Four à bois de Wanzoul
Octave Lavigne est un wanzoulois amoureux de la nature , de la forêt qui entoure sa maison, amoureux de ses animaux qui gambadent, volent, nagent dans sa grande propriété , jardin zoologique mais aussi verger enchanteur , potager exubérant :Octave est notamment fanatique de la culture des tomates dont il détient des dizaines d'espèces.
Mais on sait moins qu'Octave accueille aussi discrètement qu'amicalement deux fois l'an les céramistes de toute la Belgique dans son immense jardin du bout de la rue de Wanzoul , « aux Tidges » , à l'orée du bois donc .Sur la route de Wanzoul , une petite pancarte pâle mentionne bien « Anagama » et montre la direction d'un sentier qui finit par arriver au saint des saints, la maison d'Octave . Anagama, un mot code , le code secret d'une secte ? Mais non c'est le nom d'un four destiné à la cuisson des céramiques . Anagama, c'est un nom d'origine japonaise, c'est le nom d'un type de four . Le four anagama est aussi appelé four baleine du fait de sa forme et de sa longueur importante (pas loin de 10 mètres chez Octave)
C'est une four à bois , un four extraordinaire : il n'y en a que trois en Belgique mais aucun n'est si beau , si bien situé que celui d'Octave . C'est pour lui que la crème des céramistes de Belgique viennent à Wanzoul , dans un endroit féérique.
Le four à bois, implémenté à l'extérieur, permet les cuissons traditionnelles, demande une grande expérience et a un volume plus qu'important. Le four à bois permet une vitrification spécifique : le dépôt des cendres sur les céramiques donne des aspects qui ne peuvent être reproduits dans les autres types de four . A ce niveau , pour varier les plaisirs autant que les types de vitrification , un second four , de taille moins importante mais tout aussi efficace, a été construit dans la propriété d'Octave. Le four à bois imposent des briques lourdes pour la face interne du four.
La cuisson réductrice permet de développer une plus grande palette de couleurs sur les émaux grès et porcelaine comme le bleu de fer, le rouge de cuivre... La cuisson en réduction n'est possible que si des matières carbonées (gaz, bois...) sont présentes dans le four pendant la cuisson pour capter l'oxygène de l'air ; elle est donc difficile à obtenir dans un four électrique.
Octave l'a construit avec son amie Arlette, à deux . Arlette , c'est Arlette Legros , Arlette , c'est une artiste réputée, une céramiste de talent . C'est pour travailler avec elle que les meilleurs céramistes belges viennent aussi à Wanzoul. Arlette a débuté le travail de la terre en 2003, dans l' atelier créatif "li cwerneu".
En 2005 , elle a poursuivi son apprentissage à l'académie de Huy.
Et bientôt , elle construit des fours : son four à gaz en 2006, son four Anagama avec Octave donc en 2009 et son four à bois de type Phoenix en 2011.
Et elle expose ses réalisations : en 2004 déjà , à la biennale de la Céramique, à Andenne puis à Jodoigne, à Ciney , à Huy , à Liège , et bientôt à Tervueren, en France à l'écomusée de Pierre-de-Bresse et à La Borne (2011) et en ...Corée du Sud .
Elle est aussi animatrice des stages aux grandes ruelles à Antheit dans le cadre des ateliers du centre culturel de Wanze. Pour la contacter, pour voir ses réalisations :
arlette.legros@skynet.be 0032(0)477398518
Octave Lavigne et Arlette Legros accueillent deux fois l'an les céramistes de la région. Chacune des séquences de travail dure pas moins de 3 semaines. Durant cette période, Arlette et ses amies entreprennent la cuisson de pas moins de 500 pièces en terre qu'elles ont auparavant moulées ou modelées.
Le premier week-end est consacré à l'enfournement des oeuvres des artistes dans le four. Le second week-end est le moment crucial. Les céramistes se relaient jour et nuit pendant minimum 48 heures : elles allument le feu avec Octave et l'entretiennent dans la bonne humeur pour faire monter la température du four à pas moins de 1300 degrés. Certaines pièces ont été précuites dans un four électrique mais chez Octave, on utilise un four à bois tout à fait spécifique, un four anagama.
Pas moins de 18 céramistes ont fait cuire leurs pièces en avril chez Octave dans le four si spécial de Wanzoul. Parmi elles, citons outre Arlette Legros, Fabienne Bastin, Fabienne Legros, Lily Wijns (de Halle : on vient vraiment de loin pour utiliser le four du no 26 de la rue de Wanzoul), Viviane Marcq, Florence Morelle.
Des spécialistes du Brabant, du Hainaut, amis d'Arlette et d'Octave, sont venus aussi tout spécialement : Nathalie Van De Wouver de Hoeilaart, Alain Losa d'Ecaussinnes, Nadine Pellet de Bruxelles. Carine Wathar, de Braine-le-Château , qui a été de l'expédition en Corée du Sud avec Arlette, est aussi là. L'académie de Marche est également présente avec Bernadette Noirhomme. Tous ont voulu mettre leurs oeuvres à l'épreuve du feu wanzoulois.
Paul Moïse, le céramiste renommé, professeur à l'académie de Huy est de la partie, Joëlle Nizette, son ancienne élève, aussi. Les élèves des ateliers « céramique» du centre culturel de Wanze qu'anime maintenant Arlette sont là aussi. On reconnaît Carine Puffet, Maryline Van Laer, Nicole Belboom, Candice Touret, Joelle Content.
La température amenée à 1300 degrés baisse petit à petit et le troisième we, c'est le moment fatidique. A 14 h, le dimanche, on ouvre le four et c'est la découverte. Le feu, le bois, les cendres ont transformé terre et émaux. La créativité de la nature rejoint et se cumule à celle de l'artiste. Les yeux qui n'ont pas osé regarder les flammes le we précédent s’illuminent maintenant tout seuls. Les céramistes se congratulent. Beaucoup ne voudront pas se séparer de leurs oeuvres, ni les donner, ni les vendre.