevins, tirés de la noblesse, pour passer entre les mains des jurés élus annuellement et chargés de la législation communale.
Métiers d'autrefois
Les métiers furent d'abord, suivant Jean d'Outremeuse en 1298, au nombre de quatre : les boulangers, les brasseurs, les mangeons et les tanneurs. Ces quatre vieux métiers avaient des chartes remontant au douzième siècle. Ils étaient administrés par 16 hommes, 4 de chaque métier, qui tous juraient de maintenir la justice et de garder les privilèges( appelés les Quatre de castel )
1.Les mangons (bouchers)
Le métier des bouchers connus sous les noms plus anciens de mangons ou mascliers, avait Saint Hubert pour patron.
Les mascliers étaient surtout établis « en mounie ». Le terme mounie, provenant de la contraction de mangonie (maguenie, manghenie, mougnie), désignait exclusivement la profession elle-même. C'est dans ce quartier que se situait un bâtiment faisant office d'abattoir d'une part, de local corporatif d'autre part.Comparable à ce que l'on pourrait appeler une "halle-aux-viandes", ce bâtiment était accessible au public de Huy-grande (rive droite) mais aussi de Huy-petite( rive gauche) moyennant payement d'une taxe de pontonnage (passage du pont). L'établissement devait se situer en face du Pont-des-Veaux, où le Hoyoux pouvait recevoir tous les déchets périssables. La corporation était gouvernée par quatre rewards qui siégaient dans un bureau, annexe de l'abattoir. Les maîtres-bouchers, les compagnons-bouchers et les tueurs de bétail étaient ainsi surveillés de près. Le lieu était également frquenté par les pauvres, à l'affût d'une éventuelle bête tuée trop jeune (moins de 15 jours d'âge), abattue par inadvertance ou par tromperie à l'achat, dont la vente était interdite et dont ils pouvaient profiter de la confiscation et de la mise à disposition gratuite par les autorités municipales. Réglementation et abattage des animaux étaient très stricts, surtout ceux du porc, qui était l'animal le plus consommé. Par exemple, la préparation et la mise sur le marché du lard ne pouvait se faire qu'en automne et en hiver. La surveillance était, d'autre part, maximale sur les boudins et toutes les tripailles en général. Quant aux graisses, beurres, saindoux, viandes fumées et salées, leur commerce était réservé aux graissiers ouencrassiers, membres de la corporation des toiliers et merciers (voir plus bas).
2.Les brasseurs
Le métier des brasseurs avait Saint Arnould pour patron.
Généralités
La rue des brasseurs a conservé le souvenir de leur corporation. Une brasseurue est mentionnée vers 1235 par Maurice, moine de Neufmoustier, comme domicile au XIe siècle de Fulbert (ou Herbert), le père d'Arlette de Huy (ad veteres cambas in foro hoiensis= rue des Brasseries et non rue des Canges comme on l'a souvent traduit!).
Le 2 avril 805, un document privé cite pour la première fois le terme "camba"(=brasserie), voir: Joseph Deckers: Recherches sur l'histoire des brasseries dans la région mosane au Moyen Age. Avant cela, la bière ou cervoise* était fabriquée par les ménagères et une grande révolution monastique remplaça cette pratique au Moyen Age. Au XIIe siècle, le mot "camba" fut remplacé par braxina puis, plus tard, par brasserie.
*la cervoise:du latin et même du gaulois "cervesia", est une décoction plus ou moins trouble de céréales fermentées. Le couvent fabrique une cervoise "débile" pour les moniales et une plus forte pour les moines. Au village, ce n'est qu'aux fêtes qu'on la trouve sur la table. Celle que les manants boivent tous les jours est -encore-un peu plus "grossière"….
On ne pouvait brasser ni le samedi ni le dimanche ni le jour des Apôtres ni celui de la fête Notre-Dame.
Au 14e siècle, les brasseurs étaient tenus à moudre le malt, appelé alors braz, destiné à la fabrication de la cervoise, dans le moilinbanal (moulin banal) situé sur le Hoyoux et appartenant au prince-évêque de Liège. Il s'agissait peut-être de l'Usyne del Mère-Dieuou germial mollin en Mostée, du nom d'une ancienne chapelle Notre-Dame locale en paroisse de Ste-Catherine. Mais il a été signalé que, déjà en 1066 (charte de Huy), le chapitre de la collégiale possédait un moulin au coeur de la ville et aussi que le prince-évêque de Liège y avait (à Huy) plusieurs moulins banaux destinés à la meunerie, la brasserie et la tannerie....
Rappel des étapes de la fabrication de la bière: 1. LE MALTAGE , qui consiste à faire germer une céréale, l'orge en occurence, par trempage, pour obtenir le MOÛT ou MALT. 2. L'EMPÂTAGE, où l'amidon du moût est transformé en sucre et en alcool. 3. LE RINCAGE à l'eau chaude 4.LE HOUBLONNAGE, ajout de HOUBLON, comme aromate ou épice, avec ébullition, opération finale qui apporte brunissement et stérilisation. Le tout est ensuite refroidi, fermenté par apport de levures et enfin mis en bouteilles avec ajout de sirop de sucre en eau chaude.
Résumé
La bière est donc composée de 85 à 95 % d'eau, de céréales et d'acides fournis par un aromate, conservateur naturel qui lui apporte son parfum et son amertume. Le fermentation du tout produit un certain taux d'alcool éthylique et de sucre.
Origines des ingrédients
1. L'ORGE: de tous temps, les sols limoneux de la Hesbaye furent connus comme convenant particulièrement bien à la production de l'orge brassicole. Le très ancien site de 24 hectares de Villers-le-Bouillet, occupé dès le haut Moyen-âge et appelé "LOHINCOU" à une lieue de la ville de Huy, comportait des terres appartenant en 1178 au monastère de Neufmoustier. On y travaillait le sol en cycle trisannuel avec de l'épeautre la 1ère année, de l'orge la 2ème année et en jachère (repos) la 3ème année. (S.Preiss, D.Henrard et N.Schroeder: "Approches des pratiques agricoles durant le haut Moyen-âge en Hesbaye" in Actes des Xèmes rencontres archéobotaniques 24 au 27 septembre 2014/Aquitania.
2. L'EAU: en 1113, une "cuve sur le Marcheit de Huy est signalée et en 1217, il est dit que c'est la "source du quartier Ste-Catherine" qui l'alimente. Le Bassinia actuel fut construit en 1406/1407.
3. LE HOUBLON: aux débuts de la fabrication, on employait comme épice un grutum ou gruit puis un pigmentum, extraits de plantes aquatiques. Vers le XIIIe siècle, on leur préféra le "houblon", utilisé jusque là comme plante médicinale ou même comme légume. Il était pourtant déjà signalé comme bon aromate pour la cervoise dès 822 (voir les Statuts d'Adalhard de Corbie). Le houblon est une plante grimpante croissant dans les sols riches sur les haies au bord des ruisseaux ou des pièces d'eau. Ce sont ses cônes séchés que l'on envoie vers la brasserie.
Selon Chantal du Ry, il y avait des houblonnières près des vignobles, au-delà des remparts, rue Sur-les-Rues (aujourd'hui Rue Rioul) sur les berges d'un ruisseau qui descend de La Sarte vers les Crépalles.
3.Les meuniers et boulangers
Le métier des boulangers et des meuniers avait Sainte Catherine pour patronne.
Au moyen âge, afin d'obtenir la force motrice nécessaire pour actionner un moulin, le meunier doit demander au seigneur du lieu la concession d'un coup d’eau et, pour ce, payer un cens annuel.
Après l'acquisition, les échevins, assistés de quelques experts, fixent l'emplacement choisi pour le moulin et nivellent le coup d'eau à la hauteur réglementaire. On peut alors mesurer la hauteur du barrage et conduire l'eau vers la roue par le bief .On plante alors un pieu auquel les échevins attachent une platine de fer à l'aide d'un clou à la hauteur à respecter. Il était défendu sous peine de mort d'enlever la platine ou le clou!
On peut ainsi entreprendre la construction du barrage et installer la vanne, qui est commandée manuellement, hissée ou descendue par un levier ou une manivelle, plus tard par un volant ou une crémaillère. La vanne bénéficie également de la protection des juges et c'est un crime d'en briser l'installation. A partir de cette vanne de retenue, on fait aménager un bief , dont la coursière conduit l'eau pour actionner la roue munie d'aubes ou de godets. Après celle-ci, le bief de fuite ramène l'eau à la rivière.
Dans le moulin, l e grain sera écrasé entre la meule tournante et la meule gisante. Il peut y avoir plusieurs paires de meules par exemple une pour décortiquer l'épeautre, une pour aplatir l'orge, une pour la farine à pain. On peut aussi trouver dans un moulin deux paires de meules à farine, ce qui permet de produire 2000 kilos de farine, à raison de 100 à 150 kilos de l'heure.
(extrait de Tu dors, meunier ? de Freddy Van Daele/2003).
Les meuniers se fournissaient en grains à la Halle aux Grains, établie sur le Grand Marché. Les seigneuries, abbayes et monastères de la région hutoise possédaient des terres céréalières en Hesbaye.
Chaque pain devait être marqué de deux lettres du nom du boulanger le produisant et d'autant de trous qu'il pesait de livres. Le prix du pain était fixé par les chefs de la corporation. Le pain ne pouvait se vendre que là où il avait été cuit. En outre, le boulanger ne pouvait faire du pain ni les dimanche, ni les jours fériés tombant un autre jour qu'un samedi ou un lundi). Il était tenu de toujours respecter à la lettre les instructions données par le métier quant au poids, au prix et à l'aspect du produit. Les particuliers pouvaient faire leur propre pain, avec toutefois interdiction formelle de le vendre ou même de prêter leur four à autrui. On cite dans les temps lointains des moulins à farine sur la Solières, à Ben et à Solières ainsi que sur la Mehaigne à Statte et, évidemment, sur le Hoyoux, par exemple au site de Chinet sur l'île de Bolvémont. Dans nos régions, l'aliment populaire de base a toujours été le pain ( de seigle ou d'épeautre et, exceptionnellement, car plus luxueux, de froment. Il pouvait arriver que la moitié du salaire d'un particulier passe à l'achat du pain pour sa famille! Quand on ne pouvait pas se payer du pain de seigle, on achetait celui à l'épeautre et parfois même on devait se contenter d'une bouillie d'avoine et d'orge...
4.Les tanneurs et cordonniers
Ils avaient Saint Crépin pour patron.
Le métier des tanneurs, des corbesiers, des corduaniers et des savetiers était, lui aussi, un très ancien métier. De nombreuses tanneries existaient le long du Hoyoux et la rue des Tanneurs en a conservé le souvenir. Les corduaniers ou cordonniers fabriquaient principalement les chaussures d'hommes et les bottes. Ils utilisaient le cuir de veau, de vache et de mouton. Les corbesiers faisaient plutôt les souliers de femmes et d'enfants à partir du cuir de cheval et du cuir corroyé. Les réparations de chaussures étaient exclusivement réservées aux savetiers.
Les étapes de la préparation des peaux sont la conservation dans le sel, le ramollissage dans l'eau, le trempage dans la chaux, l' ébourrage ou raclage des poils , le drayage ou enlèvement des résidus avec le boutoir, le déchaulage, le parage ou nettoyage avec la lunette à parer, le tannage ou trempage dans le tan des écorces de chêne broyées, le rinçage, le corroyage ou déridage-séchage, le finissage ou étirage-ponçage.
Demain, dès l'aube, il y a arrivage: les moines ont abattu un bon quart de leur cheptel privé-(ils ne les donnent pas, ces peaux, ils les vendent). Et puis il y aura aussi le bûcheron à payer, il va débarquer avec ses ballots d'écorces de chêne. Le moulin va encore souffrir pour broyer tout cela! Les peaux arrivent brutes, non nettoyées, de préférence avant le lever du soleil pour éviter trop de mouches, trop d'odeurs. Pour les parchemins, ce sont des peaux d'animaux mort-nés, veaux, agneaux , porcelets. Il y a aussi les clients à satisfaire: le cordonnier, qui vient chercher son cuir, le bourrelier à qui on fournit les poils précieusement conservés et les restants de cuir, le fabricant de chandelles et savons qui prend les déchets de graisse et de chair. Quant à la tannée, ce tan usé qui n'a plus de tanin, elle est convoitée par les habitants, qui la compressent en briques et s'en servent pour se chauffer. (Extraits du roman ARLETTE par Freddy Van Daele/2004. Chapitre I : A Chaumont, près de Florennes, où vit un pauvre tanneur, arrière-grand-père d’Arlette de Huy)
Au fil du temps
- Après les troubles de 1299, le nombre des métiers fut porté de 4 à onze.
Il est vraisemblable que dans les débuts de leur constitution, les métiers de Huy n'avaient pas eu cette organisation parfaite qu'ils présentèrent dans la suite ; ils sortirent de ces quelques fraternités jurées auxquelles un évènement grave avait imposé un sentiment d'union et cette force défensive. Les Princes furent rarement favorables aux métiers hutois ; il faut pourtant excepter Hugues de Châlon, qui destitua en 1299 les échevins de Huy qui s'étaient réfugiés à Liège et s'étaient alliés aux grands de la Cité révoltés contre lui. La paix fut enfin rétablie sous Adolphe de Waldeck, mais au détriment des métiers.
- Le 30 juillet 1302, l'évêque révoqua les anciennes chartes accordées aux métiers de Huy se réservant de nommer annuellement deux des quatre gouverneurs de chaque métier. Il s'attribua beaucoup de prérogatives au détriment des privilèges hutois.
- En 1310, l'évêque Thibaut de Bar, leur rendit toutes leurs libertés et privilèges pour service rendus par les Hutois contre le comte de Hainaut.
Les métiers devinrent bientôt des institutions professionnelles et avec eux se développaient corrélativement le pouvoir communal et l'égalité des citoyens.
- Le 15 juin 1686, l'édit qui abolissait les métiers de Liège et les remplaçait par des chambres composés de personnes nommées par le Prince, fut appliqué à la ville de Huy.
Les métiers furent remplacés par six chambres de bourgeois désignées par le Prince.
- En 1715, Joseph Clément de Bavière porta le nombre de chambres hutoises à onze ; chacune était désignée par le nom de son patron. On les nommait les quarts.
5.Les fèvres
Les fèvres avaient Saint Eloi pour patron
Le travail des métaux, la sidérurgie, se faisait dans le quartier de Saint-Martin-inforo. La rue des Fouarges en a conservé le souvenir. Les fouarges, ce sont les forges, dont avaient besoin les fèvres pour réaliser leurs ouvrages. Les fèvres, sans figurer parmi les quatre premiers métiers domaniaux, acquirent une préséance sur les autres corporations. Leurs métiers regroupait les serruriers, les maréchaux ferrants, les couteliers, les selliers, les fabricants d'étriers, les armuriers, les fondeurs de cloches, les chaudronniers, les potiers d'étain, les orfèvres et les monétaires. Leur travail était très réglementé: par exemple, interdiction de forger le dimanche, le vendredi et le jour de la Saint-Eloi. De même, l'étalage et la vente au public ne pouvaient se faire qu'aux fêtes marchandes de la saint-Denis et de la Sainte-Catherine.
Localisation des grandes forges:
Elles étaient établies sur les rives et sur les îles du Hoyoux entre le Pont de Chinet à Huy/Ste-Catherine et le Grand Cortil à Barse (Fleury). Voir le chapitre "La sidérurgie sur le Hoyoux hutois: les 13 forges sous la juridiction hutoise" sur la page "Les Anciennes Industries Hutoises" dans ce WikiHuy ([[1]]).
Origine et utilisation des différents minerais:
Le zinc provenait de Corphalie et de Seilles, l'étain d'Angleterre, le cuivre d'Allemagne. Quelques collines entre Huy et Amay contenaient du plomb et de l'argent. A signaler que le fer était au Moyen Age un métal précieux, assez rare entre le IXe et le XIIe siècles. On connut une amélioration notable au XIIIe siècle où ma consommation du fer augmenta sensiblement quand on passa, pour la combustion du minerai, du charbon de bois au charbon de terre (houille) (voir le très important métier liégeois des "Tiesses di Hoye ". On fabriquait des objets en cuivre, en bronze et en laiton, mais aussi des pièces de monnaie en or et en argent: du VIIe au XIVe siècles, on cite une douzaine de monétaires hutois. Sous les Mérovingiens, un sou d'or fut frappé avec "CHOAEFT" pour "CHOEFIT"= "Fabriqué à Huy". Egalement une quarantaine de deniers d'argent sous les Carolingiens, avec "CAROLUS CHO", HOGISE MONETA, in vico Hoyo, in vico Hoggio. A partir du XIe siècle, figurent sur la monnaie des inscriptions comme SANCTA MARIA, CASTELLUM ou des figurations du PERRON, du MARCHE AUX CHEVAUX, de l'ENCEINTE DE LA VILLE,... Les pièces hutoises circulent dans toute l'Europe.
6.Les naiveurs et les pêcheurs
Le métier des pêcheurs et naiveurs (bateliers) avait Saint Nicolas pour patron et se trouvait dans le quartier de l'Apleit, au confluent de la Meuse et du Hoyoux.
Les pêcheurs faisaient partie de cette même corporation. La pêche constituait une part essentielle du ravitaillement de la cité. Une grande partie du poisson consommé à Huy provenait de la Meuse. Étant le siège d'un « portus » (ville marchande nantie d'un embarcadère), Huy avait grand besoin de nombreux naiveurs pour se fournir en matières premières et pour exporter ses produits finis.
Un texte extrait de Huy Millénaire 985-1985-ASBL Fêtes septennales signé A.Furnémont nous renseigne sur les déplacements des hardis bateliers et marchands hutois: Les barques de nos "naiveurs" descendent la Meuse vers Deventer et Tiel. Du delta du fleuve, nos marchands s'embarquent vers Billingsgate près de Londres, où leur présence est signalée dès 991. Ils y achètent l'étain des Cornouailles. D'autres remontent le Rhin et gagnent Cologne, d'où leurs caravanes s'en vont à travers la Germanie, notamment aux mines de Gozlar, dans le Harz, où ils trouvent le cuivre nécessaire à nos batteurs. Certains poussent jusqu'à la foire d'Emms sur le Danube et jusqu'à la Russie, d'où ils ramènent peaux et fourrures. En remontant le fleuve, ils atteignent la Lorraine et les trois évêchés Metz, Toul et Verdun, foyer d'une intense vie économique. Par la Saône et le Rhône, ils gagnent la Méditerranée.....
Pour descendre la Meuse, les bateaux naviguaient sous voile et quand le vent d'ouest faisait défaut, il leur suffisait de se laisser pousser par le fort courant du grand fleuve. Par contre, à la remontée vers l'est, c'était à la force des rames et l'aide précieuse et souvent indispensable des chevaux de halage, embarqués ou loués aux endroits stratégiques.
Un autre écrivain nous parle aussi de la vie portuaire de Huy: Marc Suttor. Voici un extrait de Les ports de la Meuse moyenne (Mézières, Dinant, Namur, Huy, Liège et Maastricht) des origines à la fin du XVIe siècle /2004 Topographie, fonctions, infrastructures:
La perception d’un tonlieu à Huy et à Dînant, sous le règne de Childéric III, permet d’envisager l’existence d’un portus dans ces localités dès 743-747…. Aux XIe et XIIe siècles, l’applé de Huy se prolonge au-delà du confluent du Hoyoux, à proximité du burgus et du marché. A partir de la fin du XIVe siècle, on mentionne aussi deux débarcadères à Huy-Petite, sur la rive opposée, de part et d’autre du nouveau pont. D’un autre côté, c’est l’histoire urbaine qui éclaire la localisation de nouveaux « rivages » à Huy. En effet, il s’agit tout d’abord d’installer des débarcadères plus proches du marché lorsque le burgus se développe du côté droit du Hoyoux. Puis, suite à la construction d’un nouveau pont deux cents mètres en aval de l’ancien, au tournant des XIIIe et XIVe siècles, la topographie de la ville se voit modifiée de manière sensible. Ainsi apparaissent deux ports, de part et d’autre de l’édifice, sur la rive gauche….. À Namur, la « nef » de Dînant part d’un applé situé à l’amont de la cité, alors que le débarcadère de la « barque » hutoise se trouve à l’aval. Il en va de même à Huy, où les ports des « nefs » namuroise et liégeoise prennent place de part et d’autre du pont, sur la rive gauche, et à Liège, où la « barque » de Huy s’arrête près de l’édifice qui franchit le bras d’Avroy et celle de Maastricht à l’aval de la Goffe….. A Huy, on fixe en 1381 l’étape du sel et des poissons de mer au débarcadère proche de Notre-Dame, qui prend le nom d’apleit az peschons.
7.Les vignerons et coteliers
Ils avaient Saint Vincent pour patron.
GENERALITES
Le métier des vignerons et des coteliers ou cottiers était attaché à la paroisse de Saint-Pierre. Les vignes couvraient nos deux rives, mais la viticulture était prédominante sur la rive gauche mieux ensoleillée, car exposée au sud ou sud-est (courbe de la Meuse à Corphalie). La rue des vignes témoigne de la présence de vignes sur nos coteaux. Huy produisait un vin local appelé « briolet ».
DEFINITIONS
LES VIGNERONS
Un vigneron est un agriculteur qui cultive la vigne et transforme les raisins obtenus en vin. Le vigneron peut être propriétaire ou pas des terres qu'il exploite. Il dispose d'un outil de vinification qui peut être particulier au sein de la propriété ou collectif sous forme d'une cave coopérative. Celle-ci s'inscrit alors dans le prolongement de la propriété. Sur la viticulture hutoise, voir dans ce WikiHuy la page [[2]]
LES COTELIERS
Ils s’occupaient du ravitaillement de la cité en fruits et légumes, c’étaient les maraîchers de l’époque. Ils s’activaient essentiellement sur la rive gauche (rue des Cotillages) dans de grands et de moins grands cortils (jardins). Mais certains travaillaient quand même rive droite à la production de houblon sur les berges de plusieurs ruisseaux et filets d’eau qui descendaient de La Sarte vers l’actuelle rue Rioul (rioul=petit ru, petit ri).
LE TRAVAIL DU VIGNERON
Extraits de "L'Ermite de la Sarte de Freddy Van Daele/2010": p.26: Dès l’année prochaine- (1635)-, il commencera à aider le maître-vigneron du Grimomont chez les Berlaymont au pied chemin de La Sarte. La viticulture bat son plein à Huy et on a besoin de vendangeurs, de bottiers, de fouleurs, de videurs et d’ouvriers aux pressoirs. Ce dernier travail est un des plus lourds et exige de manger beaucoup de viande rouge, Nöel essayera d’éviter celui-là, mais il se sent assez fort pour aller cueillir les grappes au couteau ou à la serpette, et même porter les hottes de terre, de fumier, de schiste ou encore fouler les raisins au pied dans les cuves et pourquoi pas aider à la mise en fûts.....p.29: Au mois de janvier 1636, la fête à saint Vincent, patron des vignerons, a quand même lieu comme chaque année en l’église Saint-Pierre-en Outre-meuse. L’ermite est parvenu à s’y faire inviter par le maître-vigneron du plus vaste vignoble de Huy (celui des Grands-Malades), cousin d’un des gouverneurs du Métier. Ce sont ces deux hommes qui l’ont mis en contact l’année dernière avec le responsable des vignes des Berlaymont où il a été engagé pour cette nouvelle saison au salaire de 8 patars la journée. Noël a calculé qu’il pourra empocher 1 écu, soit 80 patars, au bout de dix jours et cela le réjouit pleinement, même s’il se demande si ce ne sera pas trop fatigant de tailler les sarments dès le mois de février sous les gelées et la neige fréquentes en ce début d’année. Le vent du nord ne risque pas trop d’assaillir les ouvriers vu que le coteau est exposé plutôt sud, mais le froid sera quand même là pour engourdir et meurtrir les doigts qui ne sont pas habitués à ce dur travail de précision. Et puis, il ne s’agit pas de traîner à la tâche, on est bien surveillé et par des gens qui connaissent le métier pour l’avoir exercé pendant des années! Si le temps est par trop mauvais et l’hiver trop rigoureux, on attendra quand même le mois de mars pour commencer la taille.
LA PRODUCTION EN DENTS DE SCIE
C’est au 5e siècle que le roi franc Clovis (puis Charlemagne au IXe siècle) commença à favoriser la vigne dans la vallée mosane. Du IXe au XIIIe siècles, les abbayes, qui possédaient déjà des vignobles à l’étranger, dans des régions moins septentrionales, décidèrent de développer une culture plus locale. La viticulture mosane connut son âge d’or du XIIIe au XVe siècle, malgré un net changement climatique survenu au début du XIVe avec un temps plus froid, des étés frais et nuageux mais aussi des hivers rigoureux, ce qui ralentit beaucoup la production. -Au Moyen Âge, aucune côte, aucun mamelon sur les deux rives n'était dépourvu de vignes, même si celles de la rive gauche profitaient mieux des rayons solaires. Au XVIe s., la production annuelle augmenta jusqu’à 650.000 litres, mais au siècle suivant, à cause des multiples sièges vécus par la ville de Huy, le métier dut faire face à la destruction des vignobles et à l’exode de la main d’œuvre à la recherche de meilleurs salaires. Et un grave incendie vint encore aggraver la situation en 1689. Mais les vignerons tinrent bon et, heureusement, le vin hutois connut de beaux jours aux XVIIIe et XIXe siècles.
-AUX TEMPS MODERNES
Au 19e siècle, Huy faisait figure de capitale belge de la viticulture ! Une “Société Royale Horticole et viticole de l’Arrondissement de Huy” fut fondée en 1850, puis constituée en a.s.b.l. en 1922 pour pouvoir recevoir des subsides de l’Etat.
Au 20e siècle
Selon René Dubois, la récolte annuelle de vin à Huy était au début du XXe siècle de 70.000 litres environ. Noms de vignerons : Charles Legot- Jules Marquet (clos de Leumont)-Camille Delvaux (clos du Roc)-Roger Dupont (clos des Terrasses)-Constant Seba (clos St-Hilaire)-Richard Breulet et Michel Brasseur (clos du Beau-rosier). Et plus tard, Jacques Mouton (clos du Bois-Marie).
Le métier des maçons et des charpentiers avait Sainte Barbe pour patronne.
Il regroupait tous les ouvriers du bâtiment : maçons proprement dits, tailleurs de pierre, carriers, sculpteurs, faiseurs de mortier, ardoisiers, briquetiers…
C'était le carrier qui "travaillait" les blocs dans les carrières (comme à Vinalmont, par exemple), puis le sculpteur de pierre leur donnait la forme désirée.
C'était alors qu'intervenait le maçon pour la mise en place définitive dans les édifices urbains, les églises, les ponts, les enceintes autour de la ville et même dans les rues pour les pavés. Dans le bâtiment, il travaillait de concert avec le charpentier (charpentes de toit, poutres, portes, fenêtres, escaliers, balcons, roues de moulin, ponts en bois). Pour rappel, le mortier était composé essentiellement de chaux et de sable: au Moyen Âge, le mortelier fabrique le mortier, élément majeur du mur puisque c’est sur lui que repose en grande partie sa solidité. Il permet aussi bien de réaliser le blocage qui compose de nombreux murs que de lier entre eux les moellons équarris. Le mortier est constitué d’un mélange de chaux et de sable. Sa qualité varie suivant le type de construction, les époques, mais aussi les ressources locales en matières premières. Il n’est pas rare qu’avant le 12e siècle, le mortier soit mélangé à des débris de tuileaux (briques ou tuiles), et ne contienne que peu de chaux. Par la suite, on trouve deux types de mortier de meilleure qualité : le mortier de blocage fait de très gros graviers, et celui utilisé pour les joints et la pose des lits de pierre, composé de bon sable de rivière, fin et pur.
(extrait de https://passerelles.essentiels.bnf.fr>Accueil>le maçon)
Le charpentier naval fabriquait les bateaux, leurs ponts, leurs mâts, leur coque et aussi les pontons, les embarcadères, les débarcadères et les quais.
Le scrinier ou menuisier réalisait les meubles.
Il ne faut pas oublier de mentionner aussi les entailleurs et autres artisans sculpteurs du bois ( statues, instruments de musique, ...).
Tout ce monde s'approvisionnait chez le mairnier, vendeur de bois brut ou le soyeur, qui procurait le bois scié.
On citera aussi les banseliers ou vanniers, pour ls mannes d'osier tressé, les claies, les nasses du pêcheur, les fonds de chaise et même les...ruches.
Dans le bâtiment intervenait également le scailleteur ou couvreur d'ardoises et, ce, dès le XIIe siècle, lorsque les écailles ou ardoises arrivèrent de la Haute-Meuse française pour venir remplacer le dangereux chaume et les onéreuses et lourdes feuilles de plomb sur le toit de nos maisons....
9.Les tailleurs
Le métier avait Sainte Anne pour patronne.
Le métier des tailleurs, aussi appelé xhoxhiers ou scoxhiers ou « entretailleurs de draps », regroupait les tailleurs d'habits. C'étaient les couturiers de l'époque. Ils faisaient des robes, capes, manteaux, pourpoints, châles, chausses, foches, cotterons, collets, houppelandes et autres habillements d'homme ou de femme.
Le terme "tailleurs" est dérivé de la première appellation "entretailleurs de draps".
Le drap qu'ils utilisaient était de laine ou de lin, plus rarement de soie et aussi parfois, suivant les arrivages des pays lointains, l'une ou l'autre étoffe plus précieuse fabriquée en Orient ou même en Espagne.
Au Moyen Âge, les tailleurs régnaient en maître sur le monde de la couture et du vêtement. Les premières aiguilles à coudre apparurent il y a plus de 17 000 ans. Elles étaient en os et servaient à coudre des peaux d'animaux, la fourrure... Dans l'ancienne Egypte les aiguilles étaient en cuivre, argent ou bronze. Dés le XIIe siècle, les métiers du vêtements s’organisèrent en communauté : apprêteurs de robes, tailleurs de robes, couturiers, doubletiers, pourpointiers, juponniers, chaussiers, braliers de fil, bonnetiers… Les couturiers formaient le gros du bataillon, avec des ouvriers qui se chargeaient des coutures.
Ce n’est qu’en 1588, sous le règne d’Henri III de France, qu’apparutt la « dénomination de Maître Tailleurs d’Habits ». Cette corporation avait pouvoir de faire « tous les vêtements d’homme et de femme sans aucune exception ». La coupe était le privilège du maître tailleur. Un maître tailleur devait être polyvalent et disposer de nombreuses compétences, à savoir :
coupeur : il fabrique les patrons et coupe les pièces.
saladeur : il prépare la « bûche ». Ce sont les pièces telles que les doublures, les poches, les boutons…
apiéceur : il monte la veste du costume et procède aux modifications éventuelles.
culottier : il assemble les pièces du pantalon.
giletier : il assemble des pièces du gilet.
boutonniériste : il réalise toutes les boutonnières du costume.
En résumé, le tailleur coupait, cousait, fabriquait et vendait des vêtements.
Couper des vêtements voulait dire couper d'une étoffe les pièces nécessaires à la confection d'un vêtement, et lui donner la largeur et la longueur requises, afin qu'il puisse être porté par la personne qui le fait faire. Afin de couper l’étoffe, le tailleur étalait le matériel sur une table. Comme la plupart des vêtements devaient être doublés (côté droit et côté gauche), le tailleur doublait généralement l’étoffe pour couper deux pièces à la fois. Il utilisait un patron ou un modèle de la pièce qu'il voulait couper, puis utilisait une grande paire de ciseaux spécialisés pour couper le tissu autour du patron, en utilisant la précision pour s'assurer qu'il avait suffisamment de tissu pour toutes les pièces dont il avait besoin.
Cette étoffe était normalement fournie par le client.
Une fois que le tailleur avait toutes les pièces requises, il pouvait alors coudre le vêtement ensemble, en faisant les modifications nécessaires jusqu'à ce qu’il soit terminé. Le tailleur pouvait coudre lui-même les vêtements ou confier ce travail à un couturier ou une couturière.
L’artisan tailleur devait également se tenir au courant des modes, qui évoluaient, à la différence de l’art de tailler les costumes. Il devait être créatif pour proposer de nouveaux modèles.
10.Les toiliers et merciers
Le métier de toiliers et des merciers avait Saint Michel pour patron
Il regroupait aussi des activités d'une grande diversité.
Les toiliers
Leur règlement corporatif datait de 1337. Ces artisans travaillaient le lin, surtout cultivé au Condroz mais aussi le chanvre. Dans leurs rangs également, les blanchisseurs de l'époque que l'on appelait les cureurs. Les toiles étaient tissées, blanchies ou teintées avec des plantes cultivées dans la région. On les étendait pour les faire sécher, par exemple sous les pentes des toits.
Les principales sortes de toiles:
La toile d'étoupe grossière est une toile grossière fabriquée, chaîne et trame, avec l'étoupe (le rebut qui reste entre les dents des peignes à filasse) du lin ou du chanvre, l'étoupe du chanvre etant plus forte et plus coriace que celle du lin. Ces toiles servaient à fabriquer des sacs, des paillassons, des doublures de tapisserie et même des petits voiles pour embarcations fluviales. Teintées, elles entraient dans l'habillement du paysan. Certaines toiles d'étoupe de chanvre étaient goudronnées pour couvrir les "voitures".
La toile d'étoupe de meilleure qualité avait les mêmes usages, mais de qualité plus fine et plus solide et les plus belles d'entre elles étaient blanchies pour en faire des draps et des chemises.
La toile à fil ou brin de chanvre était moins grossière, on en faisait des habits pour les paysans, des draps en écru ou blanchis, mais aussi des toiles ouvrées ou damassées pour nappes et serrviettes.
La toile dite d'Ourvilleau fil de lin, chaîne et trame ou parfois fil de lin +étoupe de lin. On la retrouvait dans la toile à cirer (parapluies, emballages), doublures et, si elle était composée de fils assez fins, dans la toile à treillis (chapeaux).
La toile à veste: au fin fil de lin, chaîne et trame, de couleur gris naturel ou teintée.
La toile forte de lin: blanchie, pour chemises et draps.
Les merciers
Ils vendaient les objets les plus divers:
velours, rubans, cordons, tissus, mais aussi des accessoires comme boutons, broches, bibelots, perles et des aiguilles et épingles pour la couture, des produits de droguerie, savon, cire, goudron, alun ou culinaires tels qu'épices, moutarde, huile, etc...
Ils achetaient donc aux autres métiers des produits qu'ils transformaient pour les revendre. On disait d'eux: "marchands de tout, faiseurs de rien"!, mais au XIIIe siècle, ils obtinrent le droit de fabriquer eux-mêmes certaines marchandises , par exemple les broderies. Il y avait deux sortes de merciers, les ambulants, qui allaient s'approvisionner dans les foires à l'étranger et les sédentaires qui ne commerçaient que dans leur ville.
11.Les drapiers
Les drapiers avaient Saint Séverin pour patron
Ce métier regroupait les halliers, les foulons, les tondeurs, les texheurs ou tisserands, les tindeurs ou teinturiers...
Le métier des drapiers, l'un des plus riches de Huy, connut son heure de gloire au 13e siècle surtout, époque à laquelle la draperie fut la plus florissante.
Les tisserands de la rive droite se situaient à proximité de l'église Saint Mengold, entre les églises St-Maur et St-Rémy. La rue des Esses en a gardé le souvenir. Le mot « esse » en effet signifiait « drap, laine ». Ceux de la rive gauche exerçaient près de l'église St-Martin d'Outremeuse.
La halle des drapiers s'élevait à l'entrée de la rue Sous le Château, en face de l'église St-Étienne.
Le tissage:
Les meilleures toisons venues d'Angleterre étaient d'abord lavées puis la laine en était triée en laine fine, grosse, d'entre-deux et résidus (pour coussins et matelas). Les batteurs séparaient le bon fil du flocon. La laine était ensuite graissée, peignée et cardée. Elle était alors apte à être tissée. on pouvait la teindre soit avant soit après le tissage. Cela se faisait au bord du Hoyoux. Pour le bleu on employait de l'indigo fourni par la guède ou le pastel de Hesbaye (on comptait jusqu'à 25 moulins à guède dans la région). Pour le jaune, c'était le safran, pour le rouge la graine d'écarlate( ou kermès) et la garance et pour le rose le bois de brésil, plante qui donna son nom au grand pays d'Amérique du Sud.
Le métier à tisser, déjà connu au néolithique, a rapidement évolué au cours des siècles. Son principe a toujours été de tisser les fils de trame sur les fils de chaîne jusqu'à l'obtention d'un tissu.
Le foulage:
Avant la généralisation des moulins à fouler, les foulons remuaient la laine, primitivement, avec les pieds, puis par après à l'aide de grandes fouchettes.
Quelques sous-métiers:
-les retondeurs, chargés de l'embellissement des draps. Le tissu ne devenait drap destiné aux vêtements qu'après avoir été soigneusement feutré puis passé à la cardère ou plante des drapiers dont les pointes accrochaient les fibres, opération appelée lainage. Le drap était ensuite tondu avec d'énormes ciseaux, avant d'être lainé puis tondu une seconde fois. C'est ainsi qu'il devenait souple et brillant.
- les floqueniers, marchands de flocons pour couvertures, mais aussi matelas et coussins, qui étaient faits soit de flocons soit de plumes, avec interdiction de mélanger ces deux matières.
Les beaux draps de Huy se vendaient dans les foires à l'étranger, par exemple en Champagne, à Troyes, à Provins et, cela, dès le XIIIe siècle.
L'organisation des métiers
Élection
Le 20 mai de chaque année, jour de l'octave de St-Servais, les métiers de Huy se réunissaient « sur leurs chambres » respectives pour procéder à l'élection de leurs officiers, spécialement des quatre gouverneurs et des rentiers. Les gouverneurs, appelés rewards, assistés des wardains ou eswardeurs chargés de règlementer la profession, d'infliger et de percevoir les amendes devaient être de bonne famille. Ces réunions se tenaient au couvent des Frères Mineurs, rue des Chevaliers (à présent rue Vankeerberghen).
Droits professionnels et politiques
La jouissance des droits professionnels et politiques s'appelait grande rate( du mot latin ratio signifiant proportion) La petite rate confirmait à la personne qui l'acquérait le privilège d'exercer dans la cité les droits civils et politiques. C'était la rate de la bourgeoisie. On appelait aussi cropage (mot très rare signalé par Fernand Discry). la petite rate que devait payer les apprentis et les simples ouvriers, pour être autorisés à pratiquer telle ou telle partie de la fabrication ou du trafic.
Caisse de secours
De nombreux métiers prévoyaient une caisse de secours et d'aide aux défavorisés, aux vieillards et aux handicapés. Cette caisse était alimentée par la moitié des amendes perçues.
Bibliographie
Chantal du Ry: "Huy, histoire d'une ville médiévale à travers ses légendes et ses monuments" aux éditions CEFAL/2000
Fernand Discry:"L'ancien bassin sidérurgique du Hoyoux (du XVe au XVIIIe siècle)/édition UGA Heule/1970
Marc Suttor: "Les ports de la Meuse moyenne (Mézières, Dinant, Namur, Huy, Liège et Maastricht) des origines à la fin du XVIe siècleTopographie, fonctions, infrastructures/2004
C.Arp et A.Furnémont:"Huy Millénaire 985-1985- ASBL Fêtes Septennales/1985
Freddy Van Daele: "Arlette" roman/édition Alfred Van Daele Hosdent-sur-Mehaigne/2004
Freddy Van Daele: "Arlette de Huy" bande dessinée/édition Alfred Van Daele Hosdent-sur-Mehaigne/2007
Freddy Van Daele: "L'Ermite de La Sarte" roman historico-légendaire/édition Alfred Van Daele Hosdent-sur-Mehaigne 2010