Comté de Huy
Ouvrages consultés
On parle de ce soit-disant éphémère Comté de Huy -(à peine 44 ans d'existence?)- dans beaucoup d'ouvrages et articles. Alain Dierkens nous en raconte l'essentiel dans "Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts" tome XLI/1987 sous le titre "Les Ansfrid et le Comté de Huy au Xe siècle", mais, également, des informations intéressantes dans les mêmes "Annales de Huy", tome XI/1898 par le docteur Tihon qui suppose que les premiers comtes de Huy étaient aussi ses premiers avoués, alors que les premiers avoués de Huy en tant que tels datent du XIe siècle...L'auteur nous en donne la liste jusqu'au XIVe siècle. Nous avons aussi parcouru le chapitre consacré à ce Comté de Huy par F.Gorrissen, continuateur de "Histoire de la Ville et du château de Huy et de ses antiquités avec une chronologie des Comtes" de Laurent Mélart, bourgmestre de Huy/1641...Mais une autre source tout aussi intéressante est également à consulter dans les Annales hutoises de 1881: un long article signé E.W. s'intitule "Histoire de La Ville de Huy et de ses environs depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours" et puise ses renseignements sur le Comté de Huy essentiellement chez Mélart.
Histoire
Dans l'oeuvre citée de F.Gorrissen, nous voyons que cet auteur prête au bourgmestre du XVIIe siècle beaucoup de légèreté dans de hasardeux recours à des légendes et des affirmations sans sources citées. D'après Laurent Mélart, le comté existerait depuis 779 avec à sa tête un mystérieux, légendaire et peu fréquentable "comte Basin", compagnon de Charlemagne. Il publie même une liste complète, chronologique, de tous les comtes jusqu'au dernier, Ansfrid, dont nous parlerons plus loin. L'article des Annales de 1881 précité , nous donne, à partir de la page 156, les précieux renseignements chronologiques qui suivent:
779: la ville de Huy est érigée en comté par Charlemagne qui nomme comme PREMIER COMTE un de ses écuyers BASIN, fils de Harde ou Archide de Valois.
825: le château de Huy est assiégé pendant plusieurs mois par le comte de Looz, Robert d'Esprez, avec l'aide d'un certain chevalier de Charlemagne Ogier le Danois, ( note personnelle: qui est en réalité Ogier l'Ardenois, fils du gardien des Marches d'Ardenne ou Denemarche et non Danemark !). Celui-ci déloge Basin et l'expédie à Paris pour y être mis à mort. Le comté de Huy est donné en apanage à un cousin du vainqueur OGIER d'ESPREZ DE RUELLANT DEUXIEME COMTE DE HUY.
845: lors d'une rencontre près de St-Gilles (Liège) avec le Comte de Paris contre une éventuelle invasion des Danois et des Normands, Ogier est tué ainsi que son fils aîné Roland. Son deuxième fils RADULPHE, ex-chanoine de Maastricht, sera le TROISIEME COMTE. Il mourra après 25 ans de règne.
870: Son fils aîné OGIER sera le QUATRIEME COMTE. Il empêchera les Normands de s'emparer de Huy et se distinguera à la bataille de Waleffe en Hesbaye.
886: décès d'Ogier, son fils GAUFROY lui succède comme CINQUIEME COMTE.
902: A la mort de Gaufroy, c'est son fils JEAN qui est nommé SIXIEME COMTE. Sous son règne, Huy est prise par les Normands en 914 et redélivrée en 920 par l'évêque de Liège et les d'Esprez.
924: Jean d'Esprez meurt et laisse la place de SEPTIEME COMTE à son fils OGIER le Preux dont le frère, Richard d'Esprez, est évêque de Liège.
936: Ogier, se sentant trop vieux, donne le titre de HUITIEME COMTE à son fils aîné GUILLAUME qui meurt sans héritier mâle le 18 février 960.
961: Geyle, la veuve du comte Guillaume, épouse un neveu du roi Edgar d'Angleterre, 'MENGEOLD DE KINGSTON, NEUVIEME COMTE DE HUY, qui laissera le titre en faveur de son fils LIETARD, DIXIEME COMTE.
963: Le tuteur de Liétard, qui est le fils de la comtesse de Huy, est jaloux et il fait noyer son pupille pour prendre sa place comme ONZIEME COMTE sous le nom de 'RICHARD DE LINCOLN. Il est tué à Wanze lors d'une rencontre avec le comte de Moha.
966: Son fils HUE de LINCOLN sera le DOUZIEME COMTE et sera tué par le cousin du comte de Moha à Ciney en 970.
970: Le frère d'Hué prend la place de TREIZIEME COMTE DE HUY.
977: après 7 ans de règne, Guyon est remplacé par un certain SIMON WERMINFENDE dit le Membru, dont on ne précise pas la famille d'origine. Est-il ou non apparenté aux d'Esprez ou aux Lincoln? Toujours est-il qu'il sera bel et bien le QUATORZIEME COMTE.
985: A son décès, la place revient à son fils AUSFREDE (ANSFRID), QUINZIEME et DERNIER COMTE DE HUY qui donnera le comté à l'Eglise de St-Lambert de Liège en juin de la même année.
Note personnelle: en réalité, le (SEIZIEME et) DERNIER COMTE DE HUY fut NOTGER, élu à ce titre en 985, comme successeur d'Ansfrid !
Sur cette peinture du Prince-Evêque à la Cathédrale Saint-Paul de Liège , on peut voir le blason de la Ville de Huy!
.Cette liste comporte un autre personnage que d'aucuns qualifièrent parfois de "légendaire": le fameux saint-Mengold, dont les origines ont été souvent discutées, mais pas, heureusement, l'existence!
Nous nous devons de ne pas rejeter TOUT ce que Laurent Mélart a pris la peine d'écrire ! Nous admettrons donc qu'il y eut probablement DEUX comtés de Huy, un officieux, de 779 à 941, et un officiel, de 941 à 985. De faire ainsi passer la période de vie de ce comté de 44 à 162 ans, Alain Dierkens ne nous en voudra certainement pas...
La ville de Huy a relativement peu souffert des invasions normandes et on la trouve, au début du Xe siècle, en position de force dans le "Comté de Condroz". En l'an 941 (on cite dans plusieurs sources la date de 943 comme étant celle de la première mention de ce comté), l'empereur germanique Otton Ier fonde le Comté de Huy, qui comprend des communes en Hesbaye, Condroz, Famenne et Ardenne. Un comté dans le comté! Fort justement, on a expliqué la naissance du comté de Huy comme résultant d'une « formation artificielle » dans le cadre des réformes administratives consécutives à l'absorption de la Lotharingie par le royaume de Francie orientale (925) et à la mort du duc de Lotharingie, Gislebert, en 939 ((cf L. VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Age, t. II (Bruxelles, 1902), p. 213-221 )). Pour Alain Dierkens, l'Histoire a retenu principalement trois noms parmi les comtes qui se sont, avec certitude, succédés à la tête de ce riche territoire dont le chef-lieu est évidemment la florissante ville de Huy et dont le Palais était situé, selon F.Gorrissen, sur le Hoyoux, rue des Brasseurs, près du Pont du Palais et de la rue Pont Palais..... en 958-959, on cite le comte Er(m)enfrid, avoué de l'abbaye royale de Stavelot. en 975, le comte Folcuin, parent proche de l'abbé de Lobbes. en 985, le comte Ansfrid II (Aufroy), neveu et héritier d'Ansfrid I, avoué de l'abbaye de Gembloux.
C'est surtout celui-ci que les Hutois ont retenu. Militaire, éduqué par le duc de Lotharingie Brunon, archevêque de Cologne, on le voit en Italie de 981 à 985. Il est aussi conseiller et cousin de l'empereur Otton II. Sa fortune lui permet de fonder deux abbayes: celle de Thorn, dans le diocèse de Liège, où il place sa fille Bénédicte, et celle d'Ohorst en Hollande. Veuf de son épouse Hereswinde, il accepte en 995 la charge d'évêque d'Utrecht. Il décède le 3 mai 1010 et est inhumé en l'abbaye de Thorn.
Mais entretemps, en 985, l'empereur Otton III (ou du moins ses conseillers, car il n'est âgé à l'époque que de..5 ans!) fait le don du comté de Huy à Notger et à l'Eglise de Liège et, ce, avec tous les droits réguliers qui n'appartiennent pas encore à cette ville; (depuis 980, Liège avait déjà tonlieu et monnaie hutois). Beaucoup de biens de la Collégiale de Huy appartenaient, eux, à l'Eglise de...Cambrai et aussi la collégiale elle-même, à en croire certaines sources d'époque! [1]. [2]. Notger ne les récupérera qu'en l'an Mil grâce à l'évêque de Cambrai, l'ancien archidiacre liégeois Erluin. ( C'est la raison pour laquelle on voit l'évêque de Cambrai participer aux cérémonies de la Charte de 1066 à Huy).
Références
- ↑ dans une charte datée du 13 avril 874, Macaire et son épouse Gondrade donnent à l'évêque de Cambrai des biens hutois reçus du temps de Lothaire, dont la collégiale elle-même
- ↑ la Collégiale Notre-Dame de Huy était une ancienne abbaye bénédictine transformée entre 880 et 945 en Chapitre de chanoines conservant toutefois son statut abbatial !