HUY par Laurent MELART
page en construction
Il y a presque 400 ans, et 600 ans après la Charte des Libertés de 1066, le bourgmestre Laurent MELART s'est plongé dans les archives disponibles à son époque et a décidé de décrire sa ville de HUY, son histoire et ses antiquités ..
Voici une transcription en français moderne des premières pages de son ouvrage "Histoire de la Ville et du Château de Huy et de ses Antiquités"/1641
N.B. Etant donné qu'il s'agit bien d'une transcription et non d'une traduction, nous avons cru bon de maintenir la ponctuation imposée par l'auteur dans ses phrases parfois un peu longues mais, aussi, de respecter scrupuleusement la façon de s'exprimer de l'époque. Nous présentons le texte en plusieurs rubriques.
FONDATION DE HUY
C'est un fait onéreux de vouloir développer l'antiquité de l'obscurité et du mensonge, dont les ans , et les siècles l'ont voilé; j'aurai(s) besoin du support d'un Atlas pour le soutenir, et des yeux de Lynx pur en percer les nuits, néanmoins m'affection que je porte à ma terre natale, m'a mis la plume à la main, pour faire savoir, d'où la ville de huy puise sa source.
Bien que ce ne soit besogne à la légère, que le temps de sa fondation ne soit droitement ( tout à fait) certain , que par le laps des ans elle soit obscurcie, que les monuments n'en étant entiers, on n'en peut parler avec probabilité, et certitude; je fais état d'en dire au plus près, que j'en ai pu recueillir, et reconnaître des Auteurs, qui en ont écrit, de la vérité, qui est l'oeil droit de l'histoire, et de ce qu'il semble qu'on en peut croire à l'apparence, et aux vestiges que l'on en voit.
Je trouve que Huy, située en la Belgie, au pays des Eburons, aujourd'hui de Liége, a été une cité ample, grande et bien peuplée. Plusieurs (personnes) disputent et concertent de son origine. BEDE en son histoire d'Angleterre dit, qu'elle a été fondée soixante ans avant la nativité de notre seigneur JESUS-CHRIST par des Druides, Seigneurs et nobles Belges, qui s'y vinrent réfugier et dresser leur retraite en ce lieu après la déroute, et déconfiture qu'ils reçurent de Jule(s) César en la bataille qu'il donna contre les Nerviens, près de Tournay, et que pour se garantir, et éviter la poursuite de sa victoire, ils s'y retranchèrent, fortifièrent et en firent un lieu capable de bonne défense, de quoi toutefois ses commentaires ne font aucune mention.
Un manuscrit, bien qu'il s'accorde avec ledit BEDE, pour le temps de sa Fondation, raconte autrement, savoir que Jule(s) César ayant mis en route l'armée des Gaulois celtiques, près de Paris, un Seigneur nommé Andreloye, qu'en (un) autre endroit il appelle Gaufroy, suivi de quarante Cavaliers, lesquels lui donnèrent le nom de Huy, (d')à après le torrent de Hoyoul, qui y passe, se réfugièrent en ce lieu, et s'y retranchèrent, en sorte qu'elle devint bourg(-)ville, et de ville par après cité.
Au contraire, Lucius de Tongre(s) rapporte, qu'elle a été fondée par Cambron Roi des Huns, quinze ans avant la nativité (de) Notre-Seigneur JésusCHRIST savoir l'année que (où) la Vierge MARIE naquit, au temps d'Octavien vingt-troisième Roi de Tongre(s), mais ceux qui ont lu les histoires de ce temps)là, de devant (d'avant) et d'en après (d'après) content cela à une fable et vieille ruserie, parce qu'on ne vit pas venir les Huns en corps d'armée, que trois ou quatre cent(s) ans après en la Belgie, laquelle notoirement était déjà subjuguée des Romains, qui l'avaient réduite en leur "dition" et puissance; si que ce que rapporte ledit BEDE touchant cette fondation serait plus croyable, se conformant mieux aux temps, aux histoire, et aux personnes.
Néanmoins des vieux cartulaires qui sont en effets des traditions d'antiquité, la font venir des Sicambriens, Tantères et Isipètes, qui sont maintenant ceux du Lansgraviat (Landgraviat) de Hesse et des duchés de Juliers, Clèves et Gueldre, que conduisait Induciomar Seigneur de Trèves, duquel Ambiorix poursuivi de Jule(s) César, par les forêts d'Ardenne avait demandé assistance et secours , et disent que ceux-ci , étant venus se planter (s'implanter) avec trente-deux mille hommes au lieu où est maintenant située Huy, en auraient fait une place et arsenal d'armes, tant pour leur être commode à recevoir toutes sortes de vivres, et munitions de guerre, par eau et par charroi, que pour empêcher Quintus Tullius Cicéron, frère de l(orateur, de joindre ses troupes à celles de César, et qu'ils s'y retranchèrent en sorte, qu'ils en firent une bonne forteresse, la ceignant de fossés: mais qu'étant Ambiorix et Induciomar défaits et vaincus par César, et le lieu étant abandonné d'eux, les Condrusiens et Hesbignons, peuple voisin y vinrent habiter, le peuplèrent et en firent une colonie des leurs, telle que par succession de temps, elle s'est trouvée cité entière et toute faite, et qu'ils firent ce(la) de la permission de césar, que pour ce qu'ils n'avaient pas voulu se joindre à Ambiorix ni le secourir les avait en grâce, et se les voulait obliger par bienfaits. C'est ainsi que le bon Prince lie ceux qu'il veut avoir à son service, et qu'il enchaîne de ses faveurs les peuples, qui se recréent en la bénignité et distribution de ses grâces, comme la terre asséchée se délecte d'une douce pluie que le ciel lui infond et distille.
Cela n'est pas de médiocre moment à l'avancement de ses affaires, et ne profite pas peu à sa réputation et grandeur: car accroissant le nombre de ses sujets, et se les rendant affectionnés par la bonne police qui les tient en paix,, la diversité d'arts at manufactures s'introduisant dans son état, fait qu'il y a grand cours et trafic, de quoi les richesses y affluent ordinairement, et y arrivent à foison, dont en un besoin il trouve ses affaires bien dressées, pour en l'occasion de quelque juste et nécessaire guerre pour leur conservation avoir à la main des finances pour la fire et la maintenir par le secours de leurs bourses et moyens, que toujours ils lui ouvriront pourvu qu'il les gouverne par bonne justice et police, avec laquelle il gagnera et ouvrira aussi leurs coeurs.
Soit que la fondation de Huy dérive de la concession que César fit à ces Hesbignons, Condrusiens et "si intimes" d'y être incoles (manants) et habitants, soit qu'elle vienne des Druides, nobles Belges, y retirés après leur défaite, ou autrement (comme j'ai dit) c'est une ville de forte ancienne fondation aux marques et indices encore en paraissant, et au rapport des choses y advenues, qui lui ont produit beaucoup de secousses, branles, chutes et accidents.
EVOLUTION de HUY
La rivière de Meuse la divise en deux parties , celle que de ce temps-là la rivière était la plus grande, est aujourd'hui la plus petite et restreinte. Sa déchéance, ruine et décadence première est advenue l'an quatrième de l'empire de NERON, qui est la soixantième de la mort de notre Seigneur JESUS-CHRIST, par un tourbillon violent de feu, volant en grande abondance et étendue de pays, selon que rapporte Tacite au treizième de ses annales, lequel ni par la pluie, ni par les eaux , que l'on tirait de la Meuse, et des puits, en grade quantité, ni par tout autre moyen excogité, on ne pouvait amortir, ni éteindre, cela l'accroissant et nourrissant plutôt, que le diminuant, jusqu'à ce qu'il fallut le battre et combattre, comme les Houillers font les feux Grégeois, dans les fosses, antres et cavernes, où se tire la houille, avec des pierres, gros cailloux, verges, bâtons, fléaux et autres instruments secs, comme ce fut à chasser des bêtes et "seres" furieuses, et enragées, et enfin jeter dessus leurs accoutrements, et haillons, que tant plus étaient usés et desrompus (déchirés), en supprimaient l'avidité , et en brisaient la force, et violence, voici comme il en parle: Civitas in honum (Becano,Phigius, et plusieurs autres tiennent que pour inhonum, il faut lire Huionum, qui semble être notre Huium ou Hoium ne se remarquant en la Belgie autre ville, à laquelle ce mot puisse être mieux appliqué et ressemblant).
S'ensuit une phrase en latin décrivant le terrible incendie dont Mélart parle ci-dessus
Sa seconde déchéance et défaite a été au temps de l'Empereur Valentinien troisième, et "s'origine" des Goths, Ostrogots et Huns, qui conduits par Attila, qui se disait le fléau de Dieu, et qui sortant de la Panonie et Dacie, avec Alamer, Roi desdits Ostrogots, et Ardaric, Roi des Gépides conduisait cinq cent mille combattants avec lesquels il pensait envahir et conquérir l'Empire d'Occident.
