LE VITRAIL SAINT ANSFRID DE LA COLLEGIALE DE HUY

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Liste des 15 comtes de Huy par Laurent Mélart/F.Gorrissen

PRELIMINAIRES

- Saint ANSFRID fut le 15e comte de Huy. On parle du soit disant éphémère Comté de Huy -(à peine 44 ans d'existence?)- dans beaucoup d'ouvrages et articles. Alain DIERKENS nous en raconte l'essentiel dans "Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts" tome XLI/1987 sous le titre Les Ansfrid et le Comté de Huy au Xe siècle

- Le Curé-doyen de la collégiale de Huy, H.DEMARET, à qui nous empruntons les descriptions qui vont suivre, est celui-là même qui découvrit en juin 1906 l'escalier et la crypte abandonnée sous la collégiale.

LA VIE DE SAINT ANSFRID

La statue de saint Ansfrid sur le Bassinia à Huy

ANSFRID (T), qui fut le 15me et dernier Comte de Huy *-(appelé aussi AUFLÏOY, en langue romane et aussi AUFROY de WERMINFENDE)- était fils d’un seigneur du nom de LAMBERT; il naquit au commencement du Xe siècle et fut confié, tout jeune encore, pour faire son éducation, à son oncle ROBERT, évêque de Trêves. Admis ensuite à la Cour de l’empereur OTHON-LE-GRAND, il devint un de ses principaux officiers. Il se fit remarquer par sa bravoure à la guerre, par sa prudence dans les conseils, par sa justice dans la magistrature, par sa charité et sa piété dans toute sa conduite. Il fut comblé d’honneurs et de biens par les empereurs. Il avait épousé une noble femme, aussi vertueuse que lui, HILSUINTE, issue des comtes de Franchimont et de Stryen. Ils avaient pour unique enfant une fille du nom de BENOÎTE, qui, en âge de choisir un héritier au comté de Huy, voulut renoncer au monde et se consacrer à Dieu. Le comte et la comtesse de Huy, loin de s'opposer à cette généreuse détermination, firent ériger l’abbaye de Thorn, où leur fille se retira. Hilsuinte dota plus tard, en 902, cette abbaye et s’y fit religieuse également.

 Remarque : en réalité, nous pensons que le véritable dernier comte de Huy fut bel et bien NOTGER, qui reçut – (pour peu de temps, il est vrai)-cette charge en même temps que la charte de donation lui remise par ANSFRID..


DESCRIPTION DU VITRAIL de 1906

 Rappelons que ce furent les époux Dautrebande-de Tru qui eurent la générosité de faire don de ce vitrail à la Collégiale.  C’était l’œuvre de M. Joseph OSTERRATH, de Tilff, en 1906. Elle a coûté près de 6000 frs. 
Le vitrail actuel de saint Ansfrid à la collégiale de Huy. Oeuvre d'OSTERRATH 1906 restaurée en 1960 par ROMAINVILLE
.

Le 1er groupe du vitrail représente Ansfrid, sa femme et leur fille, se rendant en procession avec l’évêque de Liège, Notger, à la bénédiction du nouveau monastère. L’artiste a placé auprès de ce groupe le blason de l’abbaye de Thorn et celui de Franchimont. Avant l’année 980, Ansfrid fit don de son comté à l’Evêché de Liège et l’Empereur ratifia et confirma dans une charte du 9 juin 980, cette cession, faite par Ansfrid, dit ce document, « pour l’amour de Dieu, par vénération pour Notre Dame et Saint Lambert et par amitié pour Notger ».

Le 2e groupe nous montre le comte Ansfrid au moment où, après avoir déposé sur l’autel de la Cathédrale la motte de gazon symbolique, il présente à l’évêque Notger la charte de donation du comté de Huy. Blason du comté de Huy et celui de Liège. Ansfrid ayant autorisé sa femme à se faire religieuse à Thorn, pensait lui-même à entrer en religion, mais Notger avait d’autres vues sur lui.

Le 3e groupe nous fait voir Ansfrid, cédant aux instances de l’empereur, aux sollicitations des évêques du pays, canoniquement élu évêque d’Utrecht, déposant sa glorieuse épée sur l’autel de Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle. Blason d’Aix-la-Chapelle et celui d’Othon III.

Le 4e groupe. Les Normands sont venus nombreux assiéger Utrecht. Mais l’évêque, qui a déjà mis la ville en état de défense et déjoué les ruses des barbares du Nord, veut éviter ou arrêter l’effusion du sang et sauver ses ouailles, et voici qu’au moment où les ennemis vont monter à l’assaut, il se présente à eux à la tête de son clergé et de son peuple et les terribles pillards reculent devant la majesté de l’évêque. Utrecht est sauvé. Blason d’Utrecht et celui du monastère d’Hoghorst où Ansfrid mourut.

Le 5e groupe. Ansfrid, devenu vieux et aveugle, s’est fait moine bénédictin. pour se préparer à la mort, dans le monastère d’Hoghorst fondé par lui et a couronné par une mort de prédestiné une vie bientôt proclamée sainte par la voix populaire. Son triomphe est escorté par une troupe d’anges.

    Note : ce dernier groupe, figurant au centre du couronnement  du vitrail,  a été très réduit par ROMAINVILLE lors de sa restauration en 1970.


DEMARET ajoute que toutes « ces données sont rigoureusement historiques : elles sont appuyées sur de nombreux documents authentiques et proviennent entre autres de deux chroniqueurs contemporains : Adelpert de Metz et Thietmar, évêque de Mersebourg ».

ANSFRID évêque d’UTRECHT ?

Les preuves, toujours selon le curé doyen DEMARET :

i° Sans doute, c’est notre historien hutois, Maurice de Schaltin, moine de Neufmoustier, qui a ajouté de sa main au manuscrit de Gilles d’Orval, dans le texte qu’il cite de Sigebert de Gembloux, ces mots « comes Hoyensium » (comte de Huy), à côté du nom d’Ansfrid, indiqué aussi comme comte de Brabant et devenu évêque d’Utrecht ; mais il est juste de faire remarquer qu’il écrivait deux siècles seulement après les événements et qu’il est reconnu comme un historien sérieux et un excellent critique. Il ne peut avoir ajouté cette note (catégorique et non hypothétique) sans être certain de son exactitude.

2° Un fait confirme notre opinion : d’une part, nous constatons par la charte du 9 juin 985 que notre Ansfrid de Huy donne son comté à Notger « par amitié pour lui », d’autre part, nous voyons Notger professer aussi une amitié très grande pour l’Ansfrid d’Utrecht. « Notger, dit Godefroid KURTH , eût l’occasion de témoigner d’une manière plus éclatante la haute considération qu’il avait pour le comte Ansfrid ; l’évêché d’Utrecht étant devenu vacant en 985, il décida l'empereur Otton III à confier ce siège à SON AMI: »

3° Les historiens modernes et de grande valeur : Daris, Joseph Demarteau, Habets, Eugène Cœmans et d’autres, après avoir compulsé les documents anciens, affirment catégoriquement cette identité.

SOURCES

-DEMARET H. Curé doyen de Huy in La Collégiale N.D. à Huy. Notes et documents -2e partie/1922 pp.16 à 19

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