ECHANGES ET INFLUENCES MEUSE-RHIN
PRELIMINAIRE
Echanges et influences Meuse-Rhin. On pourrait même dire Hoyoux-Moselle. Les chaussées romaines, réalisées à l'origine pour le déplacement des troupes, devinrent vite à la période mérovingienne très utiles aux artisans itinérants q<ui décidaient d' aller proposer leurs produits locaux de ville en ville. Dès le 1er siècle, nos potiers locaux imitèrent les créations des céramistes rhénans; Si la romanisation vint du sud, il est cependant incontestable que, en ce qui concerne notre région, cette influence se manifesta à partir des centres rhénans, tels que COLOGNE. Ce fut surtout le réseau fluvial qui leur permit d'exporter de plus en plus loin et d'aller échanger leur production à l'"étranger" contre ce qui manquait chez eux, comme le précieux étain anglais ou le vin allemand de "meilleure" qualité.
Au Ve siècle, à la fin de l'Empire Romain, Huy, de par sa situation privilégiée sur la Meuse, à 30 km de Namur et de Liège, à 60 km de Dinant et de Maastricht, faisait partie d'un ensemble économique appelé "Mosan", qui allait vite la faire reconnaître comme une ville importante dans l'Europe d'alors.
Aux VIe, VIIe et VIIIe siècles, c'est-à-dire à l'époque mérovingienne, Huy était connue pour ses industries sur le HOYOUX, sa monnaie battue sur place par 12 monétaires, ses port et tonlieu déjà importants.
Au IXe siècle Huy, dans l'Empire Carolingien, était un portus, un castrum et un vicus fortifié. ....
Puis au Xe siècle, ce sera la fin des invasions et le vrai commerce international allait pouvoir enfin se développer. Dans ce nouvel Empire Germanique, les liens avec l'est se solidifièrent en croissant à grande vitesse. Huy donna le nom de Grand Marcheit à sa place principale. Un Comté de Huy fut créé par l'empereur germanique Otton Ier, de 943 à 985. La ville de Huy n'en devint que d'autant plus importante dans la Principauté. Les villes de la Meuse battaient monnaie impériale.
Dès le XIe siècle, les Bourgeois de Huy reçurent leur Charte des Libertés (1066), des marchands hutois apparurent en tonlieu à Londres et au XIIe siècle à COBLENCE, confluent RHIN-MOSELLE. Le commerce de HUY se développa à grands pas, avec le cuivre jaune (laiton), ses fameux bassins, chaudrons et autres ustensiles de cuisine, que Huy laissera bientôt à Dinant pour s'axer sur la draperie.
Vers 1100, les tonlieux de COLOGNE et de COBLENCE nous livrent quelques renseignements sur les marchands hutois: à COBLENCE, c'était au moyen d'objets en cuivre, notamment (chaudières et bassins), qu'ils devaient acquitter leur redevance. Et au-delà du RHIN, les HUTOIS atteignirent GOSLAR, dans le HARZ, où ils s'approvisionnèrent en minerai de cuivre. Dans le courant de XIIe siècle existait dans le quartier commerçant de COLOGNE une petite colonie hutoise de marchands.
Au XIIIe siècle, un document mentionne le nom d'un marchand colonais établi à HUY: Walter de COLOGNE et, en ce temps-là, à HUY, on voit que les vins du RHIN coulaient à flots. Et, d'après André Joris, ce fut à cette époque que le commerce mosan, tout en gardant à la place de COLOGNE la préférence de son marché, alla muer en draps, en laines, en peaux les cargaisons de ses marchands au détriment des métaux.
Aux XIIIe et XIVe siècles, ce fut la draperie qui connut à HUY un essor sans précédent.....
TRAJETS FLUVIAUX de COBLENCE (MOSELLE/RHIN) à la MER DU NORD, via COLOGNE: 400 KM et de HUY (HOYOUX/MEUSE) à LA MER DU NORD, via LIEGE: 300 KM
CULTES
Pour rappel, de LIEGE, ce fut évidemment celui de SAINT LAMBERT qui se retrouva en très grand nombre en RHENANIE. Quant à HUY, le culte essentiellement RHENAN de saint QUIRIN de NEUSS s'y était établi dans un ancien hôpital de charité dont la chapelle était dédiée à saint Quirin dès 1270. Des Pénitentes de Sainte-Marie-Madeleine s'y étaient installées en 1285. L'image de ce saint, conservée dans une galerie du cloître y est invoquée de longue date pour la guérison des plaies douloureuses. Note: la ville de NEUSS avait recueilli du pape Léon IX la dépouille du martyr en 1050.
Les 11000 vierges accompagnant sainte Ursule en pèlerinage à Rome furent massacrées par les Huns à leur retour à COLOGNE. L'une de ces martyres, sainte ODILE DE HUY, eut droit au rapatriement de sa relique dans une châsse d'argent, de COLOGNE à HUY, vers la maison-mère des CROISIERS à CLAIR-LIEU au pied de la colline de La Sarte en 1292, en passant par l'église St-Pierre puis par celle des Frères-Mineurs. Au couvent des Frères-Croisiers, elle fut transférée dans une châsse en bois aux panneaux peints, premier témoin de la peinture mosane sur bois. Cette châsse fut déposée au couvent des Croisiers de KERNIEL à la Révolution française.
TECHNIQUES
-L'ARCHITECTURE
Extrait de notre source "Artisans et marchands...": La "Chapelle Palatine" ou "DOM" que Charlemagne avait, à la fin du VIIIe siècle, fait édifier à Aix aura introduite dans l'Europe moyenne une silhouette architecturale particulièrement caractéristique, modèle dont un certain nombre de variantes connus, jusqu'à la période romane, se réclament. L'essentiel de la conception de ces édifices réside à la fois dans l'idée de volume qui s'en dégage, vaste parallélépipède surmonté de deux tours jumelles à deux étages avec toiture en forme de quatre rhombes plus ou moins étirés et aussi dans le contenu traditionnel que recèle la présence de tribunes et du choeur dans cet avant-corps. Dans les constructions gothiques mosanes telles que la COLLEGIALE de HUY cette formule sera utilisée avec cette particularité de ne présenter aucune entrée dans l'axe de l'édifice. L'ancienne COLLEGIALE ROMANE de HUY possédait d'autres décors bien typiques de la région rhénane comme une galerie dite rhénane propre aux XIIe et XIIIe siècles, avec des niches creuses dans l'épaisseur de la paroi de l'abside.
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-L'ORFEVRERIE
A l'origine, l'art du métal avait vu le jour sur la rive gauche de la Meuse, dans le quartier "BATTA". Ce fut là que les fouilles mirent à jour les plus anciens témoignages du travail artistique du métal à Huy, à savoir de magnifiques fibules.
Au Xe siècle, le centre métallurgique avait ensuite changé de rive et principalement sur les bords du HOYOUX. HUY devint au XIIe siècle le foyer d'un art très fécond et très représentatif de cette période. Le Pays Mosan imposa à l'Empire sa primauté des Arts du Métal.
Du XIe au XIIIe siècle, l'arrière-pays fournit à Huy le minerai et la MEUSE conduisit les produits finis jusqu'au RHIN et puis bien au-delà. Deux grands maîtres, RENIER et GODEFROID de HUY, influencèrent les maîtres de RHENANIE. On retrouva sur le Rhin plusieurs petits christs en laiton qui présentaient un air de famille incontestable avec ceux du groupe mosan (traits ethniques, détails vestimentaires, longs cheveux ramenés en bourrelet au-dessus du front, barbe courte, nez long, grands yeux, arcades sourcilières accusées).
L'amitié entre l'orfèvre Godefroid de HUY et l'abbé WIBALD de Stavelot, influent politicien de COLOGNE, permit au maître d'art d'aller créer des merveilles sur les bords du RHIN.
On put voir l'influence Mosane-Rhénane dans de nombreux chefs-d'oeuvre en métaux divers comme des fonts baptismaux, des châsses, des bustes-reliquaires, des retables, etc..mais aussi des objets précieux en ivoire
EXPRESSION
L'art RHENAN avait une idée constante essentielle: la recherche de l'expression. Elle se manifesta à HUY, entre autres, dans les deux exemples typiques suivants:
1. La statue de SAINT GERMAIN du Trésor de la Collégiale, dont la gravité, teintée de préciosité, s'accompagne de l'ébauche d'un sourire
2. Le PORTAIL DU BETHLEEM fut créé par deux imagiers bien distincts. L'un travailla dans la ligne de cet art noble, idéaliste et tempéré issu de la FRANCE (parties NATIVITE et ADORATION), et l'autre suivit une recherche d'expressivité, de pittoresque et de fougue à influence nettement germanique (parties MASSACRE DES INNOCENTS et ANNONCE AUX BERGERS).
SOURCES
-Auteurs divers: Artisans et marchands de la Meuse et du Rhin au Moyen Âge-Echanges et Influences in EXPOSITION A HUY DU 18 AU 26 MARS 1972/EDITIONS REMY WAGERMANS/ANDENNE.
-Page WIKIHUY: lien= Commerce International Huy Médiéval